L'oeil de la Ménagère : Je veux ma surprise-partie !
Dans les séries américaines, y’a toujours une scène qui arrive avec une régularité assommante, environ une fois par saison, et qui m’exaspère au plus haut point. C’est le moment où le héros redevenant un parfait Monsieur Tout le Monde, quitte son travail et ses menues occupations de héros (liftings, enquêtes, sauvetage du monde…), pour rentrer au bercail en se plaignant lamentablement « Flûte de crotte de bique (libre traduction), c’est mon anniversaire, y’a ma femme qui a ENCORE du organiser une surprise-partie et je vais ENCORE devoir faire l’ahuri en rentrant, la galère ! ».
Le monde est décidemment mal fichu. Pourquoi, moi, qui adôôôre les surprises et qui n’attend que cette occasion pour pratiquer l’étonnement version Actor’s Studio, je n’ai JAMAIS eu de surprise partie ? Moi qui n’espère et qui ne rêve que de ça ! Juste le fait d’imaginer quelqu’un qui essaye d'organiser une soirée rien que pour moi, de réunir mes amies et de les faire crier « surpriiiiise » tous en chœur quand j’arrive au milieu des cotillons et des éclats de rires, me tire les larmes des yeux ! 40 ans que ce fantasme me berce et pourtant…
Le 15 novembre prochain, je vivrais sans doute mon 41ème anniversaire sans surprise-partie. Le problème déjà, c’est que je ne suis pas née dans la bonne famille. Chez moi c’était plutôt profil bas et « faut pas se faire remarquer », alors les surprises-parties, pensez-vous, c’était pas le genre de la maison. Même la perspective d’une surprise tout court provoquait sueurs et tachycardie chez mon paternel ! Ensuite, j’ai découvert à l’occasion de mon mariage que mes meilleures amies n’étaient pas forcément meilleures amies entre elles… et mon enterrement de vie de jeune fille attend toujours ! Enfin, je n’ai définitivement pas épousé l’homme qu’il faut (pour les surprise-partie s’entend). Déjà qu’il se met dans des états pas possibles quand il s’agit de m’acheter un cadeau, s’il faut en plus qu’il chipe mon agenda, qu’il appelle mes amies, qu’il organise la soirée, qu’il me fasse marcher (lui, il serait plutôt comme ces gamins qui jouent à cache-cache et qui, trop excités, ne résistent pas et lancent « je suis là ! »). Même moi, je prends pitié et je suis prête à lui délivrer la médaille sans combat. Reste mon fils, dont l’imagination, l’attachement et le caractère démonstratif me semblent bien prometteurs, mais faudra-t-il vraiment que j’attende au bas mot 15 ans pour que mon dernier espoir de surprise-partie ait une chance de se réaliser ?
PS : Petite dédicace à ma marraine qui bon an, mal an, m'envoie un de ces collages créatifs dont elle a le secret, un surprise-courrier à défaut de surprise-partie...