Changer de vie, mais à quelles conditions ?

Publié le par Juliette

catherine-collage-communication.jpgDe nos jours, on est revenu de tout : de mai 68, du plein emploi, du capitalisme et du carriérisme forcené, de la sécurité des débouchés, des jobs à vie… Alors, comme plus rien n’est sûr, autant faire ce dont on a vraiment envie. Les commerciaux troquent les artifices du vendeur pour ceux du saltimbanque, tel consultant international plaque tout pour devenir moine bouddhiste, des parigots débarquent par familles entière en province pour se lancer dans les chambres d’hôtes, les stages équestres ou les massages new age. Les Retete et Internet passant par là, les mentalités tendent à suivre et les aspirations individuelles commencent à être acceptées, voire intégrées par la société et les entreprises. Comme le dit la pub, on admet à présent qu’on a "plusieurs vies dans une vie".
Mais changer de vie ne s’improvise pas, comme l’a encore confirmé le dernier opus de « Zone Interdite » consacré à ces aventuriers qui ont tout plaqué pour ouvrir une maison d’hôtes.Le constat était flagrant, pas de réussite possible sans maîtriser les trois nerfs de la guerre : la préparation, le financement et la motivation, gainés par un ensemble de qualités et de compétences que je qualifierai « d’esprit d’entreprise ». Changer de vie par dépit, sur un coup de tête, en essayant ailleurs quand on a échoué ici, ne fait que déplacer voire amplifier le problème, à l’image de cette famille qui en l'espace d'une demi-saison se retrouve obligée de renoncer à son rêve, ruinée.
panneauxGPS.jpg Changer de vie doit être un choix réfléchi, mûri, planifié et validé
, il exige de la stratégie, du sens commercial, une vraie capacité de gestion et une vision à long terme. Bref, pour réussir un changement de vie, il faut déjà avoir réussi dans l’autre vie, accumuler d’une part des compétences professionnelles sur lesquelles capitaliser et d’autre part, des économies ou des moyens financiers suffisants pour palier aux coups durs et aux imprévus qui ont l’étrange faculté de se multiplier comme des cafards quand on décide de balancer sa vie routinière. Il faut donc tout planifier, y compris l’imprévisible, en s’y prenant souvent plusieurs années à l’avance et en intégrant une solution de repli, un plan B, des alternatives (séparer temporairement la famille, cumuler deux jobs, reprendre une activité purement alimentaire, s’associer…) permettant de poursuivre l’aventure même si la réussite est lente à venir. Changer de vie est une sorte de traumatisme assumé, qui prend du temps, coûte cher, exige des sacrifices, provoque des résistances, bouffe une énergie monstrueuse… un peu comme remonter un fleuve sauvage à contre-courant ! Pas étonnant qu’on puisse en arriver parfois à préférer rester au stade du rêve, bien plus gratifiant, que de se lancer dans une aventure à l’issue hypothétique et parfois cauchemardesque.
Politiques.jpgMoi-même, j’ai bien tenté un éphémère changement de vie
en partant vivre en Turquie… pour en revenir trois mois plus tard. Je continue à être titillée par la syndrome « j’aurais voulu être un artiste », j’ai même réussi à le devenir un peu, à la faveur de quelques projets précaires, mais hélas je tiens trop à mon confort (c’est vrai que l’enjeu n’est plus le même une fois qu’on a une « famille à nourrir ») pour oser un changement radical. Je n’ai jamais lâché mon "fond de commerce" de consultante en développement commercial sur lequel je retombe à chaque fois que je tente un chemin de traverse (faire de la télé, écrire…) et qui reste mon capital, le socle sur lequel construire d’autres ambitions.
Et vous, avez-vous déjà osé le changement de vie ?
En connaissez-vous qui l’ont fait, que vous enviez ou plaignez ?
Et si l’opportunité se présentait à vous, qu’est-ce qui vous tenterait ?
Changer de métier ou de style de vie, créer une entreprise, lancer une invention, faire de l’humanitaire, étudier, écrire un livre, parcourir le monde… ?
Lâchez-vous, profitez-en : à défaut de vous lancer un jour, osez au moins formaliser ouvertement votre rêve ici !

