Coupe du Monde 2006 : Requiem pour l'Allemagne
L’Italie aura donc fait mentir le fameux adage « Le foot, c’est deux équipes de 11 joueurs qui s’affrontent et à la fin, c’est l’Allemagne qui gagne ». Je n’ai jamais aimé les footballeurs allemands. Je n’ai jamais pardonné au gardien Harald Toni Schumacher (déjà, tout est dans le nom) d’avoir massacré Battiston sans état d’âme ni sanction lors de la Coupe du Monde 1982. Je n’ai jamais digéré la défaite des Français au tirs au but en demie finale alors que les Bleus menaient 3 buts à 1 et que moi, j’étais là où il ne fallait surtout pas être : en Allemagne ! Oui, une défaite au foot peut traumatiser, j’en suis la preuve ! Même si, à l’époque déjà, l’Italie fit office de vengeur masqué en laminant nos rivaux par 3 buts à 1, je ne pardonnerai jamais aux Allemands de nous avoir volé notre finale.
D’ailleurs, même ma mère, Allemande de souche, n’a jamais pu l’encadrer, cette Mannschaft arrogante. En fait, ces kamikazes du ballon rond avait le pire défaut qu’on peut avoir en football : ils ne nous faisaient pas rêver. Ils étaient tels qu’on s’imaginait les Allemands : un brin agressifs, plutôt grossiers mais efficaces, pragmatiques, droits eu but sans prétentions artistiques, sans manières, sans surprise. Des machines qui ne laissaient aucune opportunité à la chance de changer de camp. Le poteau opportun, le joueur en faute pas vu, pas pris, la dernière balle qui glisse dans les buts, c’était toujours pour eux.
Et voilà qu’en 2006, chez eux, ils prennent deux buts dans les dernières minutes du match. Et voilà qu’ils se montrent vulnérables et fragiles, tellement pas leur genre. C’est vrai qu’il avaient déjà montré quelques prémices avant, puisque cette année on les a vu clairement manifester des sentiments, mettre en gros titre des journaux des mots incongrus comme "rêve" ou "coeur". On a vu des joueurs-plus-musclés-tu meurs, concentrés de testostérone et de virilité brute, se sauter dans les bras pour s’embrasser fougueusement et, franchement, ça fait drôle ! Et même après la défaite, les Allemands semblent découvrir la compassion. Avant, un péno raté, c'était deux claques et au coin, une déroute, et l'entraîneur était lynché. Maintenant, il n'est plus supplicié mais supplié de rester. Les supporters ont même créé un site Klinsmann-doit-rester pour empêcher l'entraîneur de démissionner... si populaire déjà, que le serveur vient d'exploser !
Quelque chose aurait-il donc changé au pays du football teuton ? Et puisque le football reflète un peu l’âme d’un peuple, quelque chose aurait-il changé chez nos voisins allemands ? Et si rien n’avait changé, si derrière ces 11 bulldozers en short de façade se cachait en réalité, depuis toujours, l’âme d’un peuple plein de ressources, curieux, ouvert au monde, capable d’incroyables élans de solidarité et de débordements festifs dont lui seul a le secret.
Vous en doutez encore ? Alors rendez-vous à Munich, pour la prochaine fête de la Bière, ou à Berlin, pour la Love Parade, ou à Cologne, pour ses trois jours de carnaval, et vous saurez ce que faire la fête veut dire !
Pour en savoir plus : le Guide Pays Allemagne des Editions Comex Mondéos, l’essentiel d’un pays en 120 pages. Forcément incontournable : c'est moi qui l'ai fait !