20000 prénoms du monde entier et le gagnant est...
Bon, je ne garantis pas que j’ai vraiment évalué 20 000 prénoms mais ce qui est sûr c’est que j’ai potassé des livres entiers, certains achetés, d’autres prêtés. J’ai même fait le sitting pendant des heures en librairie pour compulser ceux que je n’avais pas. J’ai étudié des guides de prénoms bretons, vikings, germains, orientaux…
des sites français, anglais, allemands, turcs… des listings tellement copieux que je devais me limiter
à une lettre par soir sous peine de péter un câble. J’en rêvais la nuit, je me tapais des méga coups de blues et quand Arzel a enfin fait tilt, à 8 mois ½ de grossesse, il m’a encore fallu travailler mon homme au corps pour obtenir un « adjugé, vendu ! ». Dire que je pensais avoir « galéré » pour trouver le prénom de notre premier fils, alors que le coup de foudre pour Euzen fut immédiat. La recherche fut certes un brin fastidieuse mais rien à voir avec les investigations, les négociations, les tergiversations nécessaires pour aboutir au consensus sur cette deuxième édition. Les choses auraient sans doute été plus simples si nous attendions une fille ou si nous avions les mêmes habitudes culturelles… encore que les cris d'alarme "help, j’accouche et je n’ai toujours pas de prénom" dans divers forums me portent à penser que c’est une problématique commune. Pourquoi donc est-ce si difficile de trouver LE prénom fait pour notre enfant ?
En ce qui nous concerne, déjà, à chaque fois que mon mari et moi nous posions la question « Est-ce que j’aime ce prénom », nous pensions sans nous l’avouer « est-ce que mes parents, ma famille va aimer ce prénom ? ». Ensuite, il suffisait que le prénom soit porté par un ex, un oncle fou, un associé escroc, une personnalité peu appréciée… pour qu’il devienne éliminatoire. Enfin, à chaque fois que nous évoquions une nouvelle hypothèse de prénom, il y avait quelqu’un dans notre entourage pour nous en dégoûter : Aydan ? « en turc, c’est un nom féminin », Tanyel ? « ça fait Daniel avec l’accent alsacien », Zacharie ? « c’est pas un peu trop biblique ? », Edan ? « ça fait penser à un fromage », Loren ? « ça fait fille », Koray ? « et pourquoi pas trottoir ou gazon ? » (dixit, ma mère), Eladan ? (du nom d’un Elfe du Seigneur des Anneaux) « Vous n’allez quand même pas donner le nom d’un Elfe à votre garçon » (dixit, l’échographe), Lysander ? « Lysan quoi ? Comment ? D’où ki sort ce nom ? »... Il a également fallu faire comprendre diplomatiquement à fils chéri que Batman ou Lâne (de Shrek) n’étaient pas des alternatives envisageables. Evidemment la solution aurait été de faire comme mon frangin, qui a toujours été bien plus malin que moi : choisir le prénom en secret et le diffuser le jour de la naissance sans demander l’avis de personne (on s’habitue finalement, même quand c’est d’une modernité folle comme Charles ou Huguette). Mais on ne se refait pas, je cherche toujours à satisfaire tout le monde (ce qui n’est JAMAIS le cas)… et moi en premier lieu !
Je suis sans doute même la plus exigeante de tous puisque je voulais :
- Un prénom original et pas simplement choisi pour sa fonctionnalité passe-partout, comme Axel et Michael, qui marchent quelle que soit la langue.
- Un prénom que je « sente » et non donné « par défaut », pour lequel j’éprouve un coup de foudre comparable à ce que j’ai ressenti en choisissant Euzen.
- Un prénom qui ne soit pas connoté arabe ou turc, ni typiquement français, ni trop tendance car je ne veux pas mettre au monde un Evan ou un Yanis de plus, prénoms fort jolis au demeurant.
- Un prénom qui ait un sens, une histoire, et qui soit porteur de significations positives, de préférence dans les deux langues, exit donc Azrael l’ange de la mort ou Einar le chef guerrier sanguinaire.
- Un prénom qui soit sans ambiguïté, facile à prononcer et avec lequel nos deux familles alsacienne et turque puissent se familiariser sans trop d'effort.
Je crois bien que Arzhel, simplifié en Arzel, est le seul prénom correspondant à ces différents critères (je vais être mal si d’aventure je devais un jour donner naissance à un troisième garçon). Arzhel vient du vieux breton Ars (= Ours) et Maël (= Prince) et veut donc dire « Prince de l’Ours ». C’est le nom d’un moine du Pays de Galles qui avait le don de guérir et de faire jaillir l’eau. En turc, Arzel peut être décomposé en Arz (= terre, offre, racine de Arzetmek qui voudrait dire « exposer, avoir l’honneur de dire, d’informer, d’écrire ») et El (Main), autrement dit « La main de la terre, la main qui offre ».
C’est p’têt un chouia tiré par les cheveux, mais quand même, franchement… c’est pas un prénom FAIT pour mon fils, ça ?