Faire de la télé, un job de rêve mais rarement un job d’avenir (rediffusion)
Quand j’ai l’occasion de dire aux gens que j’ai fais de la télé, comme ça, en passant, ils me prennent d’abord pour une grosse mytho.
C’est vrai que j’ai plutôt le profil Madame- tout-le-Monde que Blonde-à-poitrine, avec un côté résolument brut de fonderie et moulin à parole peu compatible avec l’image qu’on se fait d’une chroniqueuse télé. Parfois, certains fidèles des émissions
de Christine Bravo me reconnaissent soudain et c’est plutôt drôle de voir leurs yeux s’écarquiller et leur cerveau se mettre en branle pour trouver l’adéquation entre mon visage et celui de mon clone télévisuel gardé en souvenir… Un peu comme dans "Les Experts" quand ils mettent la photo d’un suspect dans leur ordinateur et que leur méga base de donnée mouline à toute allure pour chercher une équivalence ! D’autres pensaient bien m’avoir déjà vu quelque part mais où ? Ils me voyaient certainement plus volontiers charcutière, parent d’élève, copine de copine que représentante du PAF. Une fois convaincus, deux questions fusent généralement (juste après « Alooors, elle est comment Christine Bravo ? ») :
1. Comment t’as réussi à faire de la télé ?
C’est vrai que, de prime abord, ça peut sembler limite miraculeux. Je n’ai rien d’une bimbo et, à 37 ans, j’avais bien 15 ans de retard par rapport aux standards du milieu ! Je n’avais aucune relation, aucune expérience (sinon celle d’une pro de la communication et du marketing, ce qui s’avère utile en toute circonstance) mais l’occasion a fait le larron : Chroniqueuse pour représenter l’Alsace dans une émission de Christine Bravo, c’était l’opportunité de ma vie, le job fait pour moi, je n’avais aucun doute et ma motivation était sans faille… même si j’ai pris 3 ans pour les convaincre, en n’hésitant pas à rentrer par la fenêtre quand on me fermait la porte. Le résultat en valait la peine : J’ai passé une année de folie à naviguer entre enfer et paradis, à me forger un capital, à apprendre le métier à l’école Bravo, une des plus réputée qui soit. J’ai même terminé dans le noyau dur des 6 chroniqueurs récurrents dont tous avaient plus d’expérience et de légitimité que moi. Une chose en entraînant une autre, j’ai écris dans la foulée mon premier roman « Juliette fait de la télé » (paru chez Stock et narrant tous les détails de mon aventure tragi-comique, pour ceux qui veulent en savoir plus !)…
et me suis grillée au passage auprès de bon nombre de professionnels de la profession. Voilà qui n’arrange pas les affaires de qui cherche à se recycler.
Mais que voulez-vous, mon seul plan de carrière, c’est de faire ce qui me plaît… quitte à parfois me tirer une balle dans le pied !
2. Pourquoi t’as arrêté de faire de la télé ?
Sachez d'abord que ce n’est généralement pas vous qui arrêtez la télé, mais la télé qui vous arrête... et quand la télé n'est pas toute votre vie, que vous ne savez pas vous imposer auprès des gens influents, ni être présents partout où il faut, ni cultiver la langue de bois du "tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil" (et qu'en plus vous n'en avez nulle envie), vous trimballez un sérieux handicap, dans un milieu assailli par les aspirants prêts à tuer père et mère pour rentrer dans la petite lucarne. Une année de télé, c’est comme avoir le bac, ça aide mais c’est loin d’être suffisant, vous êtes vite oubliés et vous retrouvez noyés dans la masse de centaines de chroniqueurs restés sur le carreau après l’arrêt d’une émission. Avec tous la même envie d’y revenir, tant toute autre activité paraît fade après. On se gausse souvent des has-been, mais nous autre almost-been en menons encore moins large ! C’est un fait, la télé, c’est tout sauf un job d’avenir ! Plutôt que d’attendre à côté du téléphone (au risque de se retrouver dans un Loft ou une Ferme quelconques) mieux vaut continuer à faire autre chose, à vivre sa vie, à échafauder des projets, à tisser sa toile, à entretenir sa vitrine sur le net et ailleurs, à profiter de chaque opportunité et à multiplier les rencontres. Selon la loi des 6 degrés de séparations, il y aura toujours une personne, qui connaît une personne, qui connaît une personne… qui peut-être, justement, cherche quelqu'un comme vous. On n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise et qui sait si un jour, on ne sera pas à nouveau le bon candidat, pour le bon projet, au bon moment ?