Pourquoi je n’échangerais pas 1 baril de salaire contre 2 barils de droits d’auteur
Voilà plus d’un mois que j’ai rejoins les rangs de ceux qui « se lèvent tôt pour travailler plus » (le pendant « pour gagner plus » restant à prouver) et d’aucuns pourraient se demander ce que diable je suis allée faire dans cette galère, à me taper deux heures et demie de transport quotidien, à trimer toute la sainte journée loin de mes enfants, à rentrer fourbue juste avant le 20 heures avec encore le dîner à préparer, les enfants à coucher, la cuisine à ranger, la nounou à briefer, les casse-croûtes du lendemain à préparer... alors que j’avais moyen de gagner quasiment pareil (une fois les charges salariales et familiales retranchées) en restant tranquillement chez moi à écrire mes livres. Et pourtant, je nage dans un ravissement béat. Non tant que je « m’éclate » au boulot, je n’en demande pas tant (bien que ça commence à m’arriver parfois, comme une heureuse surprise, en cadeau bonus), je ne suis pas là pour me « réaliser » ou même « m’épanouir », mais pour monnayer et valoriser une expertise déjà « réalisée ». Les amalgames ne sont plus de mon âge, je ne mélange pas les torchons et les serviettes, ma vraie vie, ma famille, mon cœur sont ailleurs, au sein de mon foyer et non dans l’entreprise. Mais justement, pour apprécier pleinement la vraie vie, la famille et les élans du cœur, rien ne vaut le travail ! Je m’en étais déjà épanchée ici, en racontant le pourquoi du comment du quoi, mais, aujourd’hui que je récidive, je serai encore plus basique : La première source de satisfaction du travail, c’est d’expérimenter à nouveau… le plaisir de ne pas travailler ; l’excitation de la sortie de boîte, l’exaltation des retrouvailles, la jouissance absolue du jeudi soir avec la perspective d’un pont qui s’étend devant moi chaque semaine (parce que je suis en 4/5ème un luxe auquel je ne pourrais plus renoncer, et qu’en mauvaise mère que je suis, j’ai choisi le vendredi) et le sentiment d’apprécier d’autant plus chaque seconde de ce temps libres que le lundi en marque l’échéance. Comme disait déjà Shakespeare « Si l'on passait l'année entière en vacances ; s'amuser serait aussi épuisant que travailler ». Comment apprécier le week-end, quand tous les jours de la semaine se valent et se ressemblent ? Et trois jours, ça permet non seulement de bien déconnecter et de se reposer, mais aussi de grappiller du temps à soi, de poursuive des projets personnels (car je ne vais pas arrêter d’écrire, même si je vais forcément écrire moins) et de réactiver l’envie de replonger dans le taf quand arrive le lundi matin. Plus surprenant encore: alors que je viens à peine de rentrer dans ce nouveau rythme (le temps d’adaptation étant toujours épuisant), j’ai déjà le sentiment d’avoir plus d’énergie, de faire plus de choses, de profiter davantage.
Je peux aller au resto avec une copine, chez l’esthéticienne, chez Weight Watchers, flâner, faire les soldes ou même, comme l’autre jour, participer à une émission de télé à l’heure du déjeuner. J’ai deux heures à moi pour lire ou rêvasser quand je prends les transports. Je sors avec mon mari à chaque fois que les enfants ne sont pas là, d’autant plus motivée que je n’ai pas besoin de m’habiller, de me préparer et de « monter » sur Paris, puisque j’y suis déjà ! Bref, la crise, connaît pas ! La vie est belle, tagada tsouin tsouin… et voilà qu’en plus, il se trouve que j’adooore la boîte dans laquelle je suis tombée, mais ça c’est une autre histoire que je vous raconterai la prochaine fois !