A la recherche de la nouvelle star (du One)
Voici venu le temps de l’évaluation, après deux ans de formation dans la sueur et les pleurs à l’Ecole du One Man Show. J’ai donc passé samedi un double casting, d’une part pour jouer dans une salle plus grande (en passant des 40 places du Bout aux 180 place de la Comédie de Paris) et d’autre part pour intégrer la troupe du Big Show, le Graal de tout étudiant puisqu’il nous permet de jouer régulièrement nos textes. Sans être payé, bien sûr, soit un rapport rendement/investissement personnel que mon entourage ne peut comprendre. Le jeu est probablement la forme d’art la moins « rentable ». Pouvoir jouer sans que ça te coûte est déjà une forme de gratification.
Ce casting était ma première confrontation à la réalité : J’allais passer de l’avis d’un prof obligé de par sa fonction à m’encourager en cherchant le meilleur en moi, à l’avis d’un jury sans état d’âme façon Nouvelle Star. Et franchement, je ne savais pas à quoi m’en tenir. Je n’ai jamais senti mes profs très « fan » de moi, je les voyais réagir à des univers plus trash, plus modernes, plus sophistiqués. D’ailleurs, peu avant le casting j’ai rêvé qu’ils me coupaient dès les répétitions pour me dire "ça ne va pas, tu manques de naturel, tu n'arriveras à rien ici... tu ne veux pas plutôt aller prendre des cours ailleurs ?"
Je savais cependant que j’avais certains atouts : La présence, l’authenticité, le lâcher prise. Et quand, au casting, le patron de l’école nous a annoncé que le volume et l’énergie seraient déterminants pour être sélectionné à la Comédie de Paris, je me suis dis que si je n’étais pas prise là, je n’avais plus qu’à partir en Ardèche élever des chèvres – seul public auquel je pourrais aspirer. Pour le Big Show, c’était une autre affaire. Pour être sélectionné, il fallait livrer une prestation de niveau professionnel, que je ne pensais pas avoir. Ok, j’ai ciselé mes textes et mon jeu, mais est-ce suffisant ? Serais-je juste ? Aurais-je assez de nuances ? Arriverais-je à cette fameuse fluidité qui masque les coutures ?
Je suis passée, j’ai fais de mon mieux et j’ai rejoins le groupe en attendant le verdict. Les délibérations n’en finissaient pas (nous supposions le jury comme dans la Nouvelle Star se battre et redistribuer les photos – imaginaires en l’occurrence). Enfin, nous sommes revenus dans la salle pour entendre, tout d'abord, les noms des 4 personnes sélectionnées pour le Big Show :
- Omar (normal... c’est un génie)
- Nabil (woaw… trop contente pour lui)
- Catherine…. après j’ai plus rien entendu. J’ai sauté de joie, j'ai couru dans tous les sens, j'ai crié, crié « Ah ouaiiis, je suis trop contente »… si bien que j’ai failli être disqualifiée aussi sec. Je n’arrivais plus à me contenir. Même quand je me suis rassie et tue, je continuais à bouillir, retenant avec peine la lave de joie qui cherchait l’éruption.
Evidemment, ce casting ne changera pas la face du monde ni même celle de ma vie, mais c’est une formidable reconnaissance du travail accompli et de qui je suis, en tant qu’interprète, auteur et personnage. Maintenant, je vais pouvoir sortir de l’insécurité chronique pour me prendre enfin au sérieux. Hier matin, j’ai même senti mes chevilles sensiblement enfler et quand, dans la journée, quelqu’un m’a demandé ce que je faisais dans la vie, je lui ai carrément répondu : humoriste !