Sale Boulot !
Certaines femmes ont vraiment une vie de chien, un job totalement aliénant que je n’échangerai pas contre une carrière de contractuelle ! J’en ai encore vu ce week-end, de ces femmes qui rentrent dans l’entreprise comme on rentre dans les ordres. Après des années d’études et de tests d’aptitude éprouvants, elles atterrissent dans des bureaux austères, sombres et froids, broyées par le système d’institutions souveraines, sous le joug d’une hiérarchie tentaculaire et d’enjeux de pouvoir, politiques ou diplomatiques, qui les dépassent. Elles travaillent souvent la nuit, restent d’astreinte à leur rares temps libres et ne vivent que pour leur travail.
Elles sont constamment sous pression, avec un devoir de sang-froid et pas le moindre droit à l’erreur. Souvent, elles sont encore plus exigeantes envers elles-mêmes que ne le sont leurs patrons. Leur vie de famille, si elle a un jour existé, a volé en éclat sous le poids des responsabilités et des longues heures de travail. Si elles ont eu des enfants, elles ne les voient pas grandir. Elles se satisfont tant bien que mal de liaisons fugaces, souvent clandestines. Elles se coupent de toute vie sociale et leur quotidien finit par être si vide, que le bureau devient leur dernier refuge, le seul endroit ou leur existence a un sens. Et elles continuent, à gâcher leur beauté – du genre qu’on croise assez rarement dans nos administrations – et leur jeunesse, à s’abîmer les yeux sur des appareils et des écrans en tout genres, à brûler leur cervelle dans des recherches souvent vaines et des expériences répétées à l’infini, à manipuler des trucs puants, infects, dégoulinants, poisseux, putréfiés…
Quand elles vont sur le terrain, elles se retrouvent en contact avec ce que la société a de plus vil et de plus tordu, à inspecter chaque détritus plongées dans une benne à ordure, à relever des substances non identifiées sur le lieu d’un délit, à déblayer au pinceau un cadavre ensablé, ou à ramasser les mille morceaux d’un corps qui a explosé. Elles s’appellent Catherine, Sara, Calleigh… et ce sont des expertes.
Mais pourquoi fascinent-elles à chaque fois plus de 6 millions de téléspectateurs, et moi, et moi, et moi ?