Pourquoi l'homme ne sait pas écouter.
L’autre jour, alors que nous étions dans la cuisine (7 mètres carrés d’une acoustique irréprochable), mon cher et tendre m’a encore fait une brillante démonstration de sa capacité d’écoute et de l’attention qu’il me porte.
Moi : « Zut, il va falloir que je fasse des courses aujourd’hui »
Lui : « Y’a plus rien dans le frigo, tu vas faire des courses aujourd’hui ?».
Comment ne pas devenir chèvre ? Comment ne pas se dire « il me prend pour une conne ou quoi ? » quand l’homme nous pose une question à laquelle on a déjà répondu, et plutôt deux fois qu’une ? Sans compter la vague impression de parler à un mur quand on le sollicite devant la télé ou l’ordinateur. Ni évoquer son incroyable capacité à rester imperturbable dans son sommeil malgré le mioche qui s’époumone. Et bien, Darwin et la science - en passant le cerveau du mâle au scanner - ont tranché : c’est pas sa faute !
1. L’homme n’utilise qu’un demi-cerveau pour écouter, en l’occurrence le lobe de l’hémisphère gauche. Vouloir les mettre à notre niveau en matière d’écoute, nous qui savons si bien stimuler nos cellules nerveuses et solliciter les ressources de nos deux hémisphères en passant avec grâce de l’un à l’autre grâce à la bonne influence de l’œstrogène, revient donc à faire la course avec un unijambiste.
2. L’homme a du mal à analyser les voix aiguës et en particulier celles des femmes, trop complexes à leurs oreilles… d’où un sérieux problème de concentration. Quand par exemple, vous lui expliquez par A + B qu’il doit penser à suspendre les serviettes car roulées en boules elles moisissent et ne sèchent pas, il est tout à fait sincère quand il s’exclame « Je ne comprend rien à ce que tu me racontes ! ».
3. L’homme devient temporairement sourd. En raison d’un cerveau bien compartimenté, il est en particulier incapable d’écouter deux conversations à la fois. Quand vous lui parlez alors qu’il écoute la télévision, il ne vous entend pas. Littéralement ! Pire, quand son cerveau est au repos, plus de 70 % de son activité électrique est inerte (contre 10% chez la femme). Si, à ce moment-là, vous le prenez au dépourvu avec une question, au pire, il ne l’entend pas, au mieux il lui faudra du temps pour mettre la machine en marche et laisser le cerveau reconnaître les mots.
4. L’homme a une écoute sélective héritée une fois de plus de Cro-magnon et de l’époque où cette écoute sélective était indispensable à une chasse efficace. Il est programmé pour entendre avant tout l’approche du prédateur. Ce sont donc les petits bruits suspects au milieu du silence qui l’interpellent plutôt que nos cacophonies familiales.
5. L’homme a une écoute volatile, les événements et les informations non fonctionnelles ne laissent pas d’emprunte, alors que la mémoire de la femme est grandement conditionnée par les émotions qui y sont rattachées. Son écoute est connectée à son environnement, elle se souvient des événements comme d’un tout. L’homme, lui, doit tout additionner. D’où sa difficulté à entendre et retenir des détails futiles isolés tels qu’une date d’anniversaire, un dîner chez belle-maman ou la couette à chercher au pressing.
Alors, la prochaine fois que vous aurez un échange du style,
Lui dans le salon, elle revenant du balcon
Elle : "Je crois qu'il va pleuvoir"
Lui : "Où ça ?" (à Honolulu, bien sûr)
Elle dans le lit, lui pénétrant la moquette immaculée
Elle : "Fais attention aux chaussures !"
Lui : "Quelles chaussures ?" (ben celles du voisin)
Elle : "Tu as encore... (n'importe quel grief d'actualité)
Lui : "Qui ça ? Moi ?" (non, le mec derrière toi)
Soyez charitables, laissez lui le temps de réactiver son cerveau et donnez lui les secondes nécessaires pour que l'information arrive à sa conscience.
Mais maintenant qu’on sait tout ça, on fait quoi ? Quand on a des informations vitales à faire passer, comment le forcer à écouter et surtout, à imprimer ? Gentille Sorcière suggère de marcher sur un tapis de feuilles mortes et de branches sèches avant de lancer le fatidique « faut qu’on parle », et vous ?