L'Oeil de la Ménagère : Jamais contente...
Vous allez trouver ça scandaleux et crier au comble pour quelqu’un qui a tout de l’auteur-consultante-épouse-mère accomplie, vous aurez sans doute raison mais que voulez vous, on ne se refait pas. Alors voilà, depuis quelques temps, je dois bien vous l’avouer, je m’emmerde ! C’est pas que j’ai rien à faire, entre mes trois hommes à éduquer (hé, oui, je couve à nouveau un chromosome Y), mon quatrième bouquin à livrer et mon boulot de consultante à terminer, j’ai de quoi m’occuper. Et c’est vrai que je ne m’ennuie pas… mais qu’est-ce que je m’emmerde ! J’ai toujours rêvé d’écrire, mais maintenant que je ne fais plus que ça et que j’en suis à ma quatrième Courge, c’est moi qui ai l’impression de virer courge.
Mon deuxième fils en gestation a un petit goût de déjà vu. Mon avenir professionnel me laisse l’embarras du choix mais les options me semblent aussi appétissantes qu’une choucroute alsacienne sans garniture. Bref, mon cerveau est sur pilote automatique, plus rien ne le stimule, je ne sais que faire de moi ni trop ce que je veux, plus rien ne me fait envie, je suis saisie par la bofitude et l’àquoibonnisme. Paraît que rien n'est plus fort chez l'homme que la résistance au changement, mais moi c'est le mouvement qui me nourrit.
J'ai besoin de faire des choses différentes, lancer de nouveaux projets, me fixer des challenges, projeter mon esprit vers des horizons inexplorés… Sitôt un but atteint, je tourne au rond comme une lionne dans sa cage, au lieu d’apprécier les lauriers glanés. C’est grave docteur ? C’est quoi cette pulsion à n’être jamais satisfaite, à toujours chercher ailleurs une herbe plus verte ? C’est une marque de fabrique, une tare, une pathologie ? Ou tout simplement un trait de personnalité avec lequel il me faudra bien composer ?…
Quand j’entends Muriel Robin dire « je ne vais quand même pas faire des one-woman shows toute ma vie » ou Kate Winslet prétendre que « certains jours, on n’a pas envie de se faire traîner dans l’eau glacée par Léonardo DiCaprio », je me rends compte que je n’aurais sans doute jamais de repos, quel que soit mon degré de réussite. N’importe quel job, fusse-t-il de rêve, me lassera sitôt qu’il deviendra routinier. Le plus étonnant, finalement, c’est que mon mari pourtant Normal de chez Normal me fasse toujours rire, me surprenne et me stimule encore même après 7 ans de vie commune… Hélas, ni lui ni même mon fils ne sont l’antidote à mon insatisfaction chronique, mais au moins, avec eux, je ne m’emmerde jamais, c’est déjà pas mal, non ?