Hôpital ou clinique, quelle maternité choisir ?

Publié le par Juliette

Etant donné le retard de la France en matière de solutions alternatives personnalisées, l’éventail des options à la question "Où accoucher ?" se limite à deux possibilités : Hôpital public ou clinique privée… Et encore, à condition de ne pas s’y prendre trop tard comme moi qui me suis rabattue sur la clinique privée Paul d’Egine de Champigny par défaut plus que par choix, après un premier accouchement à l’hôpital Esquirol de Saint Maurice. Pourtant, force est de reconnaître, d’après un échantillon certes peu représentatif d’une seule expérience par type d’établissement, que j’ai été bien mieux traitée à la clinique qu’à l’hôpital. L’accouchement s’est chaque fois bien passé, avec juste ce qu’il faut d’empathie et de dédramatisation, mais je possède des prédispositions en la matière (lire ici) au point que mon dernier accoucheur a déclaré qu'avec moi « l’obstétrique est un vrai bonheur ! ». C’est après que ça se gâte, dans le service après vente !
A Saint-Maurice
, je fus carrément oubliée pendant quatre heures dans la salle de travail où mon mari et moi-même nous sommes endormis avec bébé… resté sur la table à langer ! Une fois dans la chambre, je n’avais pas le droit de bouger du lit sans aide… mais ma vessie du patiente une demi-heure avant que l’arrivée dolente d’une aide-soignante me permette de la soulager. La nuit, j’avais l’impression d’être projetée dans un sketch des Inconnus, avec un personnel prenant coloration fleur des îles et évoluant d’une chambre à l’autre avec le dynamisme de pandas sous tranquillisant. Pour la toilette du nourrisson, je me suis retrouvée avec une cerbère qui ferait passer Super Nanny pour un joyeux drille et qui m’a copieusement pris la tête sous prétexte que je ne me souvenais pas de tous les gestes enseignés quelques heures après mon marathon obstétrical « Mais vous n’avez pas écouté hier ? ». Pour un peu, c’était « Allez, au coin, ça vous apprendra ! ». Ma voisine de chambre est restée pendant trois jours sans oreiller… y’en avait plus dans toute la maternité ! La pauvrette était si jeune, paumée, livrée à elle-même, que j’ai du partir en croisade pour elle après qu’une puéricultrice se soit contentée de lui mettre deux biberons dans les mains sans autre explication que demerdensiesich alors que son bébé crachait du sang. Bref, je me suis retrouvée à m’occuper de moi, de ma voisine, de son nouveau-né et du mien, dans une chambre exiguë juste à côté de la nursery et de son concert de poupons s’époumonant.
Arzel-Bienvenue.jpgA Champigny par contre, chaque personne à laquelle j’ai eu affaire, du plus modeste au plus haut niveau de la chaîne, a su faire preuve d’écoute, de compréhension, de compétence et de pédagogie. Et pour une fois, la qualité du service ne déclinait pas avec la tombée du jour, le personnel de nuit venait même voir chaque patiente dans sa chambre pour s’assurer que tout allait bien et qu’elle n’avait besoin de rien, n’hésitant pas à bousculer la procédure pour répondre aux besoins particuliers (comme garder mon bébé à la nursery après une nuit sans sommeil). Le trafic estival du service a sans doute favorisé l’ouverture d’esprit et les échanges sans stress, mais l’attitude humaine et empathique généralisée tend à faire penser qu'il s'agit d'une politique d’établissement avec une attention particulière portée aux ressources humaines. Bref, je sais déjà que, si Dieu m’accorde la grâce d’un troisième enfant, c’est à Paul d’Egine qu’il verra le jour. De là à penser que la qualité de service en clinique est forcément supérieure à celle d’un hôpital, il n’y a qu’un pas que je me garderais bien de franchir, eu égard aux témoignages de mes consoeurs qui sont passées par d’autres cliniques : Attentes indues pour cause de changement de services, attitudes arrogantes et culpabilisantes du personnel médical, directives contradictoires de puéricultrices agissant comme si elles possédaient la science infuse, parturiente en décomposition dont personne ne se soucie, etc.
Arzel-roupille-encore-2.jpgTant qu’il n’existera pas en France une véritable politique d’accompagnement de la femme enceinte dans sa dimension non seulement médicale mais humaine et personnelle – au-delà des initiatives sporadiques, telles que les maisons de naissances balbutiantes ou les maternités avant-gardistes à prendre d’assaut avant même le retard de règle... - la prégnante devra s’en remettre à la chance pour ne pas être traitée comme un numéro Lambda.
Espérons que ce constat sera obsolète d’ici à ce que nos filles (ou plutôt, nos belles-filles me concernant) accouchent !

