J'ai testé pour vous : Les clubs échangistes
Je vous rassure, ça ne date pas d’hier mais plutôt d’une dizaine d’années. Je doute cependant que les clubs échangistes aient beaucoup changé. A l’époque je n’avais ni mari, ni petit ami, rien à échanger donc, mais une certaine curiosité et l’envie de ne pas mourir idiote. Vous savez comment c’est, les médias se repaissent tant et si bien de ces expériences marginales (qui concernent 1% de la population) qu’on finit par croire qu’on n’est pas dans le coup si on n’a pas essayé. Je ne suis par bégueule et je veux bien admettre que l’échangisme peut être une option pour qui cherche à épicer sa sexualité, si on est capable d'en assumer les conséquences. Il peut tout autant refléter une vraie misère sexuelle, représenter une tentative désespérée et pathétique de retenir un partenaire. J’étais bien déterminée à ne rien essayer du tout et c’est mû par une motivation strictement ethnologique que je tentais l’aventure
Un prétendant du genre je-suis-séparé-mais-je-porte-toujours-mon-alliance- pour-échapper-aux-hordes-de-femmes-en-furie était disposé à m’accompagner (j’étais son sésame, il était mon investisseur). J’avais beau lui expliquer la noblesse de mes intentions, il persistait à croire – tout en s’en défendant – que c’était un moyen infaillible pour me faire basculer dans sa couche. C’est vrai quoi ! Qui irait à la fête de la bière bavaroise sans même avaler une pinte ? Hélas, j’ai bien du passer une heure ostensiblement accrochée au siège côté bar et piste de danse. La populace ne dénotait guère par rapport à une discothèque classique, sinon par des tenues un peu plus « ouvertes ». Mon fessier enfin dévissé, je traversais une salle d’attente, sorte de sas de décompression feutré où des couples échangeaient des banalités avant d’échanger leurs fluides. A côté, dans les alcôves tamisées commençait la foire au sexe. Curieux de voir ces limaces humaines se mélanger au milieu des râles, floc-flocs et autres bruits de sussions. Curieux aussi de retrouver le couple qui l’instant d’avant devisait aimablement en train de se brouter la chair, comme s’il n’y avait plus de frontières entre sexe, amitié et fréquentation sociale. Le plus surprenant reste cependant l’ambiance très safe du lieu et les comportements forts civilisés des participants. Pas de mains aux fesses, de gestes déplacés, d’avances salasses. Une invitation, un refus courtois et l’intéressé s’incline. Pourquoi insister au risque de se faire vider manu militari alors que juste à côté un mari généreux est venu offrir sa superbe blonde aux bipèdes présents ? Finalement, au désespoir de mon accompagnateur, je fus la seule à ne pas consommer (lui c’était au moins tapé la blonde). Pas excitée ? Bien sûr que si ! Trop coincée ? Non, mais ma tête reste souveraine et n’oublie jamais de s’interroger : Comment vais-je me sentir demain ? Et pour une fois, j’ai préféré prendre le risque de regretter de ne pas l’avoir fait plutôt que de regretter de l’avoir fait.
A mon sens, dans le sexe, deux participants ça va, trois participants, bonjour les dégâts ! Et au-delà, bienvenue la gueule de bois ! Céder aux insistances d’un partenaire – car c’est souvent ainsi que ça se passe pour la femme – n’est pas sans conséquence. Pour elle, mais aussi pour lui, qui pourrait bien être le premier à s’avérer incapable d’assumer ce qu’il a pourtant provoqué. Et vous, qu’en pensez-vous ?