Ô rage, Ô désespoir, ais-je raté ma vocation ?
C’est fou comme dans ma vie, quoi que je fasse, je me retrouve régulièrement plongée dans un bain de développement personnel, avec un gourou en maître nageur, caché sous des oripeaux de chef d’entreprise, d’enseignant ou de coach. J’expérimente finalement auprès d’eux à la fois autre chose et bien plus que ce que j’étais venue chercher. Loin de moi l’idée de m’en plaindre, je les vois comme des anges que la vie met sur mon chemin, malgré moi, pour m’aider à avancer. Damien Acoca, qui jouit d’une telle réputation que je me suis inscrite à son stage les yeux fermés, fait clairement partie de ces anges. Du genre bienveillants, mais incisif. Il t’ouvre comme une huitre, puis te regarde palpiter, avant de t’avaler toute crue.
Forcément, une fois digérée à la sauce Dacoca, je n'étais plus vraiment la même. Il m’a permis d’exprimer la sensibilité et la douceur, voire la délicatesse, cachée sous mon armure et mes manières abruptes. Il ma fait réaliser que c’est au niveau de la tendresse que réside ma véritable pudeur, ma vulnérabilité et ma personnalité la plus touchante. C’est fort, certes, mais je n’étais pas venue pour ça. J’étais venue acquérir les bases du jeu d'acteur, pour combler mes lacunes en One-Woman-Show. Car c’est bien joli d’être une nature, d’avoir de l’énergie et de la présence, mais c’est de la subtilité et des nuances que naît le supplément d’efficacité. Et j’ai bien vu que ceux qui ont des années de théâtre derrière eux (classique, comique ou improvisé) y arrivaient mieux que moi.
Et voilà que Damien Acoca me laisse supposer que j’aurais déjà ces ressources en moi. Je veux bien admettre que j’ai certains atouts, une puissance avec un côté no limit qui prête au lâcher prise, une authenticité qui s’exprime d’autant mieux qu’elle n’est pas formatée. Je veux bien admettre également que, me concernant, less is more, mais je n’arrive pas à croire qu’il suffit que je retienne la bride pour jouer juste, que j’ai été « bouleversante »… sans dire un seul mot !!! Non mais allo, quoi ! Moi c’est Sandner, pas Deneuve ! Si j’avais un tel talent, ça se saurait. Et y’aurait pas que le prof qui me le dirait, toute l’audience aurait été bouleversifiée, non ?
Face au mystérieux dithyrambe de mon coach, mes hommes ont émis deux hypothèse, 1) soit il se moque de moi (mais ce n’est pas son genre), 2) soit il me drague (mais je ne suis pas son genre). M’a-t-il préservée sachant que je ne suis pas comédienne de profession, histoire d’encourager ma confiance en moi ? Ou serais-je en train de me fourvoyer dans la comédie alors que j'aurais intérêt à m'essayer à la tragédie ? Finalement, je suis sortie de ce stage avec plus de questions que de réponses, mais je continue à mener l’enquête ! Je l’aurais, un jour, et je saurais si tout ça, c’est de l’art ou du cochon ?