Mon bébé n’est plus mon bébé…

Publié le par Juliette

BBTransformer.jpgPour ce billet, oublions un peu le nouveau-né (et Dieu sait qu’avec l’impériosité de ses pleurs, de ses colères et de ses appels à pitance,
ce n’est pas facile) pour revenir à mon premier fils. Lors de sa venue au monde, la plupart des jeunes parents de mon entourage m’ont dit, avec une pointe d’envie dans la voix, « profites en bien, ça passe si vite ». J’ai fait mien ce credo et vécu chaque stade de son évolution comme une période extraordinaire, fragile, éphémère, à laquelle je me raccrochais d’autant plus que j’avais toujours peur qu’elle ne m’échappe pour laisser place à quelque chose de plus fade, de plus tiède. Je me disais que ce n’était pas possible qu’il reste un gamin aussi génial et que, tôt ou tard, il se transformerait en « monstre », du genre qu’on voit dans les émissions de coaching à la télévision et qui nous épuisent rien qu’à les regarder. Mais, à travers mon expérience, j’ai découvert une autre loi naturelle dans l’évolution des bébés : on perd d’un côté, on gagne de l’autre. La période de fusion charnelle avec le nourrisson, laisse place aux premiers véritables échanges, quand le regard s’anime, que les mimiques deviennent sourires conscients, que les bruitages se muent en ébauches de langage. Par la suite, à chaque stade de son développement (la marche, la parole, l’école…), les prodiges réalisés nous aident à oublier les moments magiques passés et perdus à jamais, à accepter sans tristesse qu’à chaque pas vers plus d’autonomie, notre bébé s’éloigne de nous, de nos bras, de nos tripes. Je me suis toujours dis que le jour où j’aurais un enfant, je n’en reviendrais pas qu’il soit le fruit de mes entrailles, je m’émerveillerais chaque jour avec fierté du fait que « C’est moi qui l’ai fait ». Mais à dire vrai, quand je le vois aujourd’hui, avec des cuisses plus grosses que son corps à la naissance, je n’arrive plus du tout à imaginer que ce grand gaillard a un jour habité mon ventre.
Arzel-semaine-2-et-3-007.jpgPour la première fois, j’ai pleinement conscience de la fin d’un état de grâce (même si j'ai la chance de pouvoir recommencer avec un nouveau-né). Mon fils aîné n’est plus mon bébé, cette part  de moi-même reliée par un cordon invisible, mais un petit garçon, un acteur à part entière du monde de demain. Et moi, quelque part, je fais déjà partie de son passé. Oh, certes, je reste sa mère mais son attachement n’a déjà plus rien de viscéral. Quand je le cherche à l'école, il termine d’abord son dessin et ensuite se précipite vers moi en criant « mamannn », tu parles d’une affection spontanée ! Le temps de la dépendance, de l’exclusivité, de la vénération inconditionnelle n’est plus, aujourd’hui tout s’achète, se négocie à coup d’épisodes de Spiderman et de barres chocolatées. Et je vois déjà poindre avec effroi le temps où il me regardera d’en haut et me répondra d’un doigt à mon injonction de ranger sa chambre. Mais après tout, ce n’est qu’une question de perspective. Si j’ai fait des enfants, ce n’est pas pour pouponner des bébés mais pour éduquer des individus capables de faire évoluer le monde. Et c’est maintenant, avec les premières confrontations, les vraies difficultés, les défis et les challenges de l’existence, que le travail commence. Du coup… voir mon bébé devenir un petit homme m’apparaît déjà plus exaltant que désespérant !