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L
Encore un article qui interpelle ! Petit témoignage très personnel...A 24 ans, vivant à aix-en-Provence, sans réseau, ayant du mal à trouver un boulot avec mon DUT "Gestion urbaine" en poche (première promo, et refus des bureaux d'étude d'embaucher à bac + 2, il y aurait tant à dire sur ce seul point...), je me suis dit que les enquêtes SOFRES et la vente de Pop Corn c'était sympa mais bon... J'ai décidé de monter tenter ma chance à Paris. Euphorie des 3 premiers mois, quelques amis hérités d'un ex (très très mauvaise idée, de compter sur les ex et leurs amis pour refaire sa vie...). Bref. Premier petit contrat, vécu comme une humiliation (une semaine à potasser le financement des opérations d'urbanisme pour faire de la saisie et de la mise en page sur Excel). Puis rien. Puis hôtesse d'accueil pour gagner ma croute. Puis rencontre avec un gars de Radio France que j'avais contacté, et qui voulait me faire faire un bout d'essai pour une estivale... Je voulais arriver quelque part... Un jour dans le métro me conduisant à un déjeuner pour un autre petit contrat dans ma branche, sueurs froides et tout le tintoin. J'ai picoré quelques grains de maïs en faisant semblant... Avec des pauses pour tenter d'appeler les pompiers tellement j'étais mal. Sortie de là je me suis précipitée dans un taxi, et réfugiée chez une amie. De retour chez moi le lendemain, j'ai appelé un médecin, qui m'a dit que ça n'allait pas fort dans sa vie (vérédique !) et m'a prescrit de l'homéopathie pour mes "crisesde spasmophilie"...Rien ne s'arrangeait... Peu de moyens... Direction le CMP de mon quartier... Diagnostic de déprime... Mais enfin quelqu'un à qui parler de ce que je considérais comme un échec total de ma vie parisienne. J'ai fini par trouver un job d'assistante secrétaire dans ma branche mais je m'ennuyais ferme, avec mon boss "diplômé de Science Po" pour seul et unique collègue... Je me suis inscrite à la fac de St Denis, en sociologie, et j'ai passé ma licence grâce aux cours du soir. J'ai fait un peu de théâtre (à Ménilmontant) et la vie a suivi son cours... Jusqu'à ce que je craque à nouveau. Plus de moyens, direction le psychiatre. Diagnostic dépression. Prescription médicamenteuse. Retours dans le sud répétés pour tenter de me ressourcer. et puis, et puis, un beau jour du mois d'août 2000, au cours d'une soirée, un copain pas vu depuis au moins 2 ans. Flash. Petit nuage et grand ménage. Six mois plus tard je suis descendue dans le sud. J'y suis encore. Dans le sud. Avec le même copain. Mais le chemin fut rude. Pas de boulot (licenciée de mon job parisien), reprise des études (maîtrise de sociologie), puis stage (et oui à bac + 4 je n'avais toujours pas le sésame pour intégrer un bureau d'études...). L'ambiance était sympa, j'ai fait mes preuves pour le travail, je me suis inscrite en DESS avec 3 jours de boulot et 2 jours à la fac. Aujourd'hui j'ai un temps plein dans une structure publique, auquel je m'accroche car il représente pour moi la stabilité. J'essaie de profiter, et, de réfléchir à nouveau projet de vie pour les 5 années à venir. Donc aujourd'hui, à défaut de changer de vie, j'essaie de changer de regard...
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J
En effet, Virginie, comme je l'ai déjà évoqué ici :http://lemondedejuliette.over-blog.net/article-6012766.htmlC'est une vraie plaie que d'avoir constamment besoin de challenge, de changement, de s'ennuyer dès qu'une chose est acquise, de chercher constamment l'exceptionnel... Le contentement, ça s'apprend !Candide, mon mari rêve souvent d'une cabane au Canada, mais je crois que c'est un fantasme de même nature que son "quand je gagnerai au loto...". Tu pointes cependant une réalité : Y'a un moment où le changement se transforme en routine (et heureusement, ça veut dire qu'on s'installe, qu'on s'intègre, qu'on se fait des amis...). Je me dis souvent en traversant Paris, quelle chance j'ai et combien on pourrait m'envier... même si en fait je profite peut des atouts de Paris, en tout cas bien moins que quand j'y venais en visite de province ! Quand à ceux qui "veulent changer mais ne savent pas quoi", c'est peut-être surtout leur vie et leurs frustrations qu'ils veulent fuir... mais je ne crois pas beaucoup au changement pour le changement. Changer de vie s'appuie aussi sur un acquis et sur du concret (le couple, un métier ou un talent, une compétence ou une vocation, une opportunité sonnante et trébuchante...)
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C
Dédé et moi sommes des adeptes du changement. Lui en quittant la comptabilité pour le marketing et les jeux vidéo et moi en quittant la France pour le Canada.Ceci dit, si les premiers moments sont assez durs car on perd nos repères, on s'installe vite dans une routine. Et finalement quand on parle de notre vie à nos amis, ils ont l'impression que c'est extraordinaire alors que pour nous c'est devenu normal.Changer de vie c'est la conjonction de plusieurs choses comme la volonté de changer, de faire des sacrifices, de savoir ce qui est bien pour soi, d'organiser ce changement  et de tenir le cap.J'ai remarqué que mes amies veulent souvent changer qq chose dans leur vie mais elles ne savent pas koi ni comment.Pour changer il faut etre déterminé et savoir ou l'on va et comment.
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V
Juliette, J'avais beaucoup aimé tes billets sur la routine! Ces injonctions à se réaliser par une vie (sentimentale, sexuelle) trépidente et originale, ça fatigue. D'ailleurs, nous 2, on n'est pas interessés par s'échapper de la routine pour l'instant (sauf pour une ou 2 semaines de vacances... plus tard), il faut qu'on la mette en place, notre routine dans notre pavillon. Avec notre vie de franciliens moyens satisfaits de leur sort (même si quelques millions à la banque, ça serait bien), au moins, on est heureux.Quand je vois les dégats de ces aspirations à une "grande" vie "différente et exceptionnelle" chez un de mes ex, je me dit : vive la convention et vive le quotidien!
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J
Gwenaelle, tu vas finir par faire des envieux, avec ton job de rêve et ton mari idylique (je pense aussi à la façon dont il t'as soutenu lors de ton accouchement, sûr que comme ça, il a tout à fait sa place dans la salle de travail... y'en a beaucoup qui sont plus dépassés que nous dans ces moments-là... l'anesthésiste nous a parlé d'un mari qui s'est évanoui, en se cassant la machoîre et une côté en tombant). Mon mari, c'est le modèle contraire, c'est moi le pourvoyeur d'énergie et d'initiative, mais bon, vu que c'est dans ma nature, ça me fait aussi du bien d'avoir quelqu'un de Normal de chez Normal, avec le même job routinier depuis que je le connais, près de moi. Disons qu'il représente un peu mon port d'attache dans ma course trépidante !Strudel, c'est toi qui est sage, voilà un  changement bien géré ! Mais tu oublies l'essentiel, un atout considérable que tu as sur Paris : Moi, ben oui, une Juliette ça peut toujours servir ! Par contre, je ne suis pas sûre de savoir de quelle intervention chez la méchante tu parles, sinon une qui date de quelques mois et qui m'a causé bien des soucis et m'a inspiré le billet suivant : http://lemondedejuliette.over-blog.net/article-5573499.html J'en profite pour répondre à DPL et à ceux qui s'étonnent de la disparition de mon billet sur les "jobs à la télé", suivant ma nouvelle phiposophie "dans le doute abstiens toi". En plein casting TV, il m'a semblé finalement innopportun de me dévoiler, au risque de voir ces condifences se retourner contre moi. J'aimerais bien arrêter un peu de me tirer une balle dans le pied !Virginie, toi aussi tu es un modèle de sagesse, j'ai d'ailleurs consacré deux billets aux atouts de la routine : http://lemondedejuliette.over-blog.net/article-10429816.html Ainsi qu'à l'hypothétique destinée des rêves qui se réalisent : http://lemondedejuliette.over-blog.net/article-10429816.html La vie n'a pas besoin d'être exceptionnelle pour être satisfaisante, au contraire le changement pour le changement, comme une fuite, n'est qu'un éternel et frustrant recommencement. Le temps est parfois au changement, parfois à la construction.
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