Desperate Housewifes, Teri Hatcher alias Susan Mayer : « Desperate oui, mais je me soigne ! »
Bon, je ne garantis pas l’authenticité de cette phrase mais c’est en substance le message de son bouquin « Le syndrome du toast brûlé… et autres philosophies de la vie » (dont les dessins illustrant ce post sont issus). J’ai déjà eu l’occasion de dire ici mon exaspération face à l’engouement des américains pour ce personnage tête à claque, prototype de la fille fragile et un peu perdue dont les hommes raffolent mais j’avoue que le bouquin m’a réconciliée sinon avec Susan, du moins avec son interprète Teri Hatcher.
Sûr que face au témoignage d’une femme qui jongle entre métier, maternité, développement personnel et vie amoureuse, tentant de partager son expérience et le sens de sa vie à l’aube de ses 41 ans, l’identification est tentante.
C’est écrit avec drôlerie, autodérision, tendresse, générosité et authenticité. Ça livre au passage plein de trucs et d’astuces (comme de verser dans le bain les restes de bouteille de vin car c’est un « exfoliant naturel bourré d’antioxydants » ou, dans une veine plus spirituelle, comment récupérer mentalement les bouts de soi qu’on a accordé à quelqu’un qui nous a trahi). Parfois ça radote un peu mais tant mieux, ça fait partie du charme d’une entreprise finalement plus humaine que marketing. Pour certains, c’est de la psychologie de comptoir, pour moi c’est du « bouillon de poulet pour l’âme » (du titre d’un bouquin qui jadis a pourtant peu tenu sa promesse). Un petit chapitre tous les soirs fut comme une couche de crème nourrissante sur ma self estime, une recharge de pile pour mon énergie, un petit coup de pouce pour aller de l’avant.
Teri Hatcher nous parle ainsi de toutes ces micro-décisions qu’on prend quotidiennement (ou pas) et qui finissent par faire une vie. Elle illustre cette lutte incessante menée par les femmes pour construire confiance en soi et conscience de sa valeur, des exigences à géométrie variable qu’elles s’imposent « Il est clair qu’il m’est beaucoup plus facile de confesser qu’un éjaculateur précoce m’a renvoyée chez moi, que de reconnaître que j’ai été une mauvaise mère à un moment donné ». Mais ce qui frappe et console, c’est que cette femme, si achevée vue de l’extérieur, a les mêmes problèmes et les mêmes complexes que nous… même si nous avons peu affaire aux paparazzis, que nous n’avons pas trop l’occasion de nous poser la question de l'attitude à adopter à la remise d’un Golden Globe et que nos prétendants sont rarement des milliardaires cocaïnomanes.
C’est d’ailleurs surtout quand cette pov’fille de Teri Hatcher nous parle de sa (non) vie amoureuse qu’on se rend compte à quoi point on est toutes à égalité dans ce domaine. Que celles qui ne se reconnaissent en rien dans sa description de fin de love story lui jettent la première pierre « J’ai commencé à composer compulsivement le numéro de mon répondeur pour vérifier que je n’avais pas de message. Je répugnais à aller prendre une douche ou à mettre la musique trop fort pour être sûre de ne pas manquer un appel (…) Pire que tout : je restais à la maison, soir après soir, au lieu de me faire un restau avec des amis ou d’allez au ciné ou n’importe quoi d’autre plutôt que de rester assise à côté de ce maudit téléphone qui ne voulait pas sonner (…) On fait quoi après avoir pleuré et passé d’innombrables nuits blanches à attendre vainement un appel du Prince Charmant ? Comment se peut-il que pendant que je trouvais notre relation si fantastique, il la jugeait aussi minables ? Comment se peut-il que ce soit la plus grande aventure amoureuse de ma vie (…) et que lui, eh bien… ne rappelle juste pas ? En plus, je ne saurais jamais pourquoi parce que je ne vais quand même pas m’abaisser à l’appeler, à moins que la fièvre me fasse délirer et que le sirop pour la toux me monte au cerveau (OK, le l’ai fait. Honte à moi. Je l’ai appelé pour lui demander si on allait se revoir un jour et tout ce que j’ai obtenu en retour, c’est un long silence embarrassé, suivi d’un "il faut que je te laisse. Je te rappelle". On y croit.). Que fait une femme normalement constituée dans ces cas là ? Si vous me ressemblez un tant soit peu, vous continuez à interroger votre répondeur plus souvent encore que vous ne vous lavez les mains. A chaque fois cette sale machine vous informe que "Vous n’avez pas de nouveau message". Il ne vous reste plus que vos yeux pour pleurer. Vous pleurez donc, et encore, et encore ». Dixit Teri Hatcher, star interplanétaire, vedette plébiscitée de la plus populaire série du moment, taille 36 (ou 34 ?) immuable, belle, riche, célèbre, courtisée.
C’est normal que ça me réconforte ou je suis juste un brin sadique ?