Publié dans Home - sweet Home

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J
Pour résumer, je pense que même quand on en "profite", vient toujours un jour où nos enfants nous echappent avec le sentiment qu'on n'a pas assez profité de ces moments de grâce où nous étions encore le centre de leur monde... C'est vrai que l'avantage de faire des enfants à un âge aussi avancé que le mien, c'est que tout commence seulement pour moi alors que d'autres assistent sinon à l'envol, du moins au désamour.. et quand j'entends les témoignages de copines qui se font traiter comme de vieilles peaux adipeuses par leur fille, ça me console de ne pas en avoir !... Mon aîné est sorti de la période bébé pour rentrer dans l'ère petit garçon où il vit les choses avec beaucoup plus de conscience et j'en ai finalement vite fait le deuil car je vois déjà poindre de nouvelles expériences, sensations, émotions (vivement les larmes qui mouilleront le camescope avec lequel je filmerai son premier spectacle d'école). C'est passionnant et fascinant de participer au processus. Je me suis tellement défoncée à organiser sa première fêtes d'anniversaire avec ses copains dimanche (qui bien-sûr bénéficiera d'un post très bientôt... enfin... dès que possible quoi !) que j'étais probablement plus excitée que lui et que je me suis rejoué la fête dans ma tête toute la nuit. Serais-je en train d'entamer la période où je vais commencer à vivre mes émotions fortes par procuration à travers lui ?En tout cas, en ce qui concerne la différence entre premier et deuxième enfant, je me rends compte maintenant à quel point je devais être dans l'admiration béat de mon premier à sa naissance (moi qui, à l'opposé de ce que raconte Telle, n'était pas très attirée par les boulets aux pieds que représentaient les bébés à mes yeux). Je ne comprenais pas que l'ensemble de l'humanité ne soit pas en pamoison devant lui. C'était objectivement le bébé le plus beau, le plus intéressant, le plus étonnant du monde et je m'attendais à ce que chacun partage mon ravissement. Le côté bébé de mon second m'intéresse déjà moins et j'attends avec une certaine impatience qu'il sorte de sa phase nourrisson pour entamer des échanges un peu plus substantiels que sucer-hurler-prouter... C'est pourquoi je m'étonne presque de l'enthousiasme qu'il suscite et quand tout le monde s'esbaudit devant ses gouzigouzi, ses yeux bleus et son air coquin, avec des "qu'est-ce qu'il est beau, qu'est-ce qu'il est craquant", pour un peu je répondrais "Ah bon ? Vous trouvez ?"... Certes, outre le fait que je suis déjà passée par là, son tempérament plus colérique et impérieux contribue sans doute à modérer mon enthousiasme... Mais surtout, comme me l'a fait remarquer une copine du fan club, il est plus facile de pouponner dans la joie et la bonne humeur le bébé d'une autre quand on sait que le soir venu, il ne sera plus là et qu'on longue nuit inintérrompue se profile devant soi !
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D
Et bientôt, il va vouloir une PS3...
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C
Désolée, mon précédent commentaire ne m'apparaissait pas. Juliette tu peux faire un petit ménage ? Merci !!!
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C
Profiter, profiter, on n'en profite jamais assez... Le temps passe, ce tueur et on se retrouve avec deux grandes filles allant sur 26 et 23 ans... Alors qu'on avait l'impression d'en profiter comme il fallait, de les avoir assez bisoutées, regardées, admirées, éduquées...Carpe diem...
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S
Je rejoins assez Gwen sur le ressenti du premier puis "des suivants". Pour mon ainé j'étais pressée, fière à chaque nouvelle étape, je comparais aux autres du même âge. Pour mon cadet, j'ai rien vu passer!! La grande n'avait que 2 ans et me sollicitait encore beaucoup ne comprenant pas qu'elle n'avait plus le monopole sur Papa et Maman. Pour mon benjamin, qui devrait être le dernier, j'ai décidé de profiter de chaque moment, de chaque journée mais surtout de cette pèriode si courte où on les appele encore des nourrissons tout en, essayant  de préserver les 2 autresen cinsacrant à chaqun du temps rien que pour eux. Du coup, il n'een reste plus vraiment pour moi.... mais j'assume, il faut savoir ce que l'on veut!!
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