Ma minute melon et chevilles qui enflent…
La vie est faite de petits plaisirs qui nous consolent des grandes tragédies. La fin d’année m’a ainsi réservé quelques satisfactions qui ont contribué à restaurer mon égo après des semaines de doute et de désespérance. J’ai eu le plaisir de voir mon nom sur le ticket de caisse d’une amie au supermarché, alors même que – pour la première fois depuis dix ans – je n’ai plus aucun projet d’édition à l’horizon. J’ai joui de voir l’universitaire qui m’a snobée me supplier à genoux de reprendre mes cours (comme je l’ai raconté ici). Et enfin, j’ai vécu un kiff absolu en devenant le personnage central d’un sketch comique. Que je vous raconte…
Lors de notre dernier cours de One-Man-Show, chacun est passé sur scène en imitant l’un d’entre nous. Dès que Baptiste a commencé, j’ai su qu’il m’avait choisi. Il avait d’emblée tout juste : mon accent, ma posture, ma manière d’être et de m’exprimer. Il a surtout transformé mes affres de créateur de sketch en matériel comique. Ses phrases n'était pas les miennes mais elles auraient (presque) pu tant elles reflétaient bien, en forçant le trait comme l'exige la comédie, mes tendances psycho-rigides, mes conflits de fidélité et mes petites susceptibilités.
Habituellement, ce genre de caricature – surtout quand elle est réussie – fait rire jaune ! Ce n’est pas évident de voir ainsi reflété et amplifié ses tics et ses travers. Mais moi, je me suis bidonnée. Le portrait n'était pas flatteur, mais il était vrai. J’ai aimé ce que j’ai vu. Cette façon transparente, voire outrancière, d’exprimer ses émotions, cette intégrité qui frise parfois l’intégrisme, cette énergie envahissante, cette volonté laborieuse de bien faire, cette impudeur en se jetant dans l’arène … Tout ça, c’est moi ! Et j'aime ce que je suis, jusque dans mes excès. Ce sont ces défauts qui me rendent attachante à certains et insupportables à d’autres. Ce sketch m'a permis de lâcher prise, après des semaines de questionnement : Ais-je raison d'être comme je suis ? Est-ce que je me coupe pas de certaines personnes en refusant le jeu de la diplomatie, du savoir-vivre, des bonnes manières et de la sociabilisation de surface ? Mais, finalement, cette façon d'être fait partie de qui je suis. C’est aussi ce qui fait ma différence, qui fonde mon authenticité.
Et puis j’étais fière d'être assez remarquable pour inspirer un sketch. Car Baptiste a fait bien plus que de m’imiter, il a créé un personnage en m’incarnant, il a fait de moi un archétype. Pour moi, c’est une reconnaissance, comme d’avoir sa marionnette au Guignol. Alors merci Baptiste de m’avoir tant fait rire, de m’avoir aidé à faire la paix avec moi-même et de m’avoir offert une telle consécration.