L'art de saboter ses propres vannes…

Publié le par Juliette

Mercredi, c’était la rentrée au cours tremplin de l’Ecole du One-Man-Show : nouveau prof, nouveau groupe, un bain de bienveillance et de générosité parfumé à l’adrénaline. A nouveau, je vais passer mes semaines à attendre le mercredi soir. A nouveau je vais suer, ramer, trimer, trébucher, tomber 6 fois et me relever 7. J’ai beau en être à ma troisième année et faire partie du Big Show, je suis toujours une galérienne du One qui tombe dans toutes les ornières (trop descriptif, trop littéraire, trop long….). Du coup, j’ai eu droit à deux types de réactions face à mon sketch « Alsacienne ! » : Les nouveaux découvraient mon univers et malgré les défauts ont voulu connaître mon histoire, ont ri à mes travers, ont admiré ma « puissance » sur scène. Les anciens se sont montrés plus circonspects, voire exaspérés, comme face à un enfant qu’on sait capable mais qui refait toujours les mêmes bêtises. En particulier, celle de saboter ses vannes en les annonçant. Non seulement je les annonce, mais j'insiste et les souligne, jusqu'à en essorer la dernière goutte d'essence comique. Comme dans cet extrait, véritable florilège des erreurs à ne pas faire :  

 

« En plus de l’accent, y’a une autre particularité qui rend les Alsaciennes inaptes au speed dating, c’est le volume. En Alsace, on parle pas, on hurle (…) J’ouvrais la bouche et je perdais direct 40 points sur l’échelle du sex-appeal. Un jour, j’avais un rencard avec un mec de Meetic (…) au milieu du dîner, il va aux chiottes … Il est jamais revenu »

 

A l’écrit, ça pourrait être amusant mais en sketch, je gaspille mes bonnes idées. J’explique inutilement, j’annonce mes vannes (à trois reprises, quand même !) et je décris au lieu de jouer : le triplé perdant. Du coup, voici la nouvelle version que je compte présenter mercredi prochain :

 

« Chez nous en Alsace, y’a une autre particularité, c’est qu’on ne parle pas, on huuurle (…) Un jour, j’avais un rencard avec un mec de Meetic… (…) il me dit, erreur de débutant « Alors Catoch, raconte-moi, tu fais quoi dans la vie ? » (jouer le mec choqué au point de partir aux toilettes et de ne jamais en revenir)

 

Et pour voir tout ça dans un sketch abouti, rendez-vous au printemps 2018 !

 

Le lendemain : Je me sens comme le petit bonhomme Cetelem de la Pub "bon ben, ça pas marché". Finalement la première version a mieux fonctionné, comme quoi tu crois avoir appris quelque chose et en fait non. Je me sens comme une éternelle débutante, brave et pathétique. Un peu bas du plafond quoi, face à des étudiants brillants, qui semblent tout comprendre, sentir et intégrer mieux que moi. Et me voilà à nouveau dans le creux de la vague, abattue par l'aquabonisme, le boulard en berne. J'ai beau avoir écrit des livres, fait de la télé, j'ai l'impression de me frotter pour la première fois à la vie d'artiste et à ses affres, alors que j'excelle dans mon job sans l'ombre d'un doute. C'est là que se situe l'enjeu de mon lâcher prise : Accepter le doute et l'incertitude inhérents à la création artistique. 

Publié dans Mon One-Man-Show

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