Et si nous parlions un peu (aussi) du papa blues ?

Publié le par Juliette

 

Pour clore ma thématique post-partum (encore 15 jours et je rends mon tout) parlons un peu de nos amis les hommes car c’est quand même la grande nouveauté, son apparition dans ce qui relevait jadis de l’obédience strictement féminine. Cet homme qui n’est plus seulement un époux et père pourvoyeur de ressources mais
un compagnon, un partenaire de vie, un membre actif de la famille par tous les aspects. Il donne le biberon, change bébé, prépare le bain, d’aucun même, paraît-il, se réveille la nuit et se lève pour s’occuper du rejeton criant famine, fort bien ! Mais il n’est pas superman pour autant. N’oublions pas qu’il ne bénéficie pas du même lien viscéral avec l’enfant, qu’il n’a pas eu neuf mois pour s’y faire et qu’il ne devient réellement père qu’au moment où il voit l’enfant… et encore, certains ont besoin qu’il marque d’abord ses premiers buts ! Il est confronté à ses propres peurs, voire à une vraie crise existentielle, soudain frappé par la révélation qu’il lui faudra assurer, à tout point de vue, être présent, engagé et cette "force du devoir, de la nécessité d’être là" en déstabilise plus d’un. Il est seul face à un blues inavouable, déjà évoqué ici, et à des challenge qui peuvent lui paraître insurmontables « Changer des couches ? Mais j’ai jamais changé des couches, moi ! » (Parce que nous autres les femmes, on apprend ça dès la deuxième année de maternelle, bien sûr !). Il traverse lui-même un processus auquel nulle expérience empirique ne l’a préparé, obligé de "subir avec impuissance le résultat d'un grand moment de puissance", comme le disait si bien mon fidèle DPL. Nous autres femmes nous plaignons d'être si peu préparées à l'après-accouchement mais eux le sont encore bien moins, ils font juste partie des "suggestions d'accompagnement" comme dit la pub, cette période est donc très difficile pour eux (aussi)...

 

1. Parce que tout commence pour lui à la naissance, c'est le bébé le moteur de sa partenité, difficile de se sentir père du ventre de sa femme.
2. Parce que dans les tous premiers jours, l’enfant a visiblement un besoin de « réassurance primal » passant par l’odeur, la peau, la voix de sa mère qui l’apaisent mieux que ses bras, il ne sait pas encore que bientôt il saura à l’inverse mieux que maman calmer ses pleur

3. Parce qu’il doit concilier du jour au lendemain vie professionnelles et nouvelles responsabilités familiales, faire le lien avec le monde extérieur.

4. Parce qu’il se voit toujours comme le fournisseur officiel du mammouth qui nourrira la famille et qu’il a peur de ne pas être à la hauteur des nouveaux défis qui s’imposent à lui.

5. Parce qu’avec la fin des stéréotype, du papa forcément « chef de famille » et représentant de la loi, il a du mal à trouver sa place et à se situer clairement.

6. Parce qu’il lui arrive d »avoir besoin de sombrer dans une sorte de régression temporaire qui lui fait rechercher les jupes de sa mère, réelle ou de substitution, pour se faire dorloter avant de passer de fils à père.

7. Parce qu’il se retrouve parfois dans un conflit de loyauté entre sa femme et sa mère, quand elles ne s’apprécient pas ou ne sont pas d’accord entre elles.

8. Parce qu’il se sent frustré, impuissant, simple observateur d’un phénomène qui lui échappe.

9. Parce qu’il est tout bêtement jaloux de l’attention portée à l’enfant, envieux d’une symbiose qui n’est pas à sa portée et dont il peut facilement se sentir exclu, avec l’impression de « perdre » sa femme.

10. Parce qu’il est facilement impressionnée par l’apparente fragilité du bébé et qu’il ne bénéficie pas du lien charnel qui forge l’instinct.

11. Parce qu’il a peur de ne pas retrouver sa compagne, et pas uniquement physiquement, quand il découvre une furie hirsute et vociférante en rentrant du travail le soir.

12. Parce qu’il ne comprend plus sa femme, noyée dans un verre d’eau alors qu’elle fut jadis si forte, oubliant qu’elle est d’astreinte 24 heures sur 24 alors que lui n’est que parent intermittent, forcément plus patient et résistant.

13. Parce qu’il a le sentiment que quoi qu’il fasse, quoi qu’il dise, ce n’est jamais assez bien ou suffisant et qu’il n’obtient que peu de validation, de confirmation de sa démarche.

14. Parce qu’il manque d’espace de parole, qu’il n’a que peu l’opportunité de partager ce qu’il vit et que personne ne s’intéresse réellement à son ressenti à lui.

15. Parce qu’il a du mal à rentrer dans sa peau de père et à tisser le lien avec l’enfant, la relation restant abstraite et extérieure pour lui.

16. Parce qu’il est seul, confronté à un « papa blues », qui ne manifeste souvent chez lui de manière physique (entorse, lumbago…), l’obligeant ainsi à se poser dans son rôle de père.

17. Parce que lui aussi aimerait pouvoir parfois craquer alors qu’il lui faut tout le temps être fort, rassurant, protecteur.

18. Parce qu’il a du mal à se projeter dans un avenir plus serein, qu’il a l’impression que sa vie va se transformer en enfer et qu’il se sent piégé.

