Faire son deuil pour mieux rebondir, deuxième partie : la période d'essai
Un nouveau travail c’est un peu comme une nouvelle relation amoureuse : On a tendance à les prendre pour une finalité, alors que tout ne fait que commencer. A l’époque où j’étais moi-même en plein désillusion après avoir entamé ma nouvelle mission dans cette entreprise qui avait si bien su me séduire que je l’avais choisie elle, plutôt qu’une autre plus illustree et plus confortable (un peu comme si j’avais choisi Georges Dupont plutôt que Georges Clooney), ma banquière m’a narré cette histoire édifiante
A l’article de la mort, un terrien va visiter l’enfer et le paradis, histoire de faire son choix en connaissance de cause. L’enfer ressemble à une grande fête avec feux d’artifices, filles à gogo et champagne à flot. Le paradis à côté, c’est austère et tristement raisonnable. Au moment de mourir, le terrien choisi bien sûr l’enfer et à son arrivée tout n’est que flammes, hurlements et fouets qui claquent. Le cauchemar ! L’arnaque ! Il va se plaindre au gérant :
- Mais attendez, c’était pas comme ça quand je suis venu avant.
- Oui, mais avant, on vous recrutait, maintenant vous faites partie de la maison.
On peut difficilement en vouloir à un patron de se montrer sous son meilleur jour, de vous faire miroiter monts et merveilles, de faire la roue comme le ferait un homme qui cherche à vous séduire. Mais c’est dans la réalité du quotidien, quand vous vous réveillerez de votre « enthousiasme naïf », quand vous verrez et vivrez l’entreprise telle qu’elle est, que vous saurez si cette relation est faite pour durer. Une période d’essai sur deux se solde ainsi par un échec. Pour l’éviter, il fait déjà prendre conscience des enjeux qui se jouent, des états d’âmes par lesquels on risque de passer et des micro-deuils auxquels on sera sans doute confronté avant d’atteindre l’autonomie, comme résumé dans ce tableau :
Dans la phase paillasson (moi -, entreprise +), on est d’abord brutalement confronté à ses propres limites et à la difficulté de s’intégrer dans un système qui existait sans nous. On est pris par le doute : Serais-je à la hauteur ?
Puis, dans sa phase hérisson (moi -, entreprise -), on se rend compte des dysfonctionnements d’une entreprise qui n’est finalement pas aussi exemplaire qu’elle a voulu le faire croire. On se demande : Suis-je bien à ma place ?
On se rebiffe, on se dit qu’on mérite mieux tout en commençant à tisser ses liens, à prendre ses aises, c’est la phase polisson (moi +, entreprise -) qui permet de passer du fantasme à la réalité acceptée. Ça passe ou ça casse.
Si ça passe, c’est qu’on a trouvé sa place au sein de l’entreprise, les interactions sont plus fluides, les conflits intérieurs s’apaisent, c’est la phase d’union basée sur le compromis (moi +, entreprise +) et qui ouvre la voie de la performance.
Pour terminer, quelques conseils aux débutants histoire d’éviter les impairs : prudence et réserve doivent rester vos maître mots, évitez d’affichez vos ambitions, pas de flambe, pas d’excès de zèle, pas de risque inutile, pas de conseils prodigués à tout va. Limitez vos initiatives à votre périmètre d’action et distillez votre auguste savoir au compte-gouttes. N’oubliez pas que les collègues qui se tirent habituellement dans les pattes ont tendance à faire front devant une nouvelle recrue, menace potentielle. Analyser bien les réseaux, les systèmes de relation en place et prenez garde de ne pas vous faire happer par une « clique », à rester en dehors des les polémiques ou les conflits. Ne vous braquez pas à la moindre remarque. Vous n’êtes pas supposé tout savoir, c’est sur votre capacité d’adaptation que vous serez d’abord jugé. N’hésitez pas à demander un entretien avec votre patron pour une mise au point, pour lever les ambiguïtés ou les malaises éventuels. Face à cette traversée de l’inconnue, évitez la panique, demandez conseil, vous n’êtes pas aussi seul que vous le croyez. Et n’oubliez pas que la liberté est mutuelle, prenez cette période d'essai comme un voyage initiative, une phase d’observation et d'imprégnation culturelle qui vous permettra de faire votre choix à vous : rester… ou partir ?
Tous les liens utiles sont dans la 1ère partie de cette série "Chômage, licenciement, recherche d'emploi, nouveau job : Faire son deuil pour mieux rebondir".