Les voies de l'orgasme sont-elles impénétrables ?
Vous avez vu « L’âge de glace », avec l’hilarant petit écureuil préhistorique qui passe tout le film à courir après son gland, lequel lui échappe à chaque fois qu’il est à deux doigts de l’attraper ? Eh bien, y’a des femmes qui ont avec l’orgasme la même relation que cet écureuil avec son gland. Elles passent sans problème toutes les étapes de l’excitation et connaissent la montée du plaisir, mais, au dernier moment, il leur manque un presque rien, le petit truc en plus pour atteindre l’orgasme. Certaines, à l’image de l’écureuil, n’arrivent jamais à le chopper, d’autres le voient s’échapper alors même qu’elles le croyaient acquis. Et quand on passe à côté, c’est un peu comme quand on rate la sortie sur l’autoroute, c’est fichu, il faut passer par mille circonvolutions et détours pour revenir au point d’intersection.
C’est que l’orgasme féminin n’a rien d’une évidence physiologique, il n’a pas de fonction biologique.
Le clitoris est même le seul organe humain qui n’a été conçu que pour le plaisir. Mais nous ne sommes hélas pas toutes à égalité devant
le plaisir sexuel. Alors que de nombreuses femmes découvrent
la jouissance au terme d’un long parcours, d’autres ont une relation beaucoup plus immédiate et charnelle avec leur corps. La masturbation s’impose à elles dès les premiers émois, elles prennent très jeune la responsabilité de leur corps et de leur propre plaisir. L’anorgasmie leur semble proprement inconcevable car pour elles, prendre du plaisir est aussi naturel que boire ou manger, comme disait une amie qui se reconnaîtra : « Ben moi, quand ça me gratte, je gratte ».
En ce qui me concerne, côté sexe, rien n’a été facile ni évident : jamais de petits copains, vierge jusqu’à 21 ans, anorgasmique jusqu’à 25. A l’époque, ma chasse au « Big O » était devenue de notoriété publique. Chacun y allait de son conseil, de son coup de pouce, m’offrant une BD porno par ici, un vibromasseur par là. L’occasion pour moi de découvrir l’ignorance absolue des hommes face au mystère intersidéral et sidérant de la jouissance féminine. L’un d’eux m’a même rabroué d’un « Meuhh, qu’est-ce que tu racontes, tu prends une douche, tu joues avec le pommeau et tu verras que ça partira tout seul ». Mais c’est bien sûr… N’empêche, à les entendre tous et toutes, la masturbation devait être LA solution incontournable. Et me voilà, bonne élève, les jambes écartées, à tenter de trouver les bons gestes sans ressentir la moindre étincelle, pas le plus petit soupçon d’allumage, à me sentir conne, mais alors conne… Un peu comme si je tapotais désespérément sur un clavier alors que l’ordinateur est éteint.
Un beau jour, j’ai lâché l’affaire. Du plaisir j’en avais et comme ce que vous n’avez jamais connu ne vous manque pas, le sexe était tout à fait plaisant. Et puis j’ai rencontré un homme avec qui j’ai fais mille galipettes et qui s’est mis en tête de m’épouser. Deux semaines après le mariage, j’avais mon premier orgasme. Mon mari n’avait rien fait de plus ou de différent, mais mon corps se sentait suffisamment en confiance, en sécurité pour se laisser aller. Après, c’était parti comme en 40, j’étais devenue la reine de l’orgasme, j’en ai connu de toutes sortes, des feux d’artifices et des pétards mouillés, des courts et des interminables, des chavirants et des biens sonores, des où je pleure, d’autres où je ris, des où je tombe du lit, d’autres où je me tape contre le mur… Et même la masturbation, j’ai fini par y prendre goût : un chouya de fantasme ou un brin de porno, et c’est parti, tap, tap, tap, crac boum hue. C’est fini et je passe à autre chose, détendue. Alors, le mariage comme solution à l’anorgasmie, qui dit mieux ?
Et pour vous ça se passe comment ? Quelle relation entretenez-vous avec l’orgasme (si relation il y a) ? Le premier est arrivé comment ? C’est quoi votre truc quand l’orgasme résiste ?
Et vous messieurs, vous voyez ça comment ? L’orgasme de votre partenaire, c’est une obsession ou un bonus ? Ça vous angoisse de ne pas maîtriser, de ne pas savoir ?