Fausse couche : Comment aider ?

Publié le par Juliette

Voilà un moment que j’envisage d’aborder ce sujet mais je craignais qu’un déluge lacrymal ne vienne en saborder l’écriture. Six mois ont passé et pourtant je ne suis toujours pas sûre de pouvoir parler de cette expérience sans être prise en traître par une boule dans la gorge, la voix qui s’enraille, les yeux qui se mettent à brûler…
Quand on a presque quarante ans, on connaît pourtant les statistiques, on sait qu’on a une chance sur trois de faire une fausse couche, on essaye de raison garder durant les trois premiers mois, de ne pas de réjouir trop vite et pourtant, quand le verdict tombe, on n’est jamais vraiment préparée. Car, il y a dans ce petit haricot de quelques millimètres tout le disque dur et le programme de notre enfant à
venir. Dès l’instant où l’annonce nous est faite et que l’on se sait enceinte, dans notre cœur et dans notre tête, l’enfant existe déjà. Qu’importe la réalité scientifique, brute et raisonnable, c’est ce sentiment profond qui prime. A la tristesse sans fin, à l’amertume lancinante qui accompagne le deuil d’une fausse couche, s’est ajouté pour moi la douleur de devoir participer au processus annoncé par une échographie prématurée. On attend et on continue à vivre en sachant qu’on porte en soi un embryon qui se meurt, un petit rien du tout avec un cœur qui bat, qui va cesser de battre, qui va lentement se détacher et terminer sa course en petit œuf ensanglanté au fond des toilettes. Et on tire la chasse sur cet enfant tant désiré mais qui n’existera jamais. Qui osera encore dire que « ce n’est pas grave » ? Alors, comment aider ? En ne relativisant surtout pas !
Le problème c’est qu’il y a un complet décalage entre la dimension tragique de l’expérience et la banalité du fait médical. Nous savons bien que la fausse couche est un processus positif et sans conséquence qui permet d’éliminer les embryons non viables, nous savons pertinemment que c’est un non-sens médical que de parler d’enfant à ce stade de développement de ce qui n’est même pas encore un fœtus, nous savons que « ça vaut mieux comme ça » et que « ce n’est que partie remise », mais cela ne nous aide aucunement de nous l’entendre dire. Nous restons inconsolables et aucun argument rationnel ne saurait y remédier. C’est pas « grave », c’est vrai, mais c’est la dernière chose que nous voulons entendre car ce que nous vivons, dans notre chaire
et dans notre âme, n’est rien de moins que la fin du monde ! A cet instant, c’est juste la chose la plus grave qui pouvait nous arriver. Ce dont nous avons besoin c’est qu’on nous autorise à ressentir cette douleur. « Ce qui ne s’exprime pas, s’imprime » dit-on en PNL. Nous avons besoin d’exprimer notre tristesse, nous avons besoin qu’elle soit perçue comme légitime, nous avons besoin d’empathie, nous avons besoin qu’on nous prenne dans les bras en nous disant « ma pauvre chérie, c’est terrible ce qui t’arrive ». C’est ainsi que nous pourrons faire notre deuil et aller de l’avant, mais qu’on ne s’y trompe pas : cette fausse couche, quoi qu’on en dise, reste un enfant que nous avons perdu à jamais !

Dernière minute : à dévouvrir également ici les débats et témoignages passionnants générés par ce post sur un forum de discussion Aceboard ainsi qu'un complément d'analyse très jute sur un forum Materneo.

Publié dans La Vie comme elle va

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J
Merci beaucoup Martine, j'espère que ce lien sera utile à d'autres, de mon côté, même si je considère que cet enfant est perdu à jamais, le fait d'avoir eu depuis un fils magnifique a quand même beaucoup aidé à surmonter l'épreuve.
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M
Bjr,Je suis psychotherapeute et maman aussi de 3 enfants et ai ecrit recemment un article pour savoir comment s'en sortir.Si vous etes interessee contacter moi a martine@taktic.eu ou mjouffroy@hotmail.com
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J
Ce que je vais te dire Yael est d'une afflligeante banalité et ne va sans doute pas t'aider mais sache que... après la pluie, le beau temps ! Depuis ma fausse couche, j'ai entendu des histoires terrifiantes de femmes contraintes d'accoucher leur bébé mort, de bébés étouffés par leur cordon à la veille de l'accouchement, sans parler de morts subites de nourrissons... mais, dans TOUS LES CAS, il y a eu des suites heureuses, ces femmes ont eu d'autres enfants, d'autres bonheurs... J'ai moi-même un petit garçon de 20 jours qui m'a aidé à "digérer" ma fausse couche, c'est de l'histoire ancienne maintenant et en même temps, elle fait partie de mon patrimoine émotionnel, elle m'a permis d'écrire ce billet et d'aider d'autres femmes qui ont traversé cette épreuve. Je sais que pour l'instant ce que tu ressens n'est pas loin de la fin du monde, il te faut aller au bout de se sentiment pour pouvoir rebondir, autorises-toi cette tristesse, même face à ta fille, du moment que tu lui expliques et qu'elle comprenne que ça n'a rien à voir avec elle. C'est sûr que ce n'est pas au niveau médical - où une fausse couche est souvent considére comme un détail anodin, un banal accident de parcours - que tu peux espérer du soutien. Et ne cherche pas trop non plus une explication là où, souvent, il n'y en a pas... Je sais que moi-même je me suis raccrochée au fait que j'avais des kystes, à cette explication rationnelle qui justifiait le fait que "ce n'est pas ma faute". Je n'ai pas pu m'empêcher de culpabiliser pour ne pas avoir été capable de mener ma grossesse à terme, c'est idiot, mais la culpabilité et si profonément inscrite dans la chair des femmes que c'est souvent plus fort qu'elles. Bon courage dans cette épreuve, mon article étant un peu ancien, tu ne trouveras pas forcément beaucoup de soutien ici, mais essaye les forums, le thème y est souvent abordé, avec des témoignages en empathie avec le tien.
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Y
Je viens de perdre mon bébé a 19 semaines. Je rentre de l'hôpital et j'ai eu aucun soutien ni conseille du côté médical. Je cherche donc des témoignages sur le net pour, peut être me dire, oui, tu n'es pas seule ... Mais j'ai toujours beaucoup de mal al es lire mais je pense aussi que c'est ça qui me fera du bien avec le temps.  La seule chose que je sais c'est qu'il est mort dans mon ventre depuis environ 4 jours, et ça, je le sentais, et que c'est peut etre une trisomie. J'attende maintenant les résultat, mais quand ...Si vous avez des conseilles, avec le recul car moi, je suis en plein dedans et c'est tres dure car je ne veux pas trop montrer ma tristesse à ma fille de 2 ans et demi.Merci pour tous.Bises,Yael
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J
Gabrielle, je suis de tout coeur avec toi et tout ce que je peux te dire de plus c'est que... ça va aller mieux ! Avec un an de recul et un autre bébé dans le ventre, ma peine s'est apaisée mais la blessure reste là. C'est vraiment les battements de coeur qui donnent une réalité à cet enfant à venir et qui, après l'avoir perdu, continue à exister dans notre tête et notre coeur. Bon courage !
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