Voter Ségolène Royal parce que c'est une femme
En 2007, moi aussi je vais voter Ségolène Royal. Parce qu’elle est de gauche et parce que c’est une femme, basta !
Oh l’autre, la hooonte, c’est bien des critères de bonne femme inconsistante ça, eh retourne à tes casseroles et laisse la politique à ceux qui ont de le jugeote et qui s’y connaissent.
Ah oui ? Et combien sont-ils ? Combien d’électeurs votent vraiment pour un programme, quel que soit le parti ou la personne qui le représente ?
La tendance n’est-elle pas plutôt (surtout quand on s’intéresse moyen à la politique comme moi et une grande partie des Français) de voter « à la tête du client » ? J’irais même jusqu’à dire que la confiance et la sympathie qu’un candidat nous inspire, sa sensibilité, le courant qu’il incarne peuvent être prioritaires par rapport à son programme, et même par rapport à ses idées.
Du moins est-ce ainsi que moi, qui ne suis ni plus bête ni moins censée qu’un autre, je fonctionne… quitte à me retrouver parfois en porte à faux. Lors de la précédente élection, j’avais suivi un débat Jospin/Chirac (je devais avoir alors beaucoup péché pour m’imposer cette pénitence). La cause étant entendue, n’étant pas de droite, j’allais voter Jospin. Le problème, c’est qu’au fil du débat, les idées de Chirac me paraissaient plus convaincantes que celles de Jospin. C’était très perturbant pour moi qui me sentait foncièrement de gauche et pas chiracienne pour un sou… au point que la nuit j’ai rêvé (attention mes rêves sexuels sont toujours a interpréter dans leur symbolique et non comme le reflet d’un désir réel)… que je couchais avec Chirac et que je me sentais coupable car j’aimais ça !
J’ai fini par voter Taubira (eh oui, c’est à cause de moi et de mes rêves érotiques que Le Pen est passé au premier tour) qui incarnait le mieux ma conception de l’égalité et ma sensibilité de femme. Et c’est pour ces mêmes raisons que je voterai Royal cette fois-ci, pour ce qu’elle incarne et non pour le programme qu’elle défend ! Car en réalité, le programme, je m’en fout puisque
a) on sait d’expérience qu’il n’est pas respecté,
b) aucune ne me convainc dans sa globalité,
c) je n’ai pas la possibilité de faire ma propre sauce en choisissant des petits bouts qui me plaisent dans chacun d’eux.
Comme je ne suis qu’une ispice de connasse, la place de la femme et des minorités en général dans notre société m’interpelle plus que les enjeux économiques. Pour moi, la victoire d’une femme, c’est la victoire de toutes les femmes. Même si Tansu Çiler ou Margaret Tatcher viennent apporter un démenti cinglant à cette théorie, je ne peux m’empêche de penser qu’une femme est plus à même de me représenter et de faire évoluer la société vers davantage de parité. Plus en tout cas que les ténors formatés de la politique, ses Robocop opportunistes en pilote automatique qui doivent se forcer pour avoir une once de l’humanité et du naturel d'une Royal. Si « le talent, c’est aussi de savoir s’entourer du talent des autres » dixit Robert Hossein, j’ai la faiblesse de penser qu’une femme a moins tendance à laisser les enjeux d’ego et de pouvoir parasiter ses choix. Bon, je ne suis pas non plus tombée de la dernière pluie électorale, je sais bien qu’elle va forcément me décevoir, retourner elle aussi plus d’une fois son chemisier, se montrer impitoyable ou pusillanime à ses heures, sortir ses petits crocs de piranhas eu milieu des gros requins, mais elle va au minimum marquer une différence, une emprunte et un changement de style. Autrement dit, même si Ségolène apporte juste un peu de finesse dans un monde de brutes, de machos, de primitifs sexistes et arrogants sensés nous représenter et qui en sont encore à crier « à poil » du haut de l'hémicycle quand une femme intervient à l’Assemblée Eh bien, c’est déjà un début et ça me va !
PS : Si vous souhaitez bénéficier n'une argumentation plus substantielle au-delà de mon approche intuitive assortie d'un aveu d'impuissance, courez lire le post d'Elise d'une remarquable clairvoyance politique sur ce sujet.