« La traque des nazis » hier soir sur France 2 : L'image de trop
Patrick Bruel, grand philosophe devant l’éternel, a dit un jour : quand on devient parent on découvre vraiment ce que l’amour et la peur veulent dire. Et c’est vrai que s’il arrivait quelque chose à mon fils, je sais que je ne m’en relèverais pas. Tout en faisant partie de moi, il est pourtant destiné à m’échapper sans que jamais je ne puisse m’en détacher. Pire, en devenant mère je suis aussi devenue mère universelle et la souffrance de n’importe quel autre enfant m’est devenue insupportable. Si bien que je me demande si, outre les sigles « interdit aux – de 10 ans, etc », la télévision ne devrait pas rajouter des sigles du style « interdit aux mères de jeunes enfants ».
France 2 nous présentait donc hier ce document qualifié "d’indispensable" par Télérama sur la traque des nazis « s’appuyant sur des images d’archives inédites » dont certaines auraient peut-être du le rester. Dès les premières minutes, on est saisi par l’effroyable efficacité du système nazi qui a réussi à gangrener et à déshumaniser tout un peuple. On nous balance des images insoutenables de montagnes de cadavres décharnés, d’enfant brutalement séparé de sa mère et tué sous ses yeux, de collection de tatouages prélevés sur la peau des déportés… Jusqu’à cette image de trop, supposée illustrer l’opportunisme des industriels et des médecins allemands envers les déportés « puisqu’ils meurent, autant qu’ils servent à quelque chose ». On voit ainsi une sorte de laborantin placide balancer et torde dans tous les sens un enfant en train de hurler (on nous fait grâce du son, mais l’image parle d’elle-même).
Je n’ai jamais vu dans aucune histoire, dans aucun film, d’information ou de fiction, un enfant en train de se faire torturer. Cette image était-elle vraiment indispensable ? Qu’apporte-t-elle ? En quoi nous apprend-elle d’avantage que tout ce qui nous a été montré et raconté précédemment ? En tout cas, pour moi, elle a été contre-productive puisque je me suis rabattu sur le film de TF1, une merde sans intérêt qui au moins ne risquait pas de me donner des cauchemars. Mais cette image reste comme une blessure indélébile dont la violence continue à me hanter, et je me demande toujours : En quoi était-elle nécessaire ?