L'Oeil de la Ménagère : Tout à coup, un inconnu...

Publié le par Juliette

shopofhorror.jpg« Tout à coup un inconnu vous offre des fleurs » disait la pub mais si vous êtes comme moi, il a du vous arriver bien plus souvent d’être houspillée, bousculée, offensée par un inconnu qui vous parle mal ou se comporte de façon irrespectueuse envers vous. Tout comme moi, sous l’effet du stress, vous n’avez sans doute pas su comment réagir, vous n’avez pas trouvé les mots propres à préserver votre honneur, à vous sauver de la honte ou du ridicule (bien plus souvent à vos yeux qu’à ceux des autres). Et, toujours si vous êtes comme moi, vous aurez passé des heures et des jours à revivre la scène, à ruminer, à imaginer ce que vous auriez du dire et faire, à construire des réparties cinglantes qui n’atteindront hélas jamais leur cible. Comme par hasard, c’est toujours le même scénario qui se déroule. Nous avons tous nos « boutons », nos points faibles rien qu’à nous qui font mal dès qu’on les frôle. C’est comme si cet inconnu avait senti la faille de notre self estime dans laquelle il pouvait s’engouffrer, dont les racines remontent souvent à l’enfance et puisent dans nos névroses.
Mon « bouton » à moi c’est de me faire « gronder » en public.
C’est toujours le même shéma qui se reproduit : une femme qui pourrait être ma mère me tombe dessus parce que je me comporte de façon « mal élevée » (je parle trop fort, je tâte les fruits à l’étal, j’écrase les platebandes…). Sur le coup, je suis submergée par une vague de culpabilité qui me faire perdre tout mes moyens et me mure dans un silence honteux qui ne cesse de surprendre toute personne qui me connaît. Puis, dans un sursaut de fierté, j’estime qu’elle n’avait pas à me parler comme ça et je me rends malades pendant des jours à refaire le film jusqu’au happy-end idéal.
plante-carnivore.jpg Ce dimanche justement, il m’est arrivé un truc du genre « tout à coup un inconnu vous crache à la figure ». Je vous la fait courte : Je vais au Monoprix en catastrophe pour acheter du lait premier âge, je fais la queue pour cet unique article et au moment d’arriver à la caisse je constate que j’ai pris du lait de croissance. Je signale à la dame derrière moi que je me suis trompée et que je file l’échanger. En revenant je tente de reprendre ma place et la dame en question me fait un caca nerveux : « Ah ben non, c’est trop facile, blablabla ». Pendant que j’argue de la légitimité de mon rang, la dame déplace un à un ses articles vers la gauche pour les coller à la barre de séparation. Mon sang ne fait qu’un tour et voilà que je balance ses victuailles d’un grand geste théâtral vers la droite du tapis. Pour achever le naufrage, je prends à parti le papy aviné qui nous précède pour lui demander de trancher et voilà qu’il donne raison à l’autre ispèce de connasse dame. Visiblement, ils partageaient la philosophie école maternelle du « qui part à la chasse perd sa place » et face à une telle coalition, je ne pouvais que céder. Logiquement, une telle branlée aurait du me miner et me gâcher au minimum le journée. Il n’en fut rien, au contraire, dès que j’ai retrouvé mon mari qui m’attendait dans la voiture, j’ai pu en rire, lui raconter la mésaventure en me moquant de moi-même, consciente du ridicule de la situation sans me sentir honteuse de ma réaction excessive, me réjouissant même d’avoir trouvé le sujet de ma prochaine chronique.
Alors, qu’est-ce a bien pu faire la différence ? Aurais-je évolué ? Me serais-je zenifié ? La vérité, c’est que cette altercation n’avait rien de récurrent, elle n’appuyait sur aucun bouton, je dirais même qu’elle ne me ressemblait pas. Je suis plutôt du genre bonne pâte, magnanime, à laisser pisser et à céder le sourire aux lèvres aux Madame sans gêne qui minaudent « J’ai juste un article, vous permettez que je passe devant vous ? ». Du coup, il n’y avait pas d’enjeu, pas de réflexe pavlovien qui m’aurait rattrapé à l’insu de mon plein gré. Juste une bévue isolée, banale et sans conséquence, à laquelle je n’avais aucune raison d’accorder plus d’importance qu’elle n’en avait. Nul besoin non plus de perdre mon temps à chercher obsessionnellement ce que j’aurais « du dire » ou « du faire » par rapport à une situation qui n’a pas de raison de se reproduire. Je me suis cognée dans le panneau mais je ne suis pas tombée dedans. Il ne m’était pas destiné. Quand un panneau revient avec insistance sur notre route c’est qu’il est censé nous apprendre quelque chose et tant que la leçon n’est pas assimilée, on continue à tomber dedans.
Plantes-carnivores-panneau.jpg Pessimiste constat qui ne fait que remuer le couteau dans la plaie ? Certes, mais à défaut de combinaison anti-choc ou d’itinéraire bis pour éviter ces panneaux, je peux au moins vous livrer un « truc » pour vous aider à sortir indemne d’une prochaine collision : Il a été prouvé scientifiquement que dans ce type de situation stressante le cerveau a besoin de cinq secondes pour retrouver son sang-froid. Il s'agit donc de trouver une phrase tampon, du type « Qu’est-ce que vous entendez par là ? » ou « excusez-moi, vous disiez ? » face à une remarque désobligeante par exemple, à dégainer automatiquement dans une situation récurrente, histoire de gagner les quelques secondes nécessaires pour trouver la réplique appropriée. Y’a mieux, mais c’est plus cher (genre 75€ la séance)…

