L'oeil de la Ménagère : La Loi des Séries
Jusqu’à y’a pas longtemps, j’avais mon rituel. Je rentrais le soir après une journée laborieuse, je m’occupais de mon petit, je faisais manger mon grand (trentenaire bedonnant rivé à son ordinateur à partir de 21 heures) et la soirée était à moi. Le téléphone pouvait sonner ou le monde s’écrouler, je n’étais plus là pour personne.
J’étais avec mon autre famille, avec Tom Baldwin et Diana Skouris, avec Allison, Jo et leurs trois têtes blondes, avec Gil, Horacio ou Mac, avec Jack et sa bande… Vous l’aurez compris, je suis atteinte de sériophilie aigue. Tous les deux ou trois jours, il me faut ma dose d’aventures passionnantes, de relations alambiquées, d’énigmes si complexes qu’il suffit parfois d’une pause pipi pour ne plus suivre. Et voilà que, sous les effets conjugués de la trêve estivale et de la Coupe du Monde, on me sucre une à une toutes mes séries. Certes, les sexy docteurs McNamara et Troy sont de retour, mais avec des péripéties si glauques que j’en suis réduite à jouer de la zappette pour slalomer entre les scènes insoutenables.
Il me reste toujours les Desperate Housewifes me direz-vous… sauf que j’ai déjà vu toute la saison 1 en DVD, en dépassant largement la posologie prescrite. J’ai même réussi – par un moyen que je ne puis vous révéler car j’ai un enfant en bas âge qui ne supporterait pas d’avoir une mère en prison – à voir l’intégralité de la saison 2, commençant en VO sous titrée pour finir en VO intégral. Hélas, le produit est aujourd’hui épuisé, même sur le marché noir…
J’en étais donc là, en manque, à m’apitoyer sur mon sort quand j’ai déjeuné avec mon amie Coco et que je me suis rendue compte qu’elle avait été contaminée par un virus autrement plus virulent. Elle, d’habitude si pondérée était devenue fébrile, la voix exaltée, les yeux rouges, droguée. Elle m’a raconté ses nuits agitées, ses poussées de fièvre, les doses de plus en plus massives qu’elle s’administrait et les nouvelles fréquentations que son addiction entraînait. Elle a juste omis de me préciser à quel point ce virus était contagieux. J’ai ressenti les premiers symptômes dès que je l’ai quittée. Il a suffit d’une semaine d’incubation pour que l'affection se révèle, profitant d’un terrain d’obsessionnelle monomaniaque particulièrement propice, sans la moindre défense immunitaire. Cette fois-ci, pas d’horaires, donc pas de limites. Et aujourd’hui, je ne vis plus, je ne dors plus, je ne sors plus, je ne regarde même plus la télé… sauf mardi prochain, pour un Delarue spécial : « Blogophilie, comment s’en sortir ? ».
Si vous voulez en savoir plus sur cette terrible maladie, lisez le témoignage poignant de Gin Fizz et l'analyse très pertinente de Camille en Chine.