Coupe du Monde 2006 : Zinédine Zidane, bonjour tristesse ou la philosophie du Football
J’ai beau savoir que le foot c’est juste 22 milliardaires en short qui se battent pour le contrôle d’un ballon, je me sens toute triste qu’on ait bêtement loupé le coche. Cette occasion manquée, à jamais pour Zidane, me laisse, comme à tous, un goût amer. La victoire au foot se joue à si peu. La balle rebondit sur un poteau : elle est dedans, on gagne, elle est dehors, on perd. Le foot, ça se joue à trois : une équipe, un adversaire et la chance. Les tirs au but représentent certes une crucifixion insoutenable, mais avant, c’était au tirage au sort que se jouait la victoire en cas d’égalité. Peut-on imaginer aveu d’impuissance plus flagrant face au caractère aléatoire de ce sport ?
Mais si le foot déchaîne ainsi les foules et les passions, provoque des émotions aussi fortes et universelles, c’est peut-être justement parce que ce n’est plus vraiment du sport mais un spectacle bien loin de la règle élémentaire du « que le meilleur gagne ». Le stade, c’est le dernier théâtre des tragédies modernes. Cette analyse n’est sans doute pas nouvelle, mais cette finale en a fait une vibrante démonstration, prouvant du même coup que c’est bien l’attitude mentale qui force la chance à choisir un camp ou l’autre.
Quand avons-nous perdu le match ? Probablement au moment où Zidane a eu son mauvais geste et s’est fait expulser. Il est même possible que les Dieux de l’Olympe l’aient lâché quand le ballon de sa tête a touché la barre transversale, restant obstinément hors du but. A-t-il trop voulu gagner ? L'a-t-on puni de ce péché d'orgueil, d'avoir voulu forcer le destin ? Si le déroulement d’un match ne va pas toujours dans le sens du jeu, il suit toujours celui de la tragédie. Il n’était humainement plus possible de gagner après l’expulsion de Zidane. Un peuple ne peut survivre à la déchéance de son Dieu, devenu humain, trop humain. Sans Zidane, on ne pouvait plus gagner même si objectivement tout restait possible. Il n’y avait aucune raison objective pour que le tir de Trezeguet – dont l’entraîneur italien craignait la présence ce soir-là et qui jadis propulsait la France Championne d’Europe – atterrisse sur la barre transversale et s’obstine à prendre la trajectoire sortante. Sauf que, comme dans toute tragédie qui se respecte, tout était déjà écrit !
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