L'amniocentèse : Comment cela se passe en vrai ?

Publié le par Juliette

C’est désormais officiel : mon bébé a échappé à la varicelle de mon fils, aux trisomies diverses et aux risques de fausse couche liés à l’amniocentèse (quoique, d'après le web, elle peut avoir lieu dans les 8 jours et non les 48 heures qui suivent… plus jamais tranquille avec Internet). Vu mon grand âge (41 ans), je savais que j’allais y avoir droit, je la voulais même pour mon premier, mais j’étais trop jeune ! On m'a renvoyée dans mes pénates : « 37 ans ½ c’est pas 38 ans » (âge au-delà duquel l’amniocentèse est automatique).

Je croyais que le seul risque de l’amniocentèse était lié à un accident de manipulation, au fait que l’aiguille touche le bébé, le cordon ou traverse le placenta. Mais en vérité, la fausse couche peut être provoquée en réaction à l'intervention, à priori dans les 48 heures, même si l’intervention s’est déroulée sans problème. Et quand on sait que ce risque est estimé à environ 1% (et qu’on a été comme moi traumatisé par une fausse couche) alors que la probabilité de trisomie sans antécédents familiaux pour une femme de 40 ans est de 1 sur 111 (inférieure, donc !), on est en droit de se demander si l’amniocentèse vaut vraiment la peine. Pendant les 48 heures de repos complet imposé par l’hôpital, j’ai eu le temps de gamberger, d’imaginer le pire : Et si je fais une fausse couche alors que le bébé était parfaitement sain ?

De toute façon, paraît que tout le monde arrive ultra, archi, super stressée au rendez-vous. Heureusement, c’était à l’Hôpital Américain de Neuilly, après une consultation de pré-dianostic auprès d’une doctoresse si empathique et douce que je lui aurais confié ma vie sans sourciller. Elle m’a tout expliqué, précédant les questions que je pouvais me poser. Bonne vendeuse aussi, car bien sûr j’ai choisi la formule « résultat en 2 jours » payante et non remboursée plutôt que la formule traditionnelle. Mais éviter 3 semaines d’attente infernale n’a pas de prix ! Et comme les américaines sont très procédurières (suffit de voir les séries venues de States avec leurs avocats plaidant des cas qu’on n’oserait même pas imaginer ici), la convention est très encadrée : se faire conduire pour rentrer, prendre deux jours de congé et rester allongée toute la journée suivant l’intervention, du coup le taux de fausse couche n’est que de 0,3% chez eux !

Et l’intervention alors, comment ça se passe ? On se déshabille dans une cabine, on met une blouse ouverte sur le devant, on rentre dans la salle  et on s’allonge devant le médecin et son assistante qui contrôlent l’endroit de la ponction via échographie. Ils mettent des gants, un tablier, un produit sur le ventre, entourent la zone de papiers, préparent les outils… et peu à peu vous vous sentez dans « Brazil » avec l'impression que ces personnages au stoïcisme quasi germanique préparent leur arsenal de torture. Si vous n’aviez pas peur en pénétrant leur antre aseptisé, vous êtes à présent au bord de l’apoplexie. « Respirez, Madame, on ne voudrait pas avoir à vous réanimer ». Vous riez jaune, mais faut pas… ça fait bouger le ventre. Faut pas non plus tourner la tête pour regarder le moniteur, c’est pas pour vous. Alors, vous ne bougez plus ! A quoi ça ressemble donc cette aiguille qu’on est supposée « sentir moins que celle d’une prise de sang » ? J’en sais rien, je regard fixe droit devant, je ne l’ai pas vue… par contre, je peux vous décrire en détail le plafond de la clinique. Comment je me suis sentie ? Un peu comme un taureau dans l’arène : une pique, un deuxième coup plus profond, ça brûle, j’attends que ça passe et quand c’est fini, je râle : « C’est même pas vrai que ça fait pas mal ! J’ai rien dit parce que je suis une grande fille, mais je n’en pensais pas moins ! »… Mais peut-être est-ce moi qui manquait de couenne à 16 semaines d’aménorrhée ? De toute façon, 5 minutes plus tard je me coinçais deux doigts dans la porte en sortant de la cabine, de quoi relativiser la douleur de l’inoffensive aiguille.
J’ai eu quelques vertiges et maux au ventre (curieusement, surtout le deuxième jour) mais ce n’est pas cher payé pour bénéficier du si rare privilège d’un mari aux petits soins avec moi par prescription médicale !

