L'oeil de la Ménagère : Mauvaise Mère !
L’autre jour, une mère de mes amies s’étonnait de me voir si sereine dans ma maternité. Bien qu’entourée d’un réseau dense, elle se sentait plus souvent « sous effet » que sous contrôle dans son rôle de mère alors, qu’à ses yeux, rien n’avait l’air de m’affecter. Elle avait beau m’interroger « franchement, t’es quand même vachement moins libre, t’as pas l’impression que tu perds en spontanéité ? Un gamin, c’est quand même des soucis et une sacrée prise de tête au quotidien, non ? ».
Euh… non ! J’ai des moyens, du soutien et un enfant sans problème, à partir de là, tout est question d’organisation. Ma vie est aussi remplie et encore plus satisfaisante qu’avant, je travaille, je voyage, je vois mes amis et je sors quand j’en ai envie. Mais pendant cette discussion j’ai soudain réalisé quel est mon secret : Je suis une mauvaise mère ! C'est-à-dire quelqu’un qui ne panique pas quand son bébé a une poussée de fièvre au milieu de la nuit et à qui l’idée d’appeler le Samu ne traverse même pas l’esprit. Quelqu’un qui pense que son bébé est aussi bien avec Grand-mère que si elle le gardait elle-même. Quelqu’un qui rechigne à se lever le matin pour lui faire son biberon et qui est capable de laisser vadrouiller bébé dans une couche blindée parce qu’on « n’est pas à 5 minutes près». Quelqu’un qui peut punir et laisser brailler son rejeton sans avoir le cœur qui se tord. Quelqu’un qui peut totalement oublier l’existence du petit confié à Tata lors d’une soirée romantique avec papa. Quelqu’un qui peut laisser trois jours et trois nuits son enfant chez les grand parents sans errer comme une âme en peine, goûtant avec délectation aux soirées calmes et aux nuits sereines (car même une mauvaise mère reste en veille et dort d’un sommeil plus léger quand bébé n’est pas loin). Et si le chérubin tombe malade durant ces trois jours, une mauvaise mère ne se précipitera pas à son chevet, estimant que ça ne changera rien. Une mauvaise mère est capable de rester aussi objective avec son enfant que si c’était celui d’un autre. Elle se retrouve même parfois en position d’être celle qui doit rassurer tout le monde, un comble ! Une mauvaise mère n’a pas de cœur, pas de scrupule, pas de conscience, elle ne doute pas et ne culpabilise pas (ou alors, vraiment, parce que les autres auront tout fait pour). Elle fait confiance à ce qu’elle sent, à ce qu’elle sait.
Et à voir la joie de vivre, le bon tempérament, le caractère dégourdi, sociable et solide de mon fils, je me dis que ce n’est finalement pas plus mal, d’être une mauvaise mère. Même s’il y a un prix à payer. Mon fils n’est jamais accroché à mes jupes et se passe très bien de moi. Pour lui, je fais un peu partie des meubles, je représente la routine, je suis l’élément rassurant mais un brin ennuyeux, voire casse-bonbons de son environnement. Et j’avoue que je rêve parfois d’un enfant plus valorisant et flatteur pour l’ego, un enfant qui réclamerait mes bras en hurlant "mamannn" à chaque fois que je m’éloignerai un peu trop ou qui serait au moins un peu malheureux sans moi. Mais je suis une mauvaise mère, je récolte ce que j’ai semé. Tant pis pour moi. Tant mieux pour lui !
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