L’homme et la cuisine (part II), le Chef au foyer, contre-exemple ou exception qui confirme la règle ?
Le Chef-au-foyer méritant honneur et louanges, je dédie ce post à sa gloire. J’ai découvert ce spécimen à travers un livre, « Un homme dans sa cuisine » de Julian Barnes, désopilant récit de l’épopée d’un « obsessionnel anxieux » dans l’univers ménager, à la conquête de nouveaux territoires culinaires et confrontés aux multiples obstacles dressés sur son chemin pour contrer son ambitieuse entreprise (recettes imprécises, indications abscons, abordages hasardeux…). J’ai retrouvé la même démarche obsessionnelle chez Dorian, auteur du blog « Mais pourquoi je vous raconte tout ça », qui, de sa plume virevoltante, nous livre ses recettes, accompagnées d’illustrations alléchantes, emballées dans un récit plein d’humour, de sensibilité, un brin décalé, avec un style bien à lui qui en fait plus qu’un blogueur : un auteur ! En amuse-bouche, je vous invite à lire sa complainte de l’homme au foyer et son auto-portrait du mâle en cuisine… où il retrouve heureusement quelques traits de ses congénères. N’empêche, un homme qui considère « ménager de moins de 50 ans qui passe la plupart de son temps à la maison » comme l’activité la plus proche du nirvana me semblait plus relever de l’alien que de rentrer dans une banale catégorie d’hommes cuisiniers… Jusqu’à ce que je me rende compte à travers vos commentaires suite au premier chapitre du présent billet « L’homme et la cuisine, plutôt artiste, macho, empoté ou pragmatique ? » que, finalement, ces appétissants princes charmants ne sont pas si exceptionnels que ça.
Il existe bien d’autres femmes qui ont ainsi tiré le gros lot, avec un compagnon qui « fait les courses, le ménage, la cuisine… mitonne petits plats, en sauce ou vapeur, invente, fait les confitures et les conserves... » laissant d'autant plus de temps à sa moitié pour se consacrer à ses Quilt Créations, un beau-père qui « sait s'occuper aussi bien de la stérilisation des cèpes qu'il est allé chercher lui-même que de la daube cuisinée avec le beau morceau de viande offert par son copain chasseur, qui cultive et cuisine les légumes du jardin et est le roi de la côte de bœuf » en attendant que sa belle-fille écrème Vienne pour trouver un homme du même acabit…
Le Chef-au-foyer est donc bel et bien une catégorie à part, correspondant globalement au descriptif suivant : Il s’occupe majoritairement de la cuisine, pour la simple, seule et suffisante raison, qu’il aime ça ! Comme il est plutôt doué et que sa femme n’est pas chienne, il obtient la reconnaissance qui lui donne envie de faire encore plus, encore mieux ! On pourrait croire que ces hommes sont tombés dans la marmite quand ils étaient petits, même pas ! Dans la famille Barnes, « jamais un homme ne se serait risqué devant un fourneau », quant à la maman de Dorian, « elle ne cuisinait pas, elle nous nourrissait sans cuisiner, elle cuisait ! ». C’est souvent quand l’homme se retrouve contraint et forcé de se mettre lui-même à la tambouille, que le virus le prend. La cuisine devient à la fois son job, son péché mignon, son pré carré, sa façon de contribuer à l’harmonie domestique, laquelle harmonie n’est conservée que si Madame s’abstient d’ajouter son grain de sel, voire de pénétrer l’antre assiégé.
Bien loin de l’objectif primaire de nourrir la famille, il agit en pro, lit tous les livres, perfectionne son art … La passion de Monsieur peut même tourner à l’addiction comme les jeux vidéo, les bagnoles, le foot ou le zapping télé pour d’autres, mais là au moins, on en profite aussi ! Alors, la question qui brûle les lèvres des lectrices célibataires c’est bien sûr : Où diantre trouver ces perles rares ? Facile… là où les autres catégories évitent de mettre les pieds : au marché, dans les stages culinaires, devant de rayon cuisine de la Fnac, à couver amoureusement des tomates ou à choisir un moule à muffins au BHV. A vos marques et cabas, bonne chasse et… tenez moi au courant !