Quand l’homme fait le ménage…
Dimanche c’était donc la Fêtes des Mères et mon homme, qui n’avait pas envie de se prendre la tête à me trouver un cadeau, m’a proposé d’être mon esclave « Tu s’occupes de rien, je s’occupes de tout ! », un magnifique cadeau pour qui connaît ma passion pour les arts ménagers. J’étais donc supposée ne strictement rien faire de la journée. Un tel programme se résumerait pour mon mari à se coller à son ordi, le casque sur la tête, sans même passer par la case salle de bain, en laissant traîner derrière lui ses affaires tel le Petit Poucet ses petits cailloux.
A peine daignerait-t-il de temps en temps détourner ses yeux pour me lancer un « qu’est-ce qu’on mange ? » ou un « tu me fais un café, chérie ? »… quoi qu’à bien y réfléchir, je crois que même dans ces moments-là, il ne quitterait pas l’écran des yeux. Quant à moi, ne « rien faire » consista dimanche, à m’occuper de bébé et de son biberon dès 7 heures du matin (bien entendu, le contrat de monsieur ne commençait qu’à 10 heures), à faire trois machines et à suspendre le linge (si j’avais à expliquer l’art du tri, du lavage et du suspendage à mon mari, on y serait encore), à vider et ranger la machine à laver la vaisselle (si c’est lui qui le fait, je ne retrouve plus rien), à nourrir toute la famille en respectant les exigences de chacun et à m’occuper de moult tâches sur le chemin : Les chaussettes qui traînent, les jouets à ranger, un peu de poussière par ci, deux trois trucs à remettre en place par là, bref, mille et une choses à côté desquels mon mari passe sans les voir. J’ai quand même réussi, je dois bien le reconnaître, à passer une demi-heure dans le jardin, couchée sur ma chaise longue. J’avais certes bébé à mes pieds et mon mari qui me charriait copieusement « Alors ça va princesse ? C’est agréable de ne rien faire, hein ? », mais bon, c’est toujours ça de pris.
Pendant ce temps mon mari, récurait et astiquait la cuisine (7 mètres carrés) et la salle de bain (guère plus), ce qui me prendrait deux heures tout au plus sauf que, quand mon homme fait le ménage, il ne faut surtout pas que j’attende de lui :
- qu’il aille vite,
- qu’il procède à ma façon,
- qu’il prenne conscience des priorités,
- qu’il termine en temps et en heure.
Donc, par exemple, la boîte que j’ai planqué tout en haut de l’armoire avec tout mon matériel de manucure que je n’utilise plus depuis des années et qui contient plus de poussière que d’items, il va la nettoyer, pièce par pièce, jusqu'au moindre ustensile, là où moi j’aurais bien fini un jour par extraire les deux ou trois produits qui en valent la peine et à balancer le reste à la poubelle. Pendant ce temps, le travail ne continue pas tout seul… le dessus de mon armoire sera ainsi parfaitement nettoyé mais les éléments et portes de placard à la vue de tous resteront aussi crasseux qu’au départ. Mais tous ceci ne serait pas bien grave - après tout les choses que je ne nettoie jamais vont enfin l’être - si mon mari ne se découvrait soudain expert en organisation domestique, jugeant de ce qui m’est utile ou non, de la meilleure place de chaque objet dans une cuisine où il ne met d'habitude guère les pieds.
Je retrouve ainsi à la poubelle la moitié de mes Tupperware trop nombreux à son goût ; le petit électroménager agencé de telle façon que je n’accède pas aux boutons ; biberons, lait, eaux et appareil de chauffage éclatés aux quatre coins cardinaux ; y’a même des trucs que je ne retrouve plus du tout et il me faut bien une heure pour reranger tout ce qui a été dérangé. J'ai droit en plus à une leçon de morale sur mon manque de logique et ma tendance à accumuler des choses que je n’utilise pas ! A la fin de journée, ni cuisine, ni salle de bain n’étaient finies, mon mari avait passé la serpillière dans l’une et s’était arrêté devant l’autre, le saut entre les deux et lui vautré dans le canapé « ben ouais, j’avais faim ».
Et quand l’homme a faim, le monde se met sur pause. Vous comprendrez que, à ce rythme-là, j’étais passablement énervée et non pétrie de reconnaissance comme j’aurais du l’être, d’autant que nous attendions du monde en soirée, alors devinez qui s’est finalement chargé de nettoyer le reste de la maison ?
Et vous, elle a été bonne, votre fête des mères ?