Au secours, mon fils a des TOC (Troubles Obsessionnels Compulsifs)
Je sais bien que les voies de l’enfance sont impénétrables et qu’à 3 ans c’est un peu trop tôt pour se risquer à un tel diagnostic mais quand même. Il fut un temps où mon garçon était un modèle d’équilibre accordant une confiance légitime et sans faille à ses géniteurs. Alors que maintenant…
Prenez la nourriture par exemple. Avant, il ingurgitait avec une voracité cocasse tout ce lui mettait dans la bouche. Aujourd’hui, il accueille avec suspicion tout ce qui sort de la trinité saucisse-saumon-chocolat. C’est soit « trop chaud », « pas bon » avant même d’avoir goûté, « veux ça » en lorgnant dans l’assiette de papa, « veux pas » quand finalement on lui en donne un bout, « j’ai trop mangé » alors qu’il n’a encore rien avalé. Reste plus qu’à lui mettre sous le nez une substance unique tiédasse dans laquelle il ne puisse pas piocher, et prier pour qu’il en soit alléché.
Mais là où les troubles obsessionnels de mon fils prennent toute leur ampleur c’est dans l’habillement. Dès le réveil, il saute du lit avec une seule obsession « veut mettre un tee-shirt », il se déshabille, fouille armoires et tiroirs et pour peu qu’il ne trouve pas LE tee-shirt qui lui sied, il finit nu et paniqué au milieu de la pièce. Pourquoi celui-là – jamais le même – à ce moment-là, et pas un autre ? Mystère et boule de gomme. Le week-end, il s’habille à se déshabille toute la journée au gré de sa fantaisie et on le retrouve parfois cul nu avec quatre couches de tee-shirt, quand il n’a pas mis le tee-shirt à papa. Mais tout ceci n’est rien comparé à la séance d’habillage infernale des jours d’école.
Tout se négocie avec force et rage :
- Je veux mon tee-shirt Superman !
- Tu l’as déjà mis hier, il est au sale.
- Mais non, il est paosale, je veux mon tee-shirt Superman !
- Arrête tes histoires et met ce tee-shirt !
- Non, je veux remettre çui-là.
- C'est pas possible, c’est ton pyjama, alors tu vas mettre ce tee-shirt !
- Non, je veux paaas çui-laaaaa, noooon...
Une vraie Drama Queen. Rebelotte pour le pantalon, les chaussures, devant le porte manteau, quand du haut de son mètre il assène plein d’assurance : "Non pas cette veste, celle-là !
- Celle-là ?
- Non celle-là !
- Celle-là ?
- Nooon, celle-là !" Tout y passe, on finit par lui mettre n’importe quoi en se disant que ce qu’il voulait n’existait que dans sa tête.
Avouez qu’à ce point de mes affres l’ombre d’un jugement condescendant vient chatouiller votre esprit ? Je suis trop laxiste ? Je me laisse trop faire ? Mais vous ne connaissez pas mon fils. Si je tente de l’habiller de force, il se met à hurler, à se débattre, comme s’il bataillait pour sa vie et qu'on l’apprêter pour l’abattoir. Son comportement relevant plus de l’idée fixe que tu caprice, rien ne peut le circonscrire. Et quand, au bout de 10 minutes de lutte, je m’écroule haletante sur le sol de la salle de bain, j’avoue, oui, je finis par lui mettre ce qu’il demande, n’importe quoi, pourvu d’avoir la paix. Je n’en suis pas encore arrivée à l’emmener à l’école en pyjama mais ça ne saurait tarder.
De toute façon, ma réputation de mauvaise mère est faite, pas seulement parce que mon fils arrive à l’école en pantacourt et veste de jogging en plein hiver, mais aussi parce qu’il a un autre trouble compulsif obsessionnel plus embarrassant encore : la cleptomanie. Il revient systématiquement de la maternelle avec un doudou qui n’est pas le sien, un vêtement volé ou carrément le sac de quelqu’un d’autre. Quand je m’en émeus auprès du personnel, on me répond « Comment ? Ce n’est pas à lui ? Mais il nous a dit que c’était à lui ». Oh hé, il a 3 ans, vous vous souvenez ? Sa force de persuasion est telle que l’école est parsemée d’objets divers qui ne lui appartiennent en rien et sur lesquels son nom est pourtant consciencieusement écrit. Inutile de clamer son innocence car il sait très bien ce qu’il fait, l’autre jour il a caché le doudou volé à l’intérieur de la pochette de son goûter, dans son sac, en s’y agrippant au moment de partir.
Je devrais peut-être l’emmener chez un psy ou l’inscrire au théâtre avant qu’il ne finisse en prison ou dans un nid de coucous, qu’en pensez-vous ?