L'Oeil de la Ménagère : Du bon usage de la routine

Publié le par Juliette

Routine1.jpgDans le cadre de la promotion de mes Courges, je me suis trouvée embarquée dans plusieurs débats télévisuels avec des psychotérapeutes, des vrais de vrais, des pros estampillés, labellisés, d’origine contrôlée, face auxquels mes convictions, fondées sur l’intuition, l’observation et ma modeste expérience me semblent avoir peu de poids. Quand, du haut de son expertise et de ses "dizaines de patients reçus en thérapie", un de ces grands chefs à plume balance ses certitudes comme des vérités premières, j’ai tendance à lâcher l’affaire. En effet, quelle légitimité pourrais-je bien avoir pour remettre en cause leur savoir ? Et pourtant, je garde un goût d’inachevé et je finis par me demander si ces psys, enfermés dans leur chapelle face aux psychoses qu’ils confrontent, ne passent pas à côté de la réalité quotidienne de la plupart des « vrais gens ».
Dernier exemple en date :
la routine, exposée dans un débat comme l’arme de destruction massive des couples modernes, la mouche tsé-tsé du rapport amoureux. Et de citer moult exemples de femmes qui ont sauvé leur couple en apprenant à entretenir la flamme… car c’est un fait entendu qu’il ne faut pas compter sur le descendant de cro-magnon qui partage notre vie et tend à tourner légume dès qu’il franchit le pas de la porte au point que Darwin s’en tirerait les cheveux dans sa tombe s’il lui en restait. C’est donc à nous de sortir le grand jeu, de cueillir notre compagnon en apparat de femme fatale le soir venu, de nous transformer en GO de la vie domestique renouvelant son programme tous les soirs, d’être toutes les femmes en une, de renoncer au tee-shirt/jogging, aux cheveux attachés à la va-vite, aux surgelés, à la petit pause digestion vautrée sur le canapé… Eh, oh, non mais quoi encore, on redescend sur terre ! Si je dois « sauver mon couple » au prix de cette aliénation, non merci ! Quelle femme a suffisamment de motivation, de talent et de créativité pour chaque jour, encore et toujours, lutter contre la routine ? Qui a encore assez d’envie et d’énergie pour faire plus que l’indispensable lolo/dodo en rentrant d’une journée de bureau ? Sommes-nous donc toutes en train de mettre notre couple en péril ? Et si nous avons choisi de vivre en couple ou de fonder une famille, n’est ce pas aussi pour le plaisir de se retrouver tous les jours, de partager les petits gestes du quotidien, de compter les uns sur les autres, de se connaître, de se deviner, de se compléter ? Plutôt que de mobiliser toute son énergie à révolutionner le quotidien, il me semble plus efficace de transformer la routine un alliéeet d’injecter juste ce qu’il faut, juste ce qu’on peut, de rupture, de surprise, de nouveauté pour garder le couple en éveil. Il suffit parfois de bousculer quelques habitudes même des plus banales : changer de côté dans le lit, s’y glisser nu en abandonnant le confortable pyjama en flanelle, se réveiller un peu plus tôt et papoter en buvant son café dans le lit… On peut aussi instaurer des rituels
qui sont comme des routines positives : un temps pour que chacun partage le fait le plus positif de sa journée, une petite histoire racontée avant de se coucher, un jeu de la vérité ou autre test débile avec son amoureux sous la couette… 
Routine2.jpgEt quand on en peut plus ou quand ça ne suffit plus, c’est qu’il est temps de sortir
le grand pulvérisateur de routine : l’escapade ! Que ce soit pour des vacances, un week-end ou juste une nuit, rien de plus efficace que de laisser derrière soi maison, enfants, télé, ordinateur, téléphone, veaux, vaches et pot au lait pour tout oublier dans n’importe quel ailleurs. Il m’est même déjà arrivé de louer un hôtel à Paris, juste pour une nuit, en plein dans la semaine… et c’est par cher payé pour se retrouver amoureux comme au premier jour de celui qui redevient l’homme de notre vie et non plus le préposé à la sortie des poubelles, au lavage de la voiture ou au paiement des factures. C’est un moyen de se ressourcer, de retrouver le désir, la complicité, la profondeur du sentiment, d’installer un climat favorable à l’échange et la communication, qui fondent à mon sens le vrai ciment du couple. Ces escapades sont comme un contrat de maintenance, un moyen de contrôler la santé du couple, une cure de vitamines pour le consolider… D’ailleurs, elles devraient être remboursées par la sécurité sociale, vous ne trouvez pas ?