Sur le thème de la grossesse et de ses conséquences, consultez ici ma série « Jeunes mères, futures mères : tout ce qu’on ne vous dit pas… »

Publié dans La Vie comme elle va

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J
Heureuse de t'avoir fourni une "bonne excuse" (car franchement, des comme ça, combien en avons nous dans notre vie ?)...<br /> Pour la date de l'examen, il me semble que c'est 12 semaines le minimum et ma philosophie en la matière c'est de la faire le plus tôt possible car si un avortement s'avère opportun, il sera d'autant moins traumatisant qu'il aura été fait tôt. Je n'ai eu aucune information comme quoi la précocité serait un facteur supplémentaire de fausse couche.
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E
Coucou Juliette,<br /> <br /> Merci, merci mille fois pour cette article !!!<br /> Grâce à toi je vais bouquiner des polars pendant 2 jours couchés et me faire ramener en voiture après l'amniocentèse plutôt que de rentrer comme d'hab à vélo... <br /> Te souviens tu de la date où tu as pratiqué l'examen. En france cela se pratique entre la 14e et 18ème semaine mais penses tu (avec tes bonnes infos de ton super hôpital américain) qu'il y a une date où c'est plus facile de la pratiquer pour le médecin ? (plutôt 14 ou plutôt 18 ?)<br /> J'ai 39 ans et j'aimerais vraiment minimiser les risques de fausse couche !<br /> <br /> En espérant que tu auras l'occasion de lire ce message.<br /> Et encore merci !<br /> <br /> Très chaleureusement
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J
Bon d'accord, l'Hôpital propose l'option résultat payant en deux jours mais sinon faudrait attendre 3 semaines, donc on profite tous les deux de l'arnaque... Et au moins il vous file d'office 48 heures d'arrêt maladie, avec engagement à un repos strict. Pour le bobo et le stress, y'a peut-être pas de quoi en faire un plat non plus, c'est juste un mauvais moment à passer (mais aussi pour moi... une expérience de plus à partager). Merci pour ton témoignage Loutre qui prouve qu'on peut renoncer à l'amniocentèse sans être irresponsable et qu'il y a d'autres moyens de limiter les risques... En plus, normalement, bientôt, l'amnio sera de l'histoire ancienne puisqu'on va pouvoir détecter les trisomies éventuelles par une prise de sang. Mais bon, dans les articles que j'ai lu, la technique devait être mise sur le marché en 2006... et on l'attend toujours !
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C
oui, incroyable de te faire payer les résultats en 2 jours... dans mon cas (pb génétique parce que pour l'âge suis bôôôcoup plus jeune que vous moi m'dame ;-))) enfin à peine alors je m'vante...) il y avait des "cultures" qui ont pris des semaines (voire des mois.... ) heureusement qu'on ne m'a pas proposé cette arnaque...<br /> (mais on dirait l'administration belge où tu paies plus cher pour avoir tes papiers plus vite...)<br /> par contre côté amnio je trouve qu'on est plus cool ici... on peut la faire à l'âge qu'on veut, et ne pas la faire si on ne veut pas (j'imagine qu'en france aussi puisque ma mère a pu en refuser une à 43 ans).<br /> effectivement c'est même pas vrai que ça fait pas mal, c'est personnel la réaction à la douleur (contrairement à ce que dit le gynéco (homme) qui n'en a jamais subi lui-même bien sûr), si j'avais pensé à ça avant j'aurais pu te dire qu'en faisant une petite préparation, haptonomie ou sophrologie ou ce genre de pratique, on ressent moins la douleur +le stress.<br /> en revanche comme chez les belges on n'est pas américains (hein), j'ai dû pleurer pour avoir 1/2 journée d'arrêt (et prendre congé pour rester plus longtemps chez moi),  et passer pour la reine des glandues essayant de profiter du système... <br /> et comme ici, autre bizarrerie, le patient ne voit jamais les résultats (envoyés au doc, lui il SAIT, il comprend, pas toi), moi j'en ai profité pour lui demander de nous dire si tout allait bien et de garder le sexe du bébé pour lui. la première fois il a tenu le coup, la 2e il a gaffé à une semaine de l'accouchement, argh.<br /> on est surinformé d'un côté, et d'un autre, il y a des réponses qu'on n'a pas.... globalement moi ça me rassure d'avoir les infos (il y a toujours pire que mon cas finalement, je relativise).<br /> je te souhaite une belle continuation de grossesse avec le moins de stress possible (ou alors juste celui du nombre de tes ventes...!)<br />  
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L
En fait, l'amnio n'est pas "automatique" même si on a dépassé l'âge requis.En ce qui me concerne je viens d'avoir mon 3e à 39ans 1/2 et je n'ai pas souhaité l'amnio. J'ai en effet eu pas mal de difficultés à avoir mes enfants et dans ce cas on réfléchit car le 1% de fausse couche prend une certaine dimension !J'ai donc fait le triple test qui couplé aux analyses échographiques - clarté nucale de l'écho 1 puis morpho de l'écho 2 montrait un rique extrêmement faible.Ceci dit, si les résultats n'avaient pas été aussi bons j'aurais fait l'amnio mais dans ce cas j'ai pris le risque et je ne le regrette pas car mon bébé est en pleine forme. Mais je comprends que certaines préfèrent être rassurées car jusqu'au jour J on n'a aucune certitude !
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