Mon premier sketch : ça y est, je tiens le bon bout…
Ça fait longtemps que je ne vous ai plus parlé de mon école du One-Man-Show et pour cause : Après l’euphorie de l’apprentissage des premières semaines, j’ai vécu une sévère crise de confiance en moi. Je me sentais nulle. Je pensais ne jamais y arriver. J’ai même envisagé d’abandonner. Oui, moi, Juliette alias Catherine Sandner, la femme de challenges ! Même les compliments sur mon jeu et mon personnage ne me faisaient plus d’effet. C’était des cacahuètes lancées au singe pour le consoler de ses grimaces pitoyables. Je ne progressais plus, j’étais engluée dans mon insuccès, incapable de séparer la graine comique de l’ivraie. L’humour n’étant pas une science exacte, j’étais face aux injonctions contradictoires de mes profs et acolytes. L’un disait d’aller à droite, l’autre d’aller à gauche, j’ai fini par caler au milieu de l’autoroute. J’ai alors décidé de mettre mon texte de côté pour écrire autre chose… sans rencontrer plus de succès, d’ailleurs !
La semaine dernière j’ai remis mon ouvrage sur l’établi. Je suis revenue à l’étape précédente, avant de me noyer en partant dans tous les sens. J’ai isolé et retenu les éléments qui avaient fait leurs preuves : mon entrée, ma chute, et les 2/3 du corps de mon texte qui avaient bien marché. Il s’agissait à présent de rendre l’ensemble plus consistant, de travailler le storytelling, en prenant une direction et en m’y tenant, en l’occurrence, celle d’une guerre des régimes domestiques : régime Weight Watchers contre régime Rambo ! J’ai même agrémenté mon sketch d’une battle en mode rap, livrée ici en avant-première :
Lui : Ça fait des mois que tu fais Weight Watcher,
j’vois vraiment pas à quoi ça’t’sert,
tout ce que t’as réussi à dégraisser,
c’est ton compte en banque au CIC. Cassée….
Moi : Yo mec, toi t’as perdu que des ch'veux
T'as pas le niveau pour ce jeu
J'te donne deux s'maines dans cette galère
Avant qu'tu craques et pleure ta mère
Dans ta face, looser !
Quand j’ai lu mon texte sur scène, j’étais cette fois-ci moins à l’affut des rires, que soucieuse de percevoir la mécanique, le rythme et à la cohérence de l’ensemble. J’ai senti que ça fonctionnait. Alléluia, tout le monde semblait d’accord avec moi ! J’ai même accepté de bonne grâce les compliments sur mon personnage, mon naturel comique et de combien ce sera encore plus drôle quand je vais le jouer. Bien sûr, il reste encore du travail pour éliminer le moins drôle et rajouter du plus drôle (ce que je ne suis toujours pas capable de « sentir »), mais j’ai retrouvé mon Mojo. J’y crois à nouveau, je me lève à nouveau au milieu de la nuit pour écrire une punchline qui m’est apparue en flash, je passe à nouveau pour une grave dérangée à force de mimer mes sketchs dans la rue ou le métro…
Bilan de ce premier trimestre ? J’aurais déjà appris qu’on ne fait pas rire en racontant sa vie. On part de sa vie, puis, très vite, on en rajoute, on exagère, on force le trait, on pousse le raisonnement jusqu’à l’absurde, on nourrit à outrance le personnage qu’on incarne. C’est la condition pour être drôle. En restant dans la vérité vraie, dans l’anecdote de la vie de tous les jours, on ne fait pas rire, tout au plus, on amuse. A l’écrit, ça fait un style, mais sur scène, ça ne suffit pas !
“C’est une étrange entreprise que celle de faire rire” disait déjà Molière. Une étrange entreprise qui, pour moi, ne fait que commencer. A suivre en 2016… et sur scène à la fin du premier trimestre : avis aux amateurs, pensez à réserver, les places seront limitées – et payantes ! (mais vos 9€ n’iront pas dans ma poche)