Et si réussir sa vie était un sport d’équipe ?
Dans ma courge sur le thème changer de vie (ou « prendre une année sabbatique et oser changer de vie », titre provisoire qui ne m’emballe pas, forte récompense à qui ma proposera mieux !) je consacre un chapitre à l’équipe. Car même si un changement de vie est une traversée en solitaire et à contre-courant, personne ne réussit jamais seul et chacun, à un moment donné, a besoin de rameuter ses troupes pour souffler dans les voiles et faire avancer le projet. Construire un projet, c’est aussi constituer son équipe sur mesure, comme dans les meilleures séries américaines, avec des interlocuteurs qu’on choisit et d’autres qu’on subit.
1. Le jury : Il s’agit d’un pro à l’expertise reconnue, qui n’aura de préférence pas d’influence directe sur la finalité de votre projet afin de pouvoir compter sur son impartialité et ne pas vous « griller ». Il doit être « dur mais juste ». C’est le premier filtre par lequel devra passer votre argumentaire, ne fus-ce que pour vérifier que vous n’allez pas dans le mur. L’idée c’est d’obtenir un avis éclairé, objectif et argumenté à la fois sur votre projet et sur vos capacités à le porter. Le jury est généralement quelqu’un de très sollicité, que vous ne connaissez pas et qui n’a, à priori, jamais le temps. Vous devrez vous armer de patience, de détermination et de compétences pour accéder jusqu’à lui (savoir rédiger une lettre punchy, passer un casting, relancer par téléphone…). Votre atout : Son ego et son altruisme. Nul doute que lui-même est passé par le bas de l’échelle et peut se sent-il redevable, désireux de transmettre son expertise.
2. Le confident : C’est souvent votre meilleur ami, votre compagnon de fortune et d’infortune, dont l’objectivité importe moins que la capacité à vous soutenir sans vous juger, quelles que soient les circonstances. C’est la personne qui aura toujours été là pour vous, qui aura suivi l’évolution de votre projet « pour le meilleur et pour le pire », qui vous aura prêté son épaule et suivi sur les montagnes russes.
Au pire des cas, ce sera un psy. D’accord, il faudra payer pour qu’il vous écoute mais au moins ne risque-t-il pas de vous assener « je te l’avais bien dit » au premier accroc ou « ça ne va pas durer » quand ça commence à marcher. Dans le meilleur des cas, ce sera votre moitié qui, dans l’ombre, aura assumé tous les rôles : supporter, facilitateur, remonteur de moral, bouée de sauvetage... Le projet paraît toujours moins lourd quand il est porté à deux
3. Le fan : Encore mieux qu’une confidente dans les moments de doute, le fan croit en vous plus que vous n’y croyez vous-même. Il analyse comme talent des inclinaisons personnelles qui vous semblent naturelles. C’est parfois votre mère, ou quelqu’un qui vous dit depuis toujours que « vous devriez écrire » ou que vous êtes « faite pour le management », ou encore quelqu’un atteint du « syndrome de la réussite par procuration ». Autrement dit, votre réussite sera la sienne ! Son appui est bien sûr inconditionnel et sa subjectivité précieuse puisque le fan a la faculté de ne voir que vos qualités, de vous faire sortir du lot, de vous mettre sur un piédestal…. En particulier quand vous-même vous sentez englués et le moral en berne.
4. Le proche : Le proche est un membre de la famille, beaucoup plus concerné, donc bien plus insécurisé par votre projet. Il a peur pour vous, mais aussi peur pour lui, peur de voir s’écrouler son petit monde,
peur d’être négligé, abandonné, laissé pour compte et ses peurs, il aura tendance à les projeter sur vous. Dans l’absolu, le proche serait plutôt quelqu’un à éviter dans un processus de changement de vie, ou du moins à impliquer au dernier moment, quand vous êtes sûr de votre coup. Faites lui alors comprendre les impératifs de votre projet, prenez-en la responsabilité (sans demander pour autant une bénédiction), sachez le convaincre que ce n’est pas une lubie et préparez les réponses à ses moindres interrogations. Changer de vie est aussi un exercice de créativité, se stratégie et de communication. Votre maître mot : le rassurer ! Généralement, il a juste besoin de savoir que vous allez continuer à l’aimer, quoi qu’il arrive. Vous n’en ferez peut-être pas un allié, mais au moins un coéquipier bienveillant qui vous aidera à tirer la corde quand vous n’en pourrez plus.
5. Le modèle : C’est celui qui a « cassé les plâtres ». Il est la démonstration, la preuve vivante qu’on peut y arriver. Sa fonction principale est de vous inspirer. Vous n’avez pas forcément besoin de le connaître ou de le fréquenter. Une star fait parfois fort bien l’affaire. Son parcours, son mode de fonctionnement vous aideront à façonner votre propre discipline du changement. Mais le modèle n’est pas forcément célèbre, il peut se recruter dans la vie de tous les jours, sur Internet, dans une association… C’est tantôt un mentor, un aîné sage et expérimenté ou un pro, qui connaît les joueurs, les stratégies et les pièges. Il sera généralement ravi de vous mettre au parfum, le modèle étant souvent un prophète dans sa partie, toujours désireux de convertir de nouveaux disciples.
La suite ici, avec : le coach (contradicteur/avocat du diable), le financier, l’homme de loi, l’acheteur (client/employeur) et le prescripteur.