Le GPS va-t-il assurer la paix des ménages ou précipiter leur perte ?
Quand mon mari et moi partons en week-end, je deviens la parfaite petit femme et lui mon authentique prince charmant. Je m’occupe avec entrain de toute l’organisation, avec bagages, pique-nique et planning des festivités, sans ressentiment ni revendication féministe car je lui laisse le pire : conduire !
Et lui, qu’il neige, qu’il vente, qu’il grêle, de nuit comme de jour, sur un chemin de terre à l’étroitesse cauchemardesque à flanc de coteaux ou au cœur d’une tourmente sibérienne entre pelleteuses et camions, il assure ! Bref, un bonheur digne d’une publicité MMA si je n’avais pas aussi une mission de co-pilote. J’entends déjà vos hauts cris effarouchés, mais quelle idée de confier les plans et la direction à une femme, espèce dont l’absence de sens de l’orientation est pourtant légendaire. D’autant que je suis pire qu’une femme Lambda, puisque le sens de l’orientation je CROIS l’avoir et je soutiens mordicus une direction à l’opposé de celles qu’on devrait prendre. En plus de ça, j’ai toujours peur de rater quelque chose et j’impose au conducteur pragmatique des fantaisies bucoliques, des détours et autres routes panoramiques que « dans mon guide y disent que c’est incontournable » ! Mais mon pire défaut reste le manque de réactivité, le doute qui m’assaille quand les panneaux ou les cartes ne sont pas clairs, et comme on roule PENDANT que je réfléchis, ben une fois sur deux, on se plante ! A chaque plantage, mon mari me bassine « Si on avait un GPS… ». Sauf que moi je prends ma mission de co-pilote très à cœur, j’aime tenter les chemins de traverse, avoir le choix et pouvoir me perdre. Mais bon, vous savez comment c’est : Quand un gamin vous harcèle du matin au soir pour avoir le dernier joujou à la mode, vous finissez par craquer et mon grand a donc eu pour Noël un GPS dernier cri !
Une escapade à Deauville le week-end dernier fut donc l’occasion de tester notre fameux « tournez à droite, tournez à gauche » comme l’a baptisé notre fils. Je vous la fait courte, mais on a eu droit à la totale : instructions pas claires (à droite, d’accord, mais quand y’a deux routes à droites, on prend laquelle ?), indications fantaisistes (17 minutes pour faire Vincennes-Neuilly, il prend le périphérique pour une autoroute ou quoi ?) et détours injustifiés (c’est quoi cette route pour sortir de Saint Maur ?) qui prouvent s’il était besoin qu’une machine ne remplacera jamais l’esprit et l’expérience humaine. Pourtant à chaque fois, mon mari prenait la défense de l’engin. Si on se trompait c’est que j’avais « parlé en même temps » ou que je l’avais distrait en remettant en cause les instructions du Dieu GPS. Le comble fut atteint en quittant Honfleur. Je m’étais résignée à un silence monacal alors que mon mari suivait le GPS avec la soumission d’un cheval d’attelage flanqué d’œillères. Hélas, en plein parcours, les batteries lâchèrent sans préavis ! Mais comme nous étions sur l’autoroute, le danger de plantage semblait écarté. Nous roulions en devisant gaiement quand soudain l’absence persistante de panneaux kilométriques pour Paris me mit la puce à l’oreille, la direction « Caen » confirma mon soupçon : Nous prenions depuis une heure l’autoroute à l’envers !
Bref, le GPS rend con, transforme en mouton, provoque des malentendus, engendre disputes et discussions, ne contribue en rien à la paix des ménages, prive le voyage de sa poésie et ne permet même pas forcément d’arriver à bon port.
Mais bon, mon mari me jure que ça ira mieux la prochaine fois… quand il aura lu le mode d’emploi !