David Bowie, classe jusqu'au bout...

Publié le par Juliette

David Bowie, classe jusqu'au bout...

Certaines personnalités font tellement partie de notre vie que l’annonce de leur mort nous fait un choc. Le sentiment de perte et de manque est immédiat, partagé par toute une nation, toute une génération. Et l’image de cet instant se fige dans notre mémoire à jamais. Je me vois encore dans la cuisine le jour où ma mère m’annonçait la mort de Coluche, dans le magasin de souvenir où j’apprenais par la radio le décès de Daniel Balavoine, à la terrasse de cette brasserie allemande où j’aperçu par hasard ce tout petit encart en dernière page du journal annonçant le suicide de Patrick Deweare…

Ce matin, j’ai vécu un de ces instants en ouvrant mes mails et en apprenant, juste avant ma réunion, le décès de David Bowie. Heureusement que j’étais en avance et seule dans mon bureau, car je me suis mise à pleurer comme une madeleine. Ce qui ne m’étais jamais arrivé pour une célébrité. J’avais l’impression qu’une partie de ma vie était partie avec lui. David Bowie est le seul artiste dont j’ai été groupie, dont j’ai collectionné les albums, les livres, les articles, dont je ne ratais pas une intervention, pas un concert… Il est intimement lié à mon moi émergeant, à la jeune fille que j’étais, qui lutait pour accepter et faire accepter sa différence. J’aimais sa musique, mais elle restait finalement accessoire par rapport au personnage. C’est son intelligence créative et culottée qui me fascinait par dessus tout. Dans un monde frileux, fait de conventions et de diktats, il s’évertuait à sortir du cadre, à tenter des choses, empruntant ici, transformant là. Il osait tout, en particulier mélanger l’art et le marketing ! Avide de reconnaissance très certainement, mais changeant de direction à chaque fois qu’elle lui était acquise. Même si je ne le suivais plus dans ses directions musicales depuis longtemps déjà, il n’a jamais cessé d’être une source d’inspiration. Comme une prothèse qui continue à me faire avancer même si je ne la sens plus.

David Bowie a vécu plusieurs vies en une et sans doute est-il normal, qu’à un moment donné, il les ait consommées toutes, consumées par les deux bouts. Sa mort me choque et m’attriste, elle n'en possède pas moins le parfum de perfection d’une œuvre d’art. David Bowie sera mort trois jours après la sortie de son album et l’anniversaire de ses 69 ans, classe jusqu’au bout !

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Publié dans L'Echappée belle

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