Changer de vie ou le blues de la business-woman : Ma petite entreprise, connaît bien la crise…

Publié le par Juliette

Puzzle-bo--te.jpgIl y a douze ans, je créais ma boîte et trois ans plus tard, je déposais le bilan. J’avais alors 28 ans et j’avais passé trois ans à ne vivre que pour elle, le jour je m’occupais de ses problèmes, le soir j’y pensais et la nuit j’en rêvais. Certes, je n’ai jamais eu le temps de m’ennuyer, je me suis même plutôt éclatée, mais je n’ai pas "vécu", j’étais devenue ma boîte et il me restait l’amère sensation d’avoir laissé filer ma jeunesse en chassant ma carrière. Pour couronner ce fiasco, j’avais tellement de dettes personnelles qu’il me fallait un SMIC mensuel rien que pour les combler. La logique aurait voulu que je me vende à une grande entreprise pour gagner plein d’argent et continuer à courir, mais humainement j’en pouvais plus. J’avais besoin de déployer ma créativité autrement qu’à travers le business. J’ai donc fait un truc politiquement pas correct à une époque où un consultant se vouait au client roi à raison de 60 heures par semaine : J’ai décidé de ne plus jamais consacrer tout mon temps aux affaires. Il me fallut d’abord cacher mes activités annexes comme une maladie honteuse. Il suffisait que j’avoue à un de mes clients que j’allais à la fac pour que, comme par hasard, il se mettre à douter de mon investissement.
Cerf-ours.gifAu-delà de l’évolution des mentalités, mon changement de vie se heurtait à un autre obstacle : le fait d’avoir une expertise pointue, prisée et rare
(la recherche de nouveaux clients pour des entreprises de service à forte valeur ajoutée) qui me rattrapait à chaque fois que j’essayais de m’en éloigner. Je rencontrais un directeur de casting pour faire de la figuration… et voilà qu’il voulait que j’assure la promotion de l’agence événementielle qu’il dirigeait par ailleurs. Je proposais au directeur de communication d’un fameux voyagiste un livre sur la Turquie… et voilà qu’il avait aussi sa propre agence de communication qui requérait mes services. J’étais confrontée à une de ces lois non écrites du changement de vie, souligné par William Bridges dans son livre « Transitions de vie » : « Quelque chose nous ramène toujours à nos activités précédentes ». Comme si le diable me tirait par les pieds et m’exhortait à choisir mon camp. Tous mes projets avortaient dans l’œuf… mais j’avais de plus en plus de client ! J’ai du prendre le risque de me désengager complètement de mon activité de consultante pour avoir un écho à mon désir de changer de vie. Il m’a fallu 7 ans pour y arriver, pour que tout se débloque en même temps puisque j’ai signé le même été mon premier contrat d’édition et mon premier engagement pour la télévision (pour plus de détails, lire « Qui suis-je ? » dans la colonne de gauche).
Casual-friday.jpg Aujourd’hui, le champ des possibles s’est considérablement élargi. Mon métier de consultante reste mon capital de base, mon activité d’auteur me garantit une échappatoire, un équilibre, un épanouissement et mes autres projets me permettent de continuer à rêver sans m'attacher au résultat. Bref, je n’attends plus d’eux qu’ils changent ma vie car c’est déjà fait.
Pourquoi je vous raconte tout ça aujourd’hui ? Parce que c’est le thème de ma prochaine Courge « Un an pour changer de vie » et que j’espère amorcer ainsi d’autres témoignages… Auriez-vous des blogs, journal d’une transition ou hommage aux aventuriers du changement de vie, à me signaler ? Il va sans dire que si vous-même avez changé de vie pour changer de métier ou changer le monde, vous mettre au vert ou conquérir Hollywood, écrire un livre ou faire Koh Lanta, vous consacrer aux autres ou suivre un homme à l’autre bout du monde… Je compte sur vous pour tout me raconter !

Edit du 26 novembre : Voir aussi, autour de la même thématique,
mes billets sur la relativité des jobs de rêve, ici et ou encore , sur les conditions du changement de vie, sur le processus de deuil, sur votre job et vous ou sur
ces rêves qui s'évanouissent sitôt qu'ils sont vécus
... tout un programme !

