Fausse couche : Comment aider ?
Voilà un moment que j’envisage d’aborder ce sujet mais je craignais qu’un déluge lacrymal ne vienne en saborder l’écriture. Six mois ont passé et pourtant je ne suis toujours pas sûre de pouvoir parler de cette expérience sans être prise en traître par une boule dans la gorge, la voix qui s’enraille, les yeux qui se mettent à brûler…
Quand on a presque quarante ans, on connaît pourtant les statistiques, on sait qu’on a une chance sur trois de faire une fausse couche, on essaye de raison garder durant les trois premiers mois, de ne pas de réjouir trop vite et pourtant, quand le verdict tombe, on n’est jamais vraiment préparée. Car, il y a dans ce petit haricot de quelques millimètres tout le disque dur et le programme de notre enfant à venir. Dès l’instant où l’annonce nous est faite et que l’on se sait enceinte, dans notre cœur et dans notre tête, l’enfant existe déjà. Qu’importe la réalité scientifique, brute et raisonnable, c’est ce sentiment profond qui prime. A la tristesse sans fin, à l’amertume lancinante qui accompagne le deuil d’une fausse couche, s’est ajouté pour moi la douleur de devoir participer au processus annoncé par une échographie prématurée. On attend et on continue à vivre en sachant qu’on porte en soi un embryon qui se meurt, un petit rien du tout avec un cœur qui bat, qui va cesser de battre, qui va lentement se détacher et terminer sa course en petit œuf ensanglanté au fond des toilettes. Et on tire la chasse sur cet enfant tant désiré mais qui n’existera jamais. Qui osera encore dire que « ce n’est pas grave » ? Alors, comment aider ? En ne relativisant surtout pas !
Le problème c’est qu’il y a un complet décalage entre la dimension tragique de l’expérience et la banalité du fait médical. Nous savons bien que la fausse couche est un processus positif et sans conséquence qui permet d’éliminer les embryons non viables, nous savons pertinemment que c’est un non-sens médical que de parler d’enfant à ce stade de développement de ce qui n’est même pas encore un fœtus, nous savons que « ça vaut mieux comme ça » et que « ce n’est que partie remise », mais cela ne nous aide aucunement de nous l’entendre dire. Nous restons inconsolables et aucun argument rationnel ne saurait y remédier. C’est pas « grave », c’est vrai, mais c’est la dernière chose que nous voulons entendre car ce que nous vivons, dans notre chaire et dans notre âme, n’est rien de moins que la fin du monde ! A cet instant, c’est juste la chose la plus grave qui pouvait nous arriver. Ce dont nous avons besoin c’est qu’on nous autorise à ressentir cette douleur. « Ce qui ne s’exprime pas, s’imprime » dit-on en PNL. Nous avons besoin d’exprimer notre tristesse, nous avons besoin qu’elle soit perçue comme légitime, nous avons besoin d’empathie, nous avons besoin qu’on nous prenne dans les bras en nous disant « ma pauvre chérie, c’est terrible ce qui t’arrive ». C’est ainsi que nous pourrons faire notre deuil et aller de l’avant, mais qu’on ne s’y trompe pas : cette fausse couche, quoi qu’on en dise, reste un enfant que nous avons perdu à jamais !
Dernière minute : à dévouvrir également ici les débats et témoignages passionnants générés par ce post sur un forum de discussion Aceboard ainsi qu'un complément d'analyse très jute là sur un forum Materneo.