Secret de beauté : les mille vertus du sperme
Vendredi soir, les héroïnes de Nip/Tuck nous présentaient un « Masque Première Vie », une crème miraculeuse ayant pour composant essentiel… du sperme, « un produit sain, facile à trouver et pas cher, 100% naturel, riche en protéines et en cellules fraîches, sans aucun conservateur chimique cancérigène, contenant des hormones qui régulent l’humeur et agissent comme un antidépresseur ». Sceptique et, bien sûr, scandalisée, je me dis que décidemment cette série ne recule devant aucun outrage pour nous faire avaler les concepts les plus grotesques. Une contre-enquête s’imposait.
Dès que j’ai tapé « vertus du sperme », Google est devenu fou, déversant sur mon écran une avalanche d’articles et d’arguments débattus jusqu’à plus soif dans les forums. Et, pour une fois, Nip/Tuck a joué petit bras. Certes, le sperme donne de l’éclat à la peau en stimulant la production de collagène et rend donc l’épiderme plus résistant au vieillissement. Mais le sperme contient également des vitamines (C, B12), des enzymes, de l’arginine qui corrige les dysfonctions sexuelles, de la glutathione, puissant anti-stress, de la créatine qui renforce les muscles, de la L-carnitine prolongateur d’activité, des oligo-éléments et en particulier du zinc qui protège la peau, des prostaglandines qui facilitent l’accouchement, un facteur TGE Beta qui renforce les défense immunitaires de la femme et des agents qui la protègent des cancers de type hormonal. Et tout ça, sans contre-indications ni effets secondaires.
Mais quel est donc le mode d’administration idéal du sperme ? En pommade, par absorption vaginale ou par voie orale ? A votre avis, quelle option rencontre le plus de ferveur sur le net ? Et devinez quel est le sexe des apologistes ? Encore une brillante démonstration de l’astuce des hommes quand leur propre confort est en jeu (voir « pourquoi les hommes sont-ils plus intelligents que les femmes »). Et pour nous convaincre, ils ont trouvé l’argument suprême, celui auquel aucune femme ne peut résister, qui décuple sa motivation et relègue au second plan toute autre considération : le sperme fait maigrir ! Non pas en raison du faible apport en calories (6 au 100 g) et en glucides (0,1 g) de l’aliment, mais grâce à la présence d’une substance magique : l’alcaline, qui, associée aux autres composants du liquide séminal, deviendrait un agent anti-graisse qui ferait « fondre les calories au cœur du système digestif ». La posologie est imparable : avaler du sperme au moins deux fois par semaine fait maigrir deux fois plus vite. Et si le goût vous indispose, d’aucuns argueront que les médicaments ne sont pas supposés avoir une saveur délicate.
Un argument de masse vient cependant tailler en brèche la séduisante théorie pourtant éprouvée du Docteur Ingrid Fleischer (tiens, une femme !?). En effet, pour bénéficier des vertus amaigrissantes du sperme, il faudrait se nourrir exclusivement de cette denrée qui se limite à 0,5 ml par éjaculation. On mourrait donc de faim avant de constater les effets de la cure. En définitive, le sperme ferait même plutôt grossir, d’une quinzaine de kilos en neuf mois, mais ça c’est une autre histoire. Dont acte !
Chéri, tu viens te coucher ?