A quoi pensent les hommes (pour peu qu’ils pensent) ?
Avec un été qui s’achève dans un mois (ou déjà terminé, si l’on regarde par la fenêtre), il serait peut-être temps que je vous livre enfin le billet promis reprenant les grandes lignes de mon intervention à Direct 8 sur le thème des « livres bien-être : les incontournables de votre été ! » De toute façon, la littérature n’a pas de saison, la plupart des bouquins évoqués sont sortis depuis des lustres et, en les lisant, c’est avant tout dans le cœur et l’esprit que l’été se passe (admirez cet art consommé de se raccrocher aux branches). Intronisée experte du couple, c’est donc le sujet « relations amoureuses et sexuelles » qui m’était échue. Pour changer un peu de la littérature de poulette, je me suis intéressée au point de vue et pensées de nos amis les hommes en présentant trois auteurs : un psy, un scientifique et un romancier.
On commence avec la bible des relations hommes-femmes, il s’agit bien sûr du fameux « les hommes viennent de mars, les femmes viennent de vénus », C’est vraiment le livre qui a changé ma vie puisqu’il fait en somme l’autopsie de mes relations passées. Tout ce qu’il ne faut pas faire, je lai fait. Et c’est grâce à John Gray que j’ai compris que les hommes et les femmes, c’est pas pareil, que ça n’a pas les mêmes besoins et que traiter l’autre de la manière dont on voudrait être traité relève du sabotage. Si certains d'entre vous ne l’ont pas encore lu, c’est l’été ou jamais pour le faire, quant aux autres, une piqûre de rappel ne fera pas de mal. J’estime que, de même qu’on ne visite pas un nouveau pays sans son Guide du Routard dans la poche, on ne devrait pas commencer de nouvelle relation amoureuse sans son Mars et Vénus en poche. Et si d'aventure le vôtre continue à prendre la poussière sur votre table de nuit sans que vienne à Monsieur l’idée de le lire, tentez la thérapie par l’humour. Emmenez le donc voir le spectacle de Paul Dewandre, un véritable digest à la sauce humoristique ne pètant pas plus haut que les talents du bonhomme qui ne se prétend pas comique, mais sait rester juste et faire passer avec légèreté, pédagogie et empathie l’essentiel de la philosophie Mars&Vénus, tendant au public un miroir dans lequel chacun se reconnaît et s'autorise à rire de bon cœur. Une vraie réussite !
Passons à l’éminent professeur Robin Baker. On connaissait la « guerre des sexes », grâce à lui on va découvrir la « guerre du sperme » avec « Sperm Wars » (l’éditeur ne s’est pas fatigué à traduire). D’après l’auteur, la conception n’est pas comme nous le pensons naïvement le fruit du hasard mais de calculs reproductifs et de stratégies sexuelles inconscientes pour transmettre les meilleurs gènes à nos enfants. Il explique par exemple que seuls 1% des spermatozoïdes sont fertiles, les autres sont juste là pour combattre leurs rivaux. C’est lui aussi qui a démontré que 10% des enfants ne sont pas engendrés par leur père présumé, autrement dit : Un papa sur dix n’est pas le père biologique de l’enfant qu’il élève et qu’il croit être le sien !!! Ça fait réfléchir… Mais l’intérêt principal de ce bouquin c’est que, pour illustrer son propos, et en particulier que l’infidélité, la masturbation, l’homosexualité, le triolisme, etc participent aux stratégies de reproduction, l’auteur use et abuse de scènes sexuelles des plus explicites : ça partouze à tout va, les femmes trompent allègrement leur mari avec le jardinier ou l’équipe de foot locale, quand c’est pas avec la voisine de palier… bref, grâce au professeur Baker on va pouvoir s’encanailler, tout en passant pour un intellectuel assoiffé de connaissance !
On termine avec mon coup de cœur, Mike Gayle, un romancier anglais, qui est un peu le pendant masculin de Bridget Jones pour le style et d’Amélie Nothomb pour la régularité, puisqu’il nous pond un roman par an depuis 8 ans, dont quatre traduits en français (sans compter son séduisant site). En fait, là où Bridget Jones incarne la folie de l’engagement, les héros de Mike Gayle illustrent la phobie de l’engagement. C’est drôle, bien vu, bien écrit, bien ficelé et finalement plus pertinent et subversif que Bridget Jones, cette grande arnaque du siècle où l’auteure prétend déboulonner le Prince Charmant alors qu’elle ne fait que renforcer le mythe. Chacun des romans de Mike Gayle nous donne l’opportunité de plonger dans l’esprit de nos amis les hommes et de mieux comprendre leur mode de fonctionnement, leurs motivations, ce qui les anime, ce qui fait qu’un jour il s’emballent pour une nana et que le lendemain ils freinent des quatre fers. D’ailleurs, je vous conseille de les prendre dans l’ordre pour suivre l’évolution de célibataire endurci à célibataire adouci, puis trentenaire maqué, puis marié, puis papa… Et pour vous mettre l’eau à la bouche, je vous livre, en eeexclusivité pour vous, amis bloggers, un extrait de son dernier roman paru en France « Un dîner pour deux » (pas le meilleur, ça sent un peu trop le Mars & Vénus et le réchauffé à mon goût) : « Mis à part, de temps en temps, l’irruption d’une femme nue, rien ne se passe là-haut, dis-je en montrant ma tempe. Les hommes sont des visuels. Si nous pensons à quelque chose, ce quelque chose est neuf fois sur dix ce que nous avons sous les yeux. Comme ce truc, j’ajoute avec un geste vers le yucca posé sur la télé de la cuisine. Je ne sais pas combien de fois j’ai arrêté la télé pour me brancher sur cette plante et me demander à quoi elle penserait, si une plante pouvait penser ; si elle pourrait vivre ailleurs que dans son pot ; comment le mot yucca a été inventé et s’il est bien choisi ou pas ; tout ça pour finalement penser à des femmes toutes nues et aller me coucher ».
Sur ce, je vais penser à des hommes touts nus, puis aller me coucher !