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J
En tout cas, bravo Marie et Jennifer d'avoir ainsi dépassé vos limites... Et c'est vrai que, une fois qu'on y parvient, ben ça nous arrive beaucoup moins souvent. On dit en développement personnel "What you resist, persists"... Nous avons chacun nos démons intérieurs à dompter qui continuent à nous chatouiller tant qu'on les ignore mais qui perdent de leur pouvoir comme on dégonfle une baudruche une fois qu'on les confronte !
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M
C'est dingue, ça m'arrive tout le temps ce genre de truc... Il faut vraiment que je cultive mon jardin de phrases tac au tac.Dans le même esprit, j'ai développé une stratégie pour lutter (en amateure) contre les reluquages accompagnés de paroles grossières que certains hommes se croient obligés de vous servir à tout bout de champ. Avant, je tentais en vain de répondre ou d'ignorer en bouillant intérieurement et en me disant que c'était inadmissible qu'ils se permettent ce genre de choses sous prétexte qu'on ne peut pas leur en coller une. Généralement après l'une ou l'autre de ces solutions : j'entendais un sa____ ou un co____ ou d'autres mots du même style, ce qui n'arrangeait rien.Depuis quelques temps, j'ai donc sorti ma botte secrète : je me place en face du malotru et je le regarde fixement d'un air neutre, sans rien dire, pendant 30 à 40 secondes. Comme généralement l'homme en question fait ce genre de choses devant au minimum un autre homme (je ne sais pas pourquoi d'ailleurs), l'autre se met invariablement à se foutre de sa gueule, je repars donc le coeur léger...J'ai expérimenté ça 2 ou 3 fois, et ça marche à tous les coups !! Evidemment, ce n'est que ponctuel mais ça ne coûte rien d'essayer.
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J
C'est une très jolie analyse que cet article, je trouve et une bien belle façon d'appréhender ces micros évenements qui nous énervent tant...  en faire des leçons de vie?  Je ne l'aurais pas imaginé mais en réalité, il me semble pouvoir dire que c'est ce que j'en ai fait, dès mon plus jeune âge. J'ai souffert d'une trop grande timidité qui m'handicapait dans mes rapports aux adultes et comme à cet âge là, on tolère mal l'injustice (à notre âge aussi mais on a l'habitude!) j'en souffrais énormément... marre d'être prise pour une idiote sous prexte qu'en plus d'être une enfant, j'étais timide, j'ai décidé de ne plus me laisser faire. Je m'imposais des épreuves comme par exemple aller chercher des bonbons chez cet épicier que je détestais et qui m'humiliait. Aujourd'hui, je ne sais même plus ce que c'est que d'être timide... c'est sans doute pour ça que je ne me retrouve que très rarement confrontée à l'agressivité ou la mauvaise foi des gens envers moi. Mais quand ça arrive, il ne me faut pas 5 secondes pour dégainer, je m'entends répondre avant même d'avoir eu le temps de réfléchir et ça sonne toujours juste!  Mes amies envient cette répartie, je ne sais même pas comment l'expliquer. Lucide et à froid, je me dis qu'un jour, je vais me prendre une claque mais en attendant, je continue à m'imposer, que ce soit dans les transports, aux caisses des magasins ou avec mes proches, sans me départir de mon sourire car ma mère m'a bien élevée, je suis d'une politesse exemplaire! Faut juste pas trop me chercher...
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J
Vous apportez de l'eau à mon moulin, DPL et Laure (heureusement d'ailleurs, car sans vos deux seuls commentaires, mon moulin serait à sec !) : on a chacun notre petite scénario qui revient, comme si l'autre avait des antennes pour sentir nos faiblesses ou comme si nos faiblesses faisaient office d'aimant : du trop gentil qui attire les teneurs de jambe au trublion qu'on cherche à mater en passant par la gamine prise en faute... à nous d'en faire des "leçons de vie" car c'est sans doute dans ce but que ces altercations se produisent, ce sont des opportunités, pas des obstacles !
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D
Quelle aventure ! C'est dingue ce qu'il se passe au Monoprix. Perso, je fais mes courses à Atac, et les seuls risques que j'ai, c'est de croiser ma mère... ou de croiser ma cousine qui veut que je lui prenne un truc en hauteur (elle, petite, moi, grand).Sinon, la semaine dernière, un mec m'a tenu la jambe dans le métro... j'ai été très poli, très gentil, pendant qu'il me parlait du beau temps. Mais quand je suis sorti du métro, il pleuvait... pas cool... Bon, on m'a pas insulté, mais avec le recul, je pense qu'il m'avait pris pour un con (quand je suis entré dans le métro, il faisait beau... j'ai dû rester bien longtemps à l'intérieur).
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