Pourquoi la Fée du Logis ne s'est-elle pas penchée sur mon berceau ?
Soyons clairs : Je déteste le ménage, ça me pend au nez, je repousse et traîne des pattes, jusqu’à ce que mon seuil de tolérance soit atteint, lequel se situe à mi-chemin entre la Desperate Housewife Bree et les affreux de "C’est du propre !". J’avoue cependant que l’énergie nécessaire pour me mettre en branle est telle que je comprends celles qui lâchent l’affaire et tombent dans un cercle vicieux dont on ne sort plus. Evidemment, je nourris une culpabilité et une admiration sans borne pour mes congénères qui adoptent la seule méthode raisonnable qui soit en s’acquittant des tâches domestiques un peu tous les jours. Elles perpétuent ainsi dans la joie et la bonne humeur les gestes de leur mère, des mères de leurs mères et de toute leur lignée en remontant jusqu’à Eve. Paraît que c’est psychogénétique, une sorte d’automatisme qui s’installe inconsciemment et qui évacue la pénibilité des tâches. Alors, pourquoi ça n’a pas marché sur moi ?
Certes, en femme au cerveau multi-tâche qui se respecte, je ramasse, range, ordonne en passant de la chambre à la salle de bains, là où ma moitié ne ferait que suivre son chemin à l’aveugle. De là à donner un petit coup de balayette et de chiffon, à faire la vaisselle en nettoyant l’évier tous les jours – qui encore une fois serait le meilleur moyen de m’éviter la corvée du gros ménage hebdomadaire – il reste un gouffre que je ne me résous pas à franchir. Les notions de plaisir, de fierté du travail bien fait et du devoir accompli restent totalement étrangères à ma perception des tâches domestique. Mais qui sait ? C'est peut-être une attitude révolutionnaire de ma part, un acte féministe, un refus de me soumettre au dogme, à l’idée ancestrale que le sens pratique et les vertus domestiques font partie de ma nature de femme et de mon patrimoine génétique ? Certes ma résistance et ma rébellion accentuent la corvée mais peut-être est-ce le prix à payer pour m’en émanciper ? Au moins je ne fais pas partie de ces femmes qui, tout en fulminant sur le manque de participation de leur moitié, continuent à repasser fidèlement les chemises de Monsieur estimant sans même réfléchir que c’est « la moindre des choses ».
Résultat ? Chez moi, la répartition des tâches se fait en fonction des compétences de chacun : C’est mon mari qui repasse (y’a pratiquement que ses chemises dans le panier à linge), reprise (il est descendant de tailleurs, ça fait partie de SON patrimoine génétique), suspend et range majoritairement le linge, qui représente pourtant à 96% l'apanage des femmes ! Oui, oui, je sais, j’ai de la chance… NON, c’est PAS de la chance, c’est de la négociation, de l’instance, de la vigilance, de la résistance, car pour moi aussi, ce serait parfois plus simple de m’en occuper moi-même ! Je gagne quelques batailles, mais jamais la guerre. Je fais à manger tous les jours, mais je dois toujours insister pour que la table soit mise puis débarrassée, vérifier que les assiettes atterrissent dans le lave-vaisselle et les restes dans le frigo… Et certains soirs, quand j’arrive chez moi après une journée harassante de boulot, un détour par le pressing et un saut chez la nounou pour récupérer junior qui déjà me sollicite avec ses vaisseaux spatiaux en lego, avec mari-chéri qui réclame des papouilles alors que j’ai une poêle dans chaque main et que Desperate Housewifes commence dans 10 minutes, il me vient comme un fantasme l’idée que finalement, à bien y réfléchir, la bigamie autorisée par la religion de mon mari aurait du bon car, moi aussi, ça me soulagerait, une épouse de plus !
PS : Quand l'inconscient nous joue des tours... Je viens de réaliser que je vous ai concocté un article sur le ménage pour la journée de la femme, la honte !...