Publié dans La Vie comme elle va

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D
Sans rentrer dans la polémique de la prestation hotelière et de l'empathie et de la disponibilité du personnel soignant (qui dépendent de chaque centre et pas de l'appellation hopital ou clinique), il faut considérer 2 éléments importants:en clinique, vous êtes un portefeuille ambulant. ainsi en cas d hemorragie de la délivrance par exemple, vous serez transférée au CHU à 3 g d'hémoglobine parce que la transfusion sanguine, c est 150 euros la pche et qu on attendra que le CHU paye a votre arrivéede plus, et surtout, pas de plateau technique en clinique, et transfert au CHU au moindre probleme. c est a dire que si tout se passe bien, pas de soucis. mais en cas de souffrance foetale, pas de pediatre en salle de naissance et pas de réanimation néonatale. en cas d hémorragie de la délivrance, pas de centre d'embolisation pour permettre de boucher l artère qui saigne. bref, dans tous ces cas de figure: transfert, donc délai, donc perte de chance.je suis anesthesiste dans un CHU et je fais des gardes en maternité, et pour mon accouchement, ca sera l'hopital public!
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J
Tout d’abord, quelques précisions étymologiques : la différence entre ce que j’appelle l’hôpital et la clinique, c’est que le premier est public avec une prise en charge totale des frais et que le second est privé avec présentation d’une facture à la sortie (soit 700 € me concernant pour la péridurale, le dépassement d’honoraires et le supplément chambre individuelle). La clinique est donc supposée avoir une démarche plus économique avec la nécessité d’être concurrentiel comme le raconte DPL. Mais vos témoignages confirment qu’il n’y a pas de loi et que tout est question de réputation, de chance, de timing et de personne à qui on a affaire, puisque même l’expérience de Gwen qui a accouché dans LA clinique de référence, de celles où faut s’inscrire avant même le retard de règle, s’est finalement soldée de façon négative. Ce qui me ramène à Paul d’Egine et à la politique de ressources humaines que je lui prête : Au cours de mon accouchement et des deux fausses alertes qui l’ont précédé, j’ai du avoir affaire à une trentaine de personnes différentes en rencontrant toujours le même mélange d’empathie, de pédagogie, de compétence, d’humanité, de volonté à répondre au mieux à mes besoins… si j’ajoute la triple expérience positive de Sandra, cette clinique a décidemment un goût de revoyure, alors que  je ne connais pas une parturiente qui n’ait été confronté ailleurs au type d’énergumène un brin méprisant que nous décrit Gwen, qu’on croise surtout la nuit (où tous les chats deviennent gris et où la maternité est envahie par des Marie-Thérèse et des cerbères mal-léchés), qui profite de notre vulnérabilité pour nous enfoncer, comme s’il se défoulait sur nous de frustrations accumulées ailleurs.        Concernant le « à domicile » évoqué par Calpurnia, c’est comme pour toutes les autres formules personnalisées, elles sont laissées pour compte au profit du tout médical motivé par  la phobie de l’accouchement qui tourne mal, partagée par le corps médical et les parturientes (moi la première). Même de nos jours, on meurt encore en couche, ce que personne n’est prêt à considérer comme acceptable. Ceux, parturientes et sage-femmes, qui font le choix de l’accouchement à domicile (qui n’est pas toujours un choix mais le résultat d’un bébé trop pressé de sortir… j’ai ainsi rencontré hier ma sage-femme qui m’a raconté gaiement comment elle a accouché chez elle, toute seule, de sa fille, pendant que son mari était parti chercher la puéricultrice. A l’entendre, ça ne semblait pas plus compliqué ou traumatisant que de s’extraire une écharde), prennent un risque (médical mais aussi pénal si ça tourne mal). Tant que ce type de démarche n’est pas encadrée institutionnellement et ne s’intègre pas dans une démarche plus globale d’encouragement d’un accompagnement plus personnalisé de la femme enceinte, on se retrouvera toutes dans des maternités déshumanisées car surchargées.     