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
M
Voilà un sujet riche ! Perso, j'ai sauté dans le vide après une prise de conscience écolo. Après m'être complètement remise en question sur mes habitudes personnelles (maison, mode, enfant ...) pour être plus durable dans mes consommations et mes raisonnements, j'ai remis en cause mon chemin professionnel tout tracé au marketing d'un grand groupe. J'ai voulu tout changer jusqu'à mon travail pour être en cohérence avec mon évolution personnelle. Cela a été difficile (et comme j'évolue encore beaucoup ça continue de ne pas être facile). Le doute est permanent, l'incertitude financière n'arrange rien. Mais, ce qui me fait tenir ce sont mes enfants (car c'est vraiment pour eux que je me bats au quotidien) et mon mari (c'est con mais avoir son soutien inconditionnel est la meilleure des bouées de sauvetage). J'ai témoigné sur mon blog sur la création de mlle bio (avec un axe plus pro). Mais si tu veux en parler, je suis dispo. En revanche, je suis convaincue comme toi que l'essentiel est de bien comprendre le moteur du changement pour être sûre de soi (si tant est que ce soit possible) quand on a à faire face à l'adversité (et notamment à toute la pression sociale extérieure) !!!
Répondre
D
J'ai déjà changé de vies plusieurs fois, mais qui aujourd'hui peut se vanter de n'en avoir qu'une, linéaire et conforme au point de départ ?Même si la précarité pointée du doigt par Parisot n'est pas une qualité il est un fait qu'elle est bien présente (la précarité hein, pas Parisot) pour tout le monde, que ce soit dans nos vies professionnelles comme dans nos vies sentimentales.Pour ma part, deux grands tournants ont marqué ma vie, le premier, choisi sur un coup de tête a consisté à tout quitter pour suivre un homme en Afrique (où je n'avais jamais mis les pieds), à peine deux mois après l'avoir rencontré, et changé non seulement de pays, mais également de continent, de culture, de métier, d'amis, de climat et de paysages.Le second, 15 ans après, a été le retour encore plus brutal, en 48 heures et l'abandon de cette même vie pour un retour en France, cette fois non choisi et toute la difficulté que cela a représenté.Le froid, les problèmes de fric, de distance,de maladie, de boulot.Et puis, on reprend ses marques, on se remet dans la course, tant qu'on fait un métier qu'on aime (et c'est mon cas) et qu'on est bien entouré, que l'amour est là, finalement on s'en sort toujours.
Répondre
D
Hé bé, Juliette, t'as quand même une vie de dingue. Je me demande comment t'as fait... Tu penses qu'un jour on fera un film sur toi ? Toujours est-il que pour les changements de vie, j'ai envie de faire de la philosophie (je sais, je suis un déglingo, un cascadeur) grecque (non, n'allez pas vous faire voir) : "si tu as de la chance, traverse, si tu as de la destinée, avance". J'adore cette maxime. Si l'on croit en soi (ou en nylon... désolé, j'étais obligé de la faire, c'est la grande blague que je fais à chaque fois avec mon collègue de travail), il faut y aller, et la destinée fera le reste (oui, j'ai un côté très stoïcien dans ma façon de voir la vie).
Répondre
L
Juliette, tu ferais à coup sûr un excellent coach ! Et j'adore ta chute... Merci !En attendant, j'ai écrit un nouvel article sur mon premir emploi, à temps partiel, et pas dans ma branche. Déjà, que de chemin parcouru ! Alors pour la suite, vais-je avoir l'audace de tenter autre chose ?Je te tiens au courant...
Répondre
J
Quelques petites précisions pour répondre à tes interrogations Laure :- En changeant de vie, on ne se transforme pas, on ne devient pas quelqu'un d'autre et croire qu'on va se débarrasser de ses problèmes et de ses névroses en changeant de paysage est un des grands pièges du changement de vie... donc, ta motivation est la bonne !- En changeant de vie, on est dans le destin personnel et donc la rupture par rapport à un tracé rationnel et logique auquel tout le monde s'attend, normal de passer pour "écervelée, inconsciente, à côté de la plaque", comme Galilée... avait-il tord pour autant ?- Certes, apprendre l'anglais à 35 n'est pas "raisonnable" (j'en sais quelque chose, moi qui me suis mise à apprendre le Turc à 30 ans... j'ai aujourd'hui une licence de turc, mais je ne sais toujours pas parler le turc) mais l'essentiel c'est d'apprécier le chemin parcouru sans focaliser sur le but. Apprendre une nouvelle langue est un excellent exercice pour le cerveau en contribuant à entretenir sa jeunesse.-Enfin, te sentiras-tu mieux en essayant sans réussir à atteindre ton but final ou en regrettant toute ta vie de n'avoir pas essayé ? Comme disait Audiard "Un con qui marche va plus loin qu'un intellectuel assis" !
Répondre