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C
J'ai du bol avec ma psy : elle n'a rien contre la routine qui intervient fatalement dans notre vie dans tous ses cadres... Et il y a des routines positives dans la vie de couple comme au boulot ou autres...Et je suis bien d'accord avec toi : pourquoi toujours aux femmes de la casser cette routine ???Quant à l'escapade remboursée sécu, je vote pour (trop tard, les élections sont passées)
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L
Nous sommes d'accord !Et à quand un article sur le rapport au Savoir ? Peut-on être légitime à porter sa parole dans un espace (privé ou public) en l'absence d'un savoir académique ?
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J
Avant tout, une mise au point s'impose : je n'ai rien contre les psy (j'estime - par expérience - qu'il y en a des bons et des moins bons dans chaque catégorie et je remercie Dieu d'avoir mis sur mon chemin des pros du développement personnel et spirituel, auxquels je dois beaucoup mon équilibre - et qui pour la plupart étaient atypiques et touche-à-tout), même si je me méfie de ceux qui se laissent enfermer dans une chappelle. Parfois certaines techniques de type PNL dans le cadre d'une thérapie brève (ou même juste d'un nettoyage de cerveau) peuvent suffire, d'autres fois une vraie psychanalyse s'impose, et parfois l'intuition, l'expérience, quelques connaissances de base en communication et psychologie humaine suffisent à donner un coup de pouce à une personne en détresse. Et sans doute, le fait que je me laisse facilement désarçonner par un interlocuteur fort de ses "dizaine de patients reçus en thérapie" est plutôt le signe de ma propre insécurité. Il faudrait que j'ai le culot d'avoir la même assurance en usant de mes propres arguments. Et pour revenir à la routine, vous en avez tous merveilleusement parlé, je retiendrais pour résumer : la routine oui, le laisser aller non et de la surprise quand c'est posssible et qu'il nous reste de l'énergie.
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L
Pour moi, la routine est comme une sorte de cocon protecteur à l'intérieur duquel je peux créer. J'apprécie ces moments ordinaires, parce que je fais l'effort de reconnaître leur(s) qualité(s). Je ne les vis pas comme un dû, mais comme un cadeau renouvellé. La routine est donc bien différente pour moi de l'ennui (de soi, de l'autre, du nous).Ce que je redoute par contre, c'est le laisser-aller, le manque de respect. Mais là-dessus, tout a été dit !PS : se méfier des psy "experts" (caution ?!)  dans le cadre d'une émission de télé, dont l'objectif est de fournir des recettes express pour faire de l'audience ! Dans la vraie vie, ils ne sont pas comme ça...
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M
Pour rebondir à propos des psys, je dirais qu'i y a différentes sortes de psys (au moins 3) :- les psychologues sont des gens qui ont fait au moins 5 années d'études universitaires post bac (titulaires d'un DESS ou d'un DEA, aujourd'hui d'un master), qui sont tenus par un code de déontologie et qu'on ne voit quasiment jamais sur les plateaux télé- les psychothérapeutes qui sont en cours de reconnaissance (??) mais dont la formation n'est pas institutionnalisée (par l'état)- les psychanalystes qui sont des personnes, qui même si par ailleurs elles ont fait de longues études (ce qui n'est pas toujours le cas) peuvent exercer le métier à partir du moment où elles ont elles-même suivi une analyse, et c'est tout ce qu'on leur demande - au minimum >> à peu près tout le monde peut se targuer d'être psychanalyste et mettre une plaque sur sa porte. Et même s'il y a parmis les psychanalystes des gens très sérieux, il y a aussi beaucoup de gogos ...Je pense que cette précision était importante...euh, vous avez sans doute compris que je faisais partie de la première catégorie ... ;-)))
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