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G
J'ai accouché 2 fois aux Diaconesses à Paris, qui est un hopital privé (à vrai dire, je ne sais pas bien ce que ça veut dire : c'est une clinique ou un hopital ?)Bref, c'est super réputé pour la maternité. Mais ça ne garantit pas pour autant qu'on soit super satisfaite au bout du compte. Je vous explique.2 gros avantages (là, rien à dire) : - la maternité est un batiment indépendant de l'hopital, qui donne sur un jardin- il n'y a quasiment que des chambres individuelles (ça devrait être obligatoire pour les maternités, mais c'est un autre débat)Pour le 1er accouchement, impec. Les 3 jours à la mater, l'accompagnement du personnel en suite de couches... super bien. Du coup, pour le 2ème, c'était évident : les diaconesses aussi.Sauf que pour le 2ème, moins bien. J'ai attendu 4 h après l'accouchement qu'on me descende dans une chambre. Il n'y avait pas assez de personnel dispo (trop d'accouchement en même temps.) Ce qui m'a le plus contrariée, c'est le manque d'info. Si on m'avait dit que j'allais attendre 4 h, OK, pourquoi pas. Encore que j'étais assoifée (j'avais pas bu de la journée quand même). Mais là, j'ai carrément eu l'impression d'être oubliée.Les équipes de jour, super à l'écoute. Chapeau. Par contre, les équipes de nuit, c'est une autre histoire. Une nana hyper sèche est passée dans ma chambre. Je lui ai dit que ma fille pleurait beaucoup (c'est un euphémisme, elle ne fermait quasiment pas l'oeil de la nuit). Elle m'a demandé si j'étais pour les compléments au biberon (ah oui, j'ai oublié de vous dire que je l'allaite). Je lui ai dis que j'étais pas pour. Là, devant son expression exaspérée et dédaigneuse, j'ai laissé tomber la discussion...Le lendemain matin, une puéricultrice m'a proposé d'assister à une tétée, pour voir comment ça se passait... Super gentille, et douce et compréhensive. Géniale. Une autre l'après-midi m'a dit que si ma fille pleurait, c'est parce qu'elle avait soif (elle avait trop chaud en fait, mais j'avais rien vu). Elle m'a donné plein de conseils avisés, gentiment. Elle a donné un complément à ma fille non pas au biberon, mais à la tasse. Pour préserver l'allaitement, c'est mieux (rapport au risque de confusion sein / tétine). Et puis la nuit est revenue. Et oui, on n'y échappe pas. J'ai retrouvé la revêche de la nuit précédente. Je lui ai dit que ma fille avait eu un complément à la tasse, parce qu'elle avait trop chaud et donc soif. Et là, elle a eu le culot de me dire qu'elle avait bien vu que ma fille avait chaud la nuit précédente. Et alors, elle pouvait pas me le dire, au lieu de me regarder comme la dernière des mères indignes, parce que ma fille pleurait ??!!Je suis retournée à 3h du mat à la pouponnière pour 1 autre complément (ma fille pleurait trop). Et là, j'ai eu la sensation que je la faisais carrément chier. Ma fille a eu son complément à la tasse, pendant qu'elle me culpabilisait à mort. Son objectif : me convaincre que le biberon, c'était bien (c'est sûr, elle ne voit pas les mamans qui donnent le biberon). Sauf que c'était pas mon choix. Et pour me convaincre, elle m'a sorti toutes sortes de lieux communs parfois même des "conneries" en matière d'allaitement. Pour une maternité pro-allaitement, c'est un peu léger.Elle a d'ailleurs fini par me renvoyer dans ma chambre avec un biberon à lui donner pour le reste de la nuit : sous-entendu, je veux plus vous voir, débrouillez-vous avec le biberon...Bref, elle m'a tellement culpabilisé que j'ai fini la nuit en pleurant tout ce que je pouvais. A 6h du mat, ma valise était faite. A 8 h, j'étais devant la pouponnière pour faire peser ma fille. J'avais même sauté le petit déj qui pourtant est un repas sacré pour moi. Mais là, je pouvais pas. Objectif : que ma fille ait pris au moins 5 g pour pouvoir sortir de cet enfer !!! Là, j'ai retrouvé la gentille puéricultrice de la veille qui m'a rassurée. Elle m'a proposé de rester un jour de plus à la maternité, le temps que la montée de lait ait lieu. Pas question !!! Trop peur du dragon de la nuit qui m'enlevait toute confiance en moi et me rendait dépressive. Du coup, je suis sortie le matin même, déprimée comme jamais. Et c'était pas le baby blues. De retour à la maison, j'ai repris le dessus, et tout est allé mieux dès le lendemain.Je ne sais pas s'il y aura un 3ème. Si c'est le cas, je tenterai quand même les diac encore une fois. En espérant que le dragon de la nuit ne sera plus là...
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A
Si c'était aussi simple que "la clinique c'est bien, l'hopital c'est nul", ça se saurait !Hors accouchemnt, j'ai déjà été hospitalisée à Lyon en clinique mutualiste (très bien) en clinique privée (l'horreur) et en hopital (très correct). Ca peut aussi dépendre du personnel sur qui on tombe...Pour mon accouchement, au plus près j'ai eu le choix entre une clinique privée, et l'hopital. Vu mon expérience, et quelques retours pas très positifs lus sur internet, j'ai choisi l'hopital. On verra bien, pour le moment, passé les lourdeurs administratifs je trouve le personnel soignant très humain, et c'est important pour moi...Pour le service après-vente... on verra bien, ta conclusion sur la chance est je crois la plus réaliste ;-)
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C
J'ai accouché dans 2 cliniques, l'horreur dans la première, le paradis dans l'autre.Actuellement dans mon secteur un hôpital et une clinique. La deuxième remporte la palme du contentement. L'hôpital celle du mécontentement, à réserver uniquement à celles qui ont tout juste 20 minutes pour arriver sur la table de travail...Et on ne développe rien pour le "à domicile"...
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