L'Oeil de la Ménagère : Où sont passés mes Noël d'au temps ?
Y’a pas à dire, mais Noël à Paris, c’est pas vraiment ça ! On aura beau faire, dépenser le PNB du Sri Lanka en décoration, mettre l’avenir de la planète en péril pour éclairer les champs Elysées et les magasins du boulevard Haussmann, raser les sapinières pour saupoudrer la ville d’arbres et de marchés de Noël, rien n’y fait. L’année dernière, dans une tentative désespérée de retrouver l’ambiance des Noël d’au temps, j’ai même tenté Euro Disney mais les défilés grandiloquents de personnages géants aux gestes automatiques parés de mille ampoules sur trois notes de musique plus entêtantes que la pire ritournelle de Chantal Goya dégageaient autant de poésie qu’un menu Mc Do. Y’a rien à faire, autour de Paname, y’a comme un truc qui manque… ou un truc en trop. Trop d’artifice, trop de consommation, trop de stress, trop de monde trop pressé, trop de gens qui se bousculent sans s’excuser ni se regarder. Ce qui manque ici c’est tout simplement l’esprit de Noël, fait de tendresse, de générosité, de tolérance, de solidarité et d’authenticité, toutes valeurs qui viennent de l’intérieur et qu’on ne peut pas commander au Père Noël. Et quand, à la sortie du travail, on se rue dans un magasin surpeuplé et surchauffé pour acheter le cadeau incontournable vu à la télé sans lequel le Noël de Junior sera forcément raté, prêt à en découdre avec quiconque se mettrait en travers de notre chemin, la « douce nuit » prend un grand coup de pied dans la gueule et Noël se transforme en guerre. En guerre des nerfs tout au moins.
Mais peut-être manque-t-il simplement aux Noëls parisiens un ingrédient indispensable : l’Alsace. Non que les Alsaciens soient des modèles de tendresse et de tolérance, ça se saurait, mais reconnaissons leur le mérite de savoir perpétuer l’authenticité de cette fête. Si aujourd’hui Strasbourg s’est décrété capitale européenne de Noël, ce n’est pas un hasard. Rappelons que c’est en Alsace qu’est née la tradition du sapin de Noël, que les premières boules de Noël furent fabriquées dans les Vosges après une pénurie de noix et de pommes qui ornaient traditionnellement ce sapin, que le Père Fouettard est originaire du fief de Wissembourg et que l’Alsace a su perpétuer plus que nulle part ailleurs la tradition de Saint Nicolas (qui lui au moins n'est pas né sur une bouteille de Coca) et du Christkindel (illustre inconnu pour les Français de l’intérieur). Du coup, le marché de Noël de Strasbourg, même noir de monde, garde une vraie gueule d’atmosphère (cette année les touristes se plaignent, il ne fait pas assez froid, paraît que ça casse l’ambiance autour du vin chaud) et si la promiscuité vous effraie, il a fait plusieurs dizaine de petits dispersés à travers le pays. Et tant mieux, car c’est bien dans la campagne alsacienne transformée en conte de Grimm que l’on mesure pleinement la féerie, l’ambiance chaleureuse, le charme inégalé et inaltérable des Noëls de ma Heimat. Alors si le Noël factice parisien vous soûle, vous aussi, faites comme moi : cap sur l’Alsace (avec trêve de blog à partir de jeudi).
Joyeux Noël à tous !