De l’avantage (ou non) de manquer de discrétion…
J’ai beau me connaître, savoir que je parle trop et trop fort, que je devrais tourner ma langue sept fois dans ma bouche avant de l’ouvrir. J’ai beau avoir l’habitude de me faire remarquer avec ma grande gueule et de ma discrétion légendaire.
J’ai beau encore et toujours me faire avoir en cédant à mes travers, en particulier à cette fâcheuse tendance à raconter ma vie à tout le monde. J’ai beau vivre dans ce champ de mines depuis plus de quarante ans, l’autre jour, j’ai quand même réussi à me surprendre, à me dépasser moi-même. Il m’est arrivé un truc qui va au-delà de l’entendement, même pour quelqu’un comme moi. Comment est-il par Dieu possible de se mettre dans une telle situation ? Bref, comment ais-je bien pu me retrouver à clamer haut et fort dans un bureau de poste, face à des guichetiers et à un public d’usagers ne me connaissant ni d’Adam, ni d’Eve et qui, c'est sûr, n’en demandant pas tant, « Oui, mais moi, je suis très fécondable » !??? Je n’y suis pour rien je vous assure, c’est la faute au fil et à l’aiguille. Que je vous explique : Au départ, je venais juste récupérer un colis pour une copine que la guichetière, je ne sais trop pourquoi, a pris pour ma fille sur la photo de la carte d’identité que je lui tendais. Je lui dis que non, d’ailleurs je n’ai pas de fille, je ne fais que des fils (c’est vrai que je n’avais pas nécessairement besoin d'apporter cette précision). Elle me lance l’habituel « bah, la troisième sera une fille ». J’opine en précisant que j’avais bien l’intention de tout faire pour réaliser cette prédiction grâce au régime du docteur Papa. S’en suit un débat sur l’efficacité relative de ce fameux « régime fille » et, en particulier, sur combien de temps avant la fécondation il faut l’entreprendre. La guichetière argue que j’ai intérêt à le commencer très tôt et je lance, de fil en aiguille donc, « Oui, mais moi, je suis très fécondable ».
Mais bon, le manque de discrétion n’a pas que des inconvénients puisque je lui dois… la tonicité de mon périnée (du fil à l’aiguille, passons du coq à l’âne). En effet, c’est entendu, je ne sais rien faire discrètement : Je provoque un tremblement de terre quand je me mouche, je manque tomber par terre à chaque fois que j’éternue, j’effraye les gens par mon volume sonore quand je leur parle, j’en passe et des biens plus gratinées. Mais du coup, je déploie tellement d’énergie à chaque éternuement, quinte de toux, prise de parole… que mon périnée a pris l’habitude de se contracter pour éviter les fuites et que, du coup, il est hyper musclé. C’est mon coach qui me l’a dit, la sage-femme qui s’est occupée de sa remise en forme juste après mon deuxième accouchement. Y’avait rien à faire, mon périnée était dans une forme pétante, mieux que chez une gamine de vingt ans, je battais d’une contraction la machine et la sonde, j’étais la Miss Muscle du Périnée, j’aurais pu casser une noix avec !
Tout ça pour dire qu’on ferait bien de voir d’un autre œil nos petits défauts, nos traits de personnalité gênants, nos péchés mignons, nos faiblesses relatives, nos douces névroses, tout ces petits riens qui nous minent, histoire d’en tirer avantage ! Je suis sûre qu’en cherchant bien, vous aussi vous allez trouver… et par des circonvolutions moins tordues que les miennes !