L’A-Dieu à Armelle…
La semaine dernière, je vivais la cérémonie d’A-Dieu de ma collègue Armelle en l'église St Jean-Baptiste de Belleville pleine à craquer. Mon dernier enterrement remontait à plus de 30 ans, c’était celui de ma grand mère, qui avait griffonné ses dernières mots sur une ardoise : «priez pour que ça aille vite». C’est une chose que d’enterrer une vieille dame libérée de la souffrance par la mort, c’en est une autre que d’accompagner le cercueil d’une jeune femme vibrante arrachée à la vie par la folie des hommes, au nom de Dieu qui plus est. Aucun décès ne m’a jamais autant affecté. La cérémonie était digne, bouleversante et surtout, fidèle à Armelle. Ce n’est pas courant d’entendre les murs d’une église résonner des chansons d’Iggy Pop et de Cindy Lauper. Je suis passée par toutes les émotions, beaucoup de tristesse et de larmes encore, de la colère d’avoir à pleurer une mort qui n’aurait jamais du avoir lieu, de l’impuissance, voire de l’exaspération face aux légendes sur la vie éternelle que le prêtre tentait de nous vendre. Et puis finalement, les messages de tolérance, de compassion, de foi et d’espoir ont pénétré en moi jusqu’à étreindre mon âme. J’ai senti le souffle d’Armelle me traverser. Je suis sortie de l’église apaisée, avec le sentiment d’avoir partagé un moment de communion rare et d’avoir en effet reçu d’Armelle le « don de l’eau vive ». Je la connais à présent mieux que je ne l’aurais jamais connue de son vivant, où un changement de job aurait suffit à me la faire oublier. Mes pensées continuent à l’accompagner, alors même qu’elle n’est plus là. Quel paradoxe ! Nous n’étions pas amies, ni même copines et pourtant, elle m’a transformé comme personne et elle restera vivante en moi à jamais.