Jeunes mères, futures mères, tout ce qu'on ne vous dit pas sur... la maternité
L’instinct maternel ou comment devient-on mère ?
Après l’accouchement et l’allaitement, parlons enfin de la maternité. Encore une fois, rien ne vaut l’expérience personnelle, laissez-moi donc vous narrer la mienne.
J’ai toujours voulu avoir des enfants, trois de préférence, pour transmettre mon expérience et changer le monde. Le problème c’est que je n’avais pas ENVIE d’en avoir, de me retrouver coincée avec un morveux braillard. J’ai donc attendu le tout dernier moment (37 ans) pour lâcher les filets et, une fois enceinte, je n’avais aucune impatience, pire, je ne VOULAIS PAS accoucher. Tant que le bébé était en moi, je contrôlais tout. Mais après ? J’allais me retrouver avec un boulet au pied A VIE. Jusqu’à la veille de l’accouchement, je n’arrivais tout simplement pas à imaginer que j’allais être mère. Mais comme la nature n’a pas demandé mon avis, bébé a fini par naître et c’est lui qui a fait de moi une mère ! Petit à petit, j’ai tout appris :
Après l’accouchement, je me suis endormie et j’ai rêvé… de ce que j’étais en train de faire quand les contractions ont commencé, comme si mon esprit n’avait pas eu le temps de suivre l’événement qui venait de se produire. De retour dans ma chambre, j’ai eu un coup de fil d’un éditeur séduit par mon projet de roman, j’étais euphorique. J’ai compris qu’un enfant ce n’était pas du bonheur « à la place » mais du bonheur « en plus ».
J’ai constaté qu’en devenant mère, je devenais mère universelle. Je ne percevais plus les pleurs d’enfants de la même façon. Avant, ils représentaient une intrusion étrangère des plus exaspérantes, à présent je comprenais leur langage, j’étais touchée par les émotions qu’ils transmettaient. Et je n’arrivais plus à m’émanciper de tous ces pleurs qui hantaient les couloirs de l’hôpital.
Quand j’étais gamine, n’envisageant pas de renoncer à mon indépendance ni à ma vie active sous prétexte de maternité, je me justifiant en disant que « je n’avais pas besoin d’avoir mes mains dans le caca de mon bébé pour me sentir mère ». J’avais tort ! Au début c’est ainsi qu’on prend conscience de sa maternité, par de petits gestes, en prenant soin de son bébé, en lui donnant le bain, le change, le sein et en ressentant la fierté toute bête d’y arriver.
C’est progressivement que l’on découvre le lien qui nous unit à notre enfant, qu’on « sent » ce dont il a besoin. Ça ne vient pas forcément tout de suite, il paraît que certaines femmes de retour chez elle, s’étonnent que l’enfant soit encore là après 18 heures et qu’il n’ait pas été récupéré par sa mère. « Oups, c’est vrai, sa mère, c’est moi ! ». J’ai constaté combien, une fois de retour au travail, j’oubliais mon enfant et jusqu’à la conscience d’en avoir un. Comment s’étonner ? Que pèsent 3 mois de maternité face à 37 ans de nuliparité ?
Enfin, imaginer le pire a finalement été souverain pour moi. L’accouchement, c’est un peu comme la loterie : une chance sur deux de tomber sur le modèle mal réglé qui pleure la nuit au lieu de dormir. Et là ça scie, ça casse, ça tue. Mais moi qui suis tombée sur le modèle opérationnel, j’ai trouvé le nourrisson plutôt facile à vivre. C’est juste un gros tube digestif - perception toute personnelle, je vous l’accorde - qui dort 20/24 heures, qui s’emmène partout sans faire d’histoire, qui pleure certes, mais qui finit toujours par être pris en flagrant délit par le sommeil. N’ayant pas ce qu’on appelle « l’instinct maternel », n’étant pas animée par le désir d’enfants, ni attirée par eux, toutes les joies qu’ils procurent, le divertissement qu’ils représentent, le spectacle permanent qu’ils nous livrent, furent d’heureuses surprises. Au lieu du « baby blues » attendu, j’ai vécu un « baby bonheur ».
Pour terminer, je laisserai la science corroborer mon expérience personnelle. Tant qu’on n’a pas d’enfant, l’instinct maternel n’existe pas ! (La psychanalyse prétend même qu’il n’existe pas du tout, que la maternité n’a rien d’inné mais consiste juste à reproduire ce qui nous a été donné - ou pas - dans l’enfance.). En effet, ce sont les hormones sécrétées lors de l’accouchement et de l’allaitement – en particulier l’ocytocine – qui sont responsables de l’instinct protecteur maternel. Le désir d’enfant, l’envie d’enfanter, l’attirance pour les enfants n’ont rien d’un « instinct », c’est juste une inclinaison, une question de goût et de tempérament. Moi qui adore les chiens, ais-je pour autant l’instinct canin ? Et c’est sans doute en partie cette dichotomie qui plonge certaines femmes dans le désarroi, quand après une naissance tant désirée, « l’instinct » maternel qu’elles croyaient avoir a du mal à suivre. L’enfant nous révèle à nous-même, nous renvoie à notre confusion et à nos manques. Même en ayant tout vu, tout lu, tout entendu, on n’est jamais vraiment préparées !
Quelques liens pour aller plus loin : une association traitant de la « difficulté maternelle » et du « mal de mère » (merci Anne-So), un espace sur l’unité de maternologie de l’hôpital Charcot consacrée aux « accidents de maternité ». Et plus que jamais, j’attends vos témoignages, forcément uniques et riches d’enseignements.