L'Oeil de la ménagère : L'été n'est plus ce qu'il était
Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître… où la météo et les activités suivaient le cours des saisons, immuables, sereines et sans surprise. En avril, on ne se découvrait pas d’un fil, en mai on faisait ce qu’il nous plaît et l’été commençait bel et bien le 21 juin, avec l’assurance de longues journées ensoleillées en mode ralenti. C’était la jadis bien nommée « trêve estivale », presque une exception culturelle française : Tout le monde partait en vacances en même temps, juilletistes et aoûtiens se partageaient l’été, les entreprises affichaient basse saison et plus rien ne se passait au niveau business. Depuis une dizaine d’années, tout se dérègle et difficile de savoir qui a commencé : la météo ? l’économie ? le peuple ? Toujours est-il qu’aujourd’hui, faut bien reconnaître qu’y’a plus de saison. Canicule, inondation, froidure, variation brutale de température menacent durant six mois et viennent pourrir nos villégiatures même en plein été. Et puis les gens ont changé, préfèrant les vacances en dose homéopathique qu’en intraveineuse, ils ont appris à jongler avec RTT, calendrier scolaire, ponts et congés. Peut-être aussi que la bonne gestion du capital récréatif représente de nos jours une condition de survie dans ce monde de brutes qu’est devenu l’entreprise. In fine, c'est le marché qui a le plus changé, emballé par la course folle au profit, où tout se décide au dernier moment et doit être fait pour hier. Quel cadre peut encore se permettre un congé de plus de deux semaines ? Combien de managers stressés passent leurs vacances à appeler le bureau ? Et combien de chefs d’entreprises reviennent en catastrophe pour répondre aux exigences d’un client pressé ? J’ai vu cette frénésie grignoter l’été, provoquer une érosion aussi inexorable que les vagues océanes emportant dans leur ressac, centimètre par centimètre, les dunes de nos plages. J’ai pu constater comme reculait chaque année l’instant de relâche, le moment de souffler, l’entracte entre l’hyper activité de fin de saison et la bousculade de la rentrée. Depuis 4 ou 5 ans, on a franchi une nouvelle étape : Maintenant, faute de temps par ailleurs, certaines décisions, certains projets, certains recrutements ne se concrétisent qu’en été. C’est en juillet que j’ai été choisie pour être chroniqueuse dans l’émission Douce France de Christine Bravo et que j’ai signé mon contrat comme auteur des guides Mondéos. L’année dernière, c’est carrément la première semaine d’août qu’un recruteur a voulu me débaucher pour une nouvelle agence et que Hachette m’a sollicitée pour devenir auteur des Courges.
Et cette année ? Eh bien, ça se bouscule à nouveau depuis mi-juillet : Une commande pour un bouquin hors collection qui me tient particulièrement à cœur, un casting télé prometteur dont on a carrément avancé la date pour que je puisse y participer avant d’accoucher et, hier encore, un appel des équipes de Jean-Luc Delaruuuuuuue pour une nouvelle émission. A croire que l’effet conjugué de mon blog, de mes courges et de mon back-ground télé finit par tisser une toile attirant les projets comme des mouches. Et franchement, ça fait du bien de voir ce labeur et toute cette énergie déployée revenir enfin vers moi, d’être sollicitée et convoitée spontanément, de passer à la récolte après des années à semer, à me battre, à ramer, à bonnimenter pour que mes idées aboutissent, à rentrer par la fenêtre, par l’arrière, par la chatière… à chaque fois qu’une porte se refermait. Qui sait ce que les semaines à venir nous réservent encore ? Forte de cette expérience, permettez-moi un conseil : Cet été, restez donc chez vous et contentez-vous d’un concentré de vacances du 15 au 19 août, probablement le seul créneau où l’on peut encore se permettre de partir sans risquer de rater l’opportunité de sa vie. Sur ce… bonnes vacancettes, donc !