Agressions sexuelles, nous sommes tous concernés...
J’ai souvent été frappée par l’incompréhension, voire le doute, que suscitaient chez l’homme bien les récits de harcèlement en lieux publics qu’une minorité de pervers faisait subir à une majorité de femmes. Il fallait souvent que j’entre dans le détail des comportements hallucinants auxquels j’ai été moi-même confrontés pour qu’ils envisagent ce côté obscur de leur genre. Ce témoignage permet de mieux comprendre pourquoi le harcèlement sexuel dépasse leur entendement : c’est parce qu’ils se savent pas. Ce côté obscur leur est totalement étranger. Donc, ils n’arrivent pas à y croire. Ils ne savent pas à quel point les pervers excellent à repérer le point faible d’une femme et à en jouer. Ils ne comprennent pas combien le harcèlement peut être insidieux. Ils ne voient pas la menace derrière une remarque en apparence anodine. Ils ne réalisent pas qu’une culpabilité empirique peut suffire à pétrifier la plus audacieuse des femmes. Ils n’admettent pas que la supériorité physique et intrusive de l’homme rend chacune de nous vulnérable par essence. La campagne actuelle sur le harcèlement sexuel dans le transport a le mérite de mettre la lumière sur des agressions souvent tues, ignorées ou minorées. Après le très beau film égyptien « Les femmes du bus 678 » diffusé la semaine dernière sur la chaîne parlementaire (et détourné ici en invitation à une garden-party entre usagères du RER E), le documentaire « Non-assistance à personne en danger » sur France 5 ce mardi pointe l’indifférence face à l’agression. Ces campagnes, ces films, ces témoignages nous rappellent chacun à leur manière que la femme ne provoque pas mais subit le harcèlement sexuel et que ce fléau est l’affaire de tous.