Jeune mère, future mère : Tout ce qu'on ne vous dit pas sur... l'accouchement.
Première partie : L’accouchement (avant, pendant et après)
J’entame aujourd’hui une nouvelle série en pensant à mes amies, aux femmes de mes amis, à toutes ces primipares arborant fièrement leur ventre rond et qui ne savent absolument pas ce qui les attend, dans quelques jours ou dans quelques mois. Elles ont pourtant tout lu, tout vu. Elles ont été abreuvées de conseils, de littérature, d’informations, mais certaines réalités seront à l’opposé de tous les préceptes consciencieusement ingurgités, les prendront par surprise et les laisseront désemparées. Car tous les écrits prennent la majorité pour norme alors que chaque femme est différente et vit différemment sa grossesse, son accouchement, sa maternité. Chaque enfant est unique et impose sa propre individualité en venant au monde. Il s’agit simplement ici de partager mon vécu et celui d’autres mères sans prétendre à l’universalité, histoire de dédramatiser ce qui reste quand même l’expérience la plus fulgurante de la vie d’une femme.
Aujourd’hui, l’accouchement. Vous croyez être prête ? Vous avez fait tous les cours de préparation à l’accouchement ? Vous avez religieusement écouté tout ce qu’il fallait faire ou ne pas faire ? On vous a peut-être même dit que les contractions c’est juste des crampes, « comme les règles, en un peu plus fort » ? Une fois à l’usine, vous allez tout oublier, dominé par cet alien qui vous ronge méticuleusement le ventre. Vous allez devenir fauve et conspuer cet abruti qui se tient devant vous avec un sourire béat et une charlotte sur la tête (les papas, dans ces moments-là, ne dites rien par pitié, surtout pas des trucs du genre « respire chérie » ou c’est votre vie que vous jouez). La vérité, c’est qu’un homme n’a rien à faire dans une salle d’accouchement, du moins est-ce ce que j’ai ressenti du fond de mes tripes, que j’étais justement en train de vomir dans une cacahuète en aluminium. On vous a dit « Ah mais c’est un tel bonheur après, que tu oublies tout ». Pour une fois ce n’est ni de la démagogie, ni du politiquement correct : c’est vrai. Parce que les contractions ont ceci de particulier qu’elles sont circonscrites dans le temps. On croit mourir sur l’instant, on ne sens plus rien l’instant d’après. En plus, avec la péridurale – qui n’a pas un effet immédiat, on ne le dira jamais assez, l’accouchement sans douleur n’existe pas, surtout quand le médecin vient tard, occupé avec une césarienne plus importante que vos petits maux -, on est complètement shootée quand bébé pointe son nez. Et là, il est dans vos bras qui vous regarde avec ses yeux globuleux et vous vous sentez Championne du monde.
Et puis, y’a un truc vicieux du nom barbare d’épisiotomie dont on ne vous parle jamais ou si peu. Théoriquement c’est une petite coupure de rien du tout pour favoriser l’expulsion naturelle et éviter la déchirure du périnée. Dans la pratique, c’est devenu un geste systématique présenté comme une nécessité « pour le bien de l’enfant ». La preuve ? En France, elle est pratiquée chez 71% chez les primipares, contre 13% au Royaume-Uni et 6% en Suède, curieux non ? Mais vous vous voyez au moment de l’accouchement – car on ne vous le dit jamais avant – rétorquer « Ah non, pas question de me charcuter, débrouillez-vous autrement ». Et l’épisiotomie, c’est l’opposé des contractions : sous anesthésie, vous ne sentez rien sur le moment, vous avez confusément l’impression de devoir aller aux selles ensuite et vous en bavez grave pour finir ! Et je ne parle même pas des complications (infection, incision mal placée, suture qui lâche ou qui coince un nerf…) mais de l’inconfort qui vous poursuit pendant trois semaines. Trois semaines à ne plus pouvoir vous asseoir sans souffrir. Le remède ? Bain de siège, brumisateur, gaz stérile, foufoune à l’air, petite bouée, paracétamol et patience. Mais de quoi se plaint-on ? Comme m'a dit mon voisin « Avant les femmes accouchaient dans les champs et reprenaient leur travaux après, elles n’en faisaient pas tout un fromage ». Avant, on pratiquait aussi les massacres rituels, et si on y revenait ? Y’en a un que je donnerais bien en offrande aux dieux.
A vous maintenant, vous qui êtes déjà passées par là, que vous a appris l’accouchement qu’on ne vous avait pas dit ? L’espace commentaire vous attend pour partager votre propre expérience avec nos braves lectrices primipares.
A lire, Deuxième partie : Votre corps (les seins, l’allaitement, la ligne). Troisième partie : L'instinct maternel ou comment devient-on mère ?