L’œil de la ménagère : Un petit pas pour bébé, un grand pas pour l’humanité !
J’ai toujours cru que les bébés se mettaient à marcher du jour au lendemain, dès lors que leurs capacités psychomotrices s’y prêtaient, alors que le processus est bien plus complexe. Je n’ai jamais vécu avec mes enfants cet avant et cet après, ce grand moment où, paf, bébé se met soudain à marcher. Il faut dire que mes fils sont du genre très physiques, des explorateurs dévoués à un seul objectif, acquérir le plus vite possible la capacité de faire le plus de bêtises possibles. En rampant d’abord, et en la matière ils auraient pu entraîner un commando et situation de crise, puis à quatre patres, technique dans laquelle ils ont vite acquis la maîtrise d’un 4/4 tout terrain. Mais pour la marche, méthode de progression hasardeuse dominée par le déséquilibre, l’inefficacité et l’incertitude, ce fut une autre histoire ! Entre le moment où ils en eurent la compétence technique et le moment ou ils osèrent se lancer, Il leur fallu bien quelques mois. Leurs premiers pas ils les firent sans s’en rendre compte, concentrés par le jouet qu’ils tenaient dans leur main. Je me suis rendu compte que, chez bébé, la marche comme processus conscientisé n’arrive qu’à l’instant où il en prend la décision ! Et le voir vaillamment, fièrement, faire le pari fou de la marche est un instant magique, proprement époustouflant : A un moment donné, alors qu’aucune raison objective ne l’y pousse, alors que sa survie n’est pas en jeu, alors qu’il dispose d’autres techniques bien plus sûre pour avancer, bébé décide de se lancer dans le vide et se met à marcher ! Et tout l’être humain, ce qui fait son essence, sa singularité et sa grandeur – le pouvoir d’apprendre, de raisonner, d’évoluer et surtout, de choisir – se cristallise dans ces premiers pas, dans ce premier acte de développement personnel. Car faire un pas, c’est un peu comme avancer dans la vie, une fois lancé, le pied levé, pour ne pas tomber... on n’a d’autre choix que de reculer, ou d’accepter le déséquilibre en basculant vers l’avant. Evoluer, tout comme la marche, résulte d’un déséquilibre contrôlé. Grandir, c’est accepter de quitter une position confortable pour basculer dans l’inconnu. Et dire que les bébés nous en donnent l’exemple et nous assènent cette leçon de vie à peine leur première année révolue !