19. Parce que c’est fragile, un homme !

A vous pour la vingtième excuse en commentaire !

Publié dans Nos Amis les Hommes

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P
Mmm... Je suis tombée moi sur le genre poule. THE specimen de père maternel.Du genre qui couve la marmichette jolie comme une laie ses marcassins.Super chou, et très émouvant, au passage, le papounet qui vous raconte ses larmes lors de la première écho, et de la deuxième, et de la troisième, et les nuits passées au pied du berceau de la même, assis par terre en train de lui tenir le peton pour qu'elle ne se sente pas seule.Hyper frustrant quand il vous dit que non, même si on est hyper en retard pour partir au boulot, même si vous êtes prête de pied en cap et lui pas encore, et même si la mômichette attend qu'on lui fasse sa couette, c'est LUI qui fera la couette. Et surtout pas vous, malheureuse. Car "ce n'est pas ta fille, ce n'est pas ta nièce, et non, ce n'est pas non plus comme les enfants que tu gardais quand tu étais nounou". Bon, vous, vous trouvez juste normal de mettre la main à la pâte, hein... Mais non. Vous avez le droit de cuisiner et de débarrasser la table si vraiment vous voulez, mais coiffer la marmottine pendant qu'il se rase, seigneur, quel crime de lèse-paternité...Bref, c'est au point que j'hésiterais franchement à faire un enfant avec lui, de peur qu'il n'accapare le bébé et ne veuille en être à la fois le père et la mère. Surtout qu'en plus, lui, il pourrait dire "JE LE SAIS, j'ai DEJA un enfant, et pas toi".Strudel, hors sujet je crois
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G
Histore plus perso, maintenant, sur mon mari à moi. Qui a fait une dépression pendant que j'étais enceinte. Après la 1ère écho, plus précisément. Ca a été pour lui l'événement déclencheur du sentiment de paternité. Le fait de voir son bébé, même par écran interposé.L'écho s'est bien passée, mais quelques jours après, il est devenu de plus en plus désagréable, voire même odieux. Il a complètement pété un cable. Jusqu'à un soir, où il m'a carrément dit qu'il n'avait jamais demandé à avoir un enfant...Juste pour info, on avait choisi ensemble le moment de faire cet enfant, je ne l'avais pas piégé. Ca faisait quelques années qu'on vivait ensemble, on s'était marié pour faire un enfant... donc il attendait vraiment cet enfant.Bref, le soir en question, je suis partie en claquant la porte et en pleurant. Et j'ai passé un certain temps à me dire que "tant pis, je vais l'élever toute seule". Pour calmer un peu tout ça, je suis allée au ciné. Et pendant la séance, j'ai vu que mon mari essayait d'appeler. J'étais tellement énervée et en colère, que je l'ai laissé mariner un bon moment (plusieurs heures). Et quand je l'ai enfin rappelé, il s'est confondu en excuses, m'a demandé de rentrer... on a beaucoup parlé. Suite à cette soirée, tout est rentré dans l'ordre. Il est redevenu celui que je connaissais.Je pense que ce qui s'est joué pour lui, sans qu'il en prenne conscience, ce sont toutes ces peurs que tu évoques, et plus particulièrement le fait de pouvoir assumer financièrement un enfant. Sauf qu'il n'avait pas mis le doigt dessus, jusqu'au soir fatiditque où il a été obligé de tout déballer.Depuis, rassurez-vous, ça va super. Pour la 2ème grossesse, j'appréhendais la 1ère écho par peur de revivre ce que je viens de vous raconter. Mais ça s'est super bien passé.Un dernier conseil : faites parler vos hommes. Cuisinez-les un peu pour désamorcer ensemble toutes ces peurs qui peuvent vite devenir irrationnelles si on les garde pour soi et qu'on les rumine.
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G
20ème excuse : parce qu'il est épuisé. Exemple d'un ami, dont la femme a eu un accouchement difficile. Le médecin, au sortir de la salle d'accouchement, l'a prévenu que sa femme était fatiguée, qu'elle risquait une dépression et qu'il fallait tout mettre en oeuvre pour qu'elle soit le plus aidée, que tout soit prêt quand elle rentrera à la maison... (au passage, super, le médecin !)Bref, cet ami, en retard sur la préparation de la chambre du bébé, a donc mis les bouchées doubles pendant les 3 jours du séjour maternité, pour que la maison soit fin prête pour le retour de sa femme et du bébé. Ca, + le boulot dans la journée, les visites à la maternité, l'émotion de devenir père... En gros, il n'a pas dormi beaucoup pendant les 3 jours. Sa femme est rentrée de la maternité. En pleine forme ou presque (n'exagérons pas, non plus...). Quant à lui, il a fait une vraie dépression, pendant plusieurs jours. Probablement à cause d'un mélange de toutes les raisons que tu évoques, + la fatigue. D'autant que, fait rare comme tu le soulignes, il fait partie de la race de ces hommes (probablement génétiquement modifiés) qui se lèvent la nuit. Alors que sa femme n'entendait même pas le bébé pleurer. Et effectivement, c'est dur pour un papa d'aller se plaindre ou même juste évoquer le fait qu'il est fatigué, alors même que c'est sa femme qui a accouché, etc...D'autant que cette histoire se passe il y a presque 20 ans. Et à cette époque, on s'occupait encore moins que maintenant du ressenti du papa.
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