Et si le destin d’une mère par rapport à ses fils c’était « Je t’aime… moi non plus » ?
Si tout va bien, incessamment sous peu, j’aurais trois « hommes » à la maison… moi qui voulais des filles, des Juliette en mieux à qui j’aurais pu transmettre tout ce que la vie m’a appris. Qu’un garçon se glisse dans le lot, soit, adopter un martien quand on épouse un turc relève de la moindre des correction, mais de là à devenir une pondeuse de mâles…
Faut croire que Dieu, avec son fameux sens de l’humour, s’est dit : « Ah tu veux éduquer les hommes ? Je vais t’en donner des hommes ». Bien sûr, je vais nourrir pour ce cadet la même adoration que m’inspire déjà l’aîné. Je suis même prête à admettre que c’est mon destin et que c’est en éduquant mes fils que je vais changer le monde, n’empêche… il suffira d’une ravissante robe à fleurs pour que la nostalgie me prenne. Je sais bien que je n’aurais sans doute jamais avec mes fils la complicité que j’aurais eue avec une fille, même « chiante » et « difficile » (ça aurait fait partie de son charme), et qu’un jour viendra où nos liens se résumeront au linge qu’ils me porteront à laver le week-end ! Alors on me dit, que les garçons c’est aussi très bien, qu’ils s’amusent ensemble, qu’ils adorent leur maman et que je resterais sans concurrence la reine du foyer… mais je ne suis pas dupe ! Quand Junior saute au cou de son père et le couvre de câlins à son retour du travail, je vois bien qu’il n’a rien compris au complexe d’oedipe ! Quand il est tout heureux de rester chez grand-mère sans même vouloir me prendre au téléphone, je sens bien que je fais partie des meubles ! Et quand je suis obligée d’acheter son affection avec des promesses de cadeaux, je réalise bien que sa vocation de fils ingrat est déjà bien ancrée.Et ça ne va pas s'arranger quand ils seront deux, souvenez-vouds de Caïn et d'Abel...
A l’époque ottomane, la tradition voulait même qu’un Sultan accédant au trône fasse tuer tous ses frères pour éviter les troubles et les querelles de pouvoir. Et s'il me restait encore le moindre doute en ses jours de grande oisivité, la télévision se charge de les balayer et me bombarde de séries remuant le couteau dans la plaie. Ainsi, dès qu’on y voit deux frères, non seulement ils s’étripent à plus soif, mais faut voir comme ils adorent leur maman. Je me demande quelle faute la mère de Malcolm a pu commettre dans une vie antérieure pour engendrer une telle fratrie de bras cassés, irresponsables et ingrats, vivante publicité pour utilisation de capotes en toute circonstance ! Dans The Nine, les deux frères sont braqueurs de banque et tout le potentiel du « bon fils » aimé et aimant se trouve gangrené par la vilenie du second.
Enfin, la vision quotidienne et par ailleurs fort distrayante de Mon Oncle Charly me donne un aperçu de ce à quoi je peux m’attendre quand mes fils seront devenus grands : Ils perçoivent une visite chez Maman comme une punition, un dîner avec elle les excite autant que la perspective d’une coloscopie, un coup de fil de sa part, et les voilà qui font le mort ou se renvoient l’un l’autre la patate chaude. Bien sûr, s’ils ont des problèmes dans la vie, c’est de sa faute à elle ! Toutes leurs pathologies et qu’importe si elles sont à l’opposé, obsédé sexuel pour l’un, coincé du cul pour l’autre, viennent forcément d’elle. Il suffit qu’une fille bien gaulée passe à hauteur de leur braguette pour qu’ils ne connaissent plus celle qui les a porté dans ses entrailles pendant 9 mois (chacun !). 20 ans de sacrifice et d’abnégation pour les élever et aujourd’hui on les sent prêts à vendre leur mère pour deux chameaux !
Evidemment, tout ceci n’est encore une fois qu’une thèse au deuxième degré, fortement teintée de delirium tremens, produit d’un cerveau perturbé par les poussées d’hormones et par l’attente anxiogène d’un accouchement imminent… dans l’espoir d'un anti-dote : votre antithèse laissée